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66 zone franche - Le forum de Francopolis » Textes » A R C H I V E S » Les textes du 11.01.2005 au 31.03.2005 » Maintenant traversée « précédent Suivant »

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Leezie
Envoyé vendredi 28 janvier 2005 - 22h59:   

Je regarde les esprits repliés qui sont capables de souvent s'éteindre comme une lampe, font ainsi quasiment disparaître les frontières entre leur corps et le monde, peuvent déduire à force d'application lente des indices précieux sur l'un comme sur l'autre, par résonance
Moi, je n’ai pas encore trouvé l’interrupteur, ou l’électricien a oublié de l’installer et me voilà flanquée de frontières. Je les ressens de moins en moins mais elles demeurent encore.
L’intérieur, l’extérieur.

Se pose la question de savoir si ce que je suis est à l’intérieur ou à l’extérieur. Je penche pour l’extérieur, même si la mode de l’introspection tendrait à dire le contraire. Mais c’est curieux, je n’ai pas plus de moyens de connaître cet être-là, moi, que de connaître les autres. Ce sont exactement les mêmes moyens, le tâtonnement prudent, le comptage patient des comportements et des actes.
J’observe un être pendant très longtemps, j’écoute s’il ment, s’il est mis en mouvement par des situations ou des personnes, je ressens sa manière. De ce frottement constant et long je retire une somme. De la même façon, je m’observe patiemment faire ceci ou cela, ne pas mentir, me tromper avec une fréquence aiguë qui ne décroît pas avec l’âge, réussir mieux dans mon travail, pas mieux dans mes relations avec les êtres. Mais c’est seulement à posteriori que je peux dire que je suis ceci ou cela.

A l’intérieur, c’est une tout autre question. Comme j’ai encore trop de frontières, ce que je suis, à l’extérieur, n’a rien à voir avec ce que je suis, à l’intérieur, ni avec le monde.
Je me demande comment je me débrouille.
L’unique chose intéressante, c’est qu’à l’intérieur je n’ai ni besoin de distance ni besoin de durée. Je sais toujours qui je suis en temps réel et je ne suis effrayée par rien, ni par le souvenir de haines désarticulantes ni par la conscience que je peux passer une nuit entière à me transformer en volcan sans que mon immeuble en soit seulement informé par un soupir.
Cela ne me gêne pas.
Ce qui m’a gênée longtemps, c’est l’absence de point commun entre les deux, extérieur et intérieur, et j’ai vécu longtemps dans une sorte de moi éclaté, que l’espace de l’écriture lui-même n’aidait pas à résoudre.

Je suis maintenant traversée
Mais j’ai aussi totalement disparu
Je suis du parti des chacals
Celui des lamas et des foudres
Des écarts et des interstices
Et je ne suis que d’un côté : le tien




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jml
Envoyé samedi 29 janvier 2005 - 04h31:   

Les mots ne sont-ils pas un pont entre l'intérieur et l'extérieur ? Dès le premier mot, on est pris de vertige au-dessus de ce pont. Dans ce regard qui se regarde, cet oeil qui se scrute, ce sont aussi les yeux des autres.
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Leezie
Envoyé samedi 29 janvier 2005 - 21h41:   

oui, mais j'ai mis très longtemps à construire ce pont, pour ma part, je commence à peine : maintenant, de temps à autre, quelque chose veut être dit, se dire, et j'arrive à disons disparaître suffisamment pour faire que ce quelque chose soit dit
mais c'est un long travail, et je ne parle pas de travail des mots

il me semble par exemple que cette chose-là se fait naturellement chez toi, alors que chez moi c'est difficile, toujours...

si tu me permets, tu me parles aussi de pont des mots, mais les mots ne sont pas toujours compréhensibles : par exemple, en lisant ton message, je ne sais pas si tu as dit que les mots "en général" étaient un pont qui donnaient le vertige, ou que "dès le premier mot" voulait dire "dès le premier mot de mon texte"

tu vois, pas toujours facile...

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Leezie
Envoyé samedi 29 janvier 2005 - 21h43:   

je crois réellement qu'il faut travailler à disparaître

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