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PhiliPPE
| Envoyé samedi 29 janvier 2005 - 12h05: | |
16 heures ; quelques pas, tels les dents d'un rateau, le long du parc dominant la vallée ratissent les feuilles de l’automne : je m’assois sur un banc. J’ai dans mes mains un dictionnaire de rimes acheté en ville. Je me le suis procuré dans un moment de doutes au sujet de ma poésie ; ils alternent avec mes certitudes. C’est un automne ensoleillé de novembre. Une femme d’un certain âge est assise sur le banc public où je suis. Je bois une bière et fume une cigarette ; derrière, il y a un kiosque à musique près de la grande pelouse, avec ses manèges d’enfants et ses buvettes. Je pose mon dictionnaire sur le banc pour chercher quelque chose dans ma poche, quand j’observe la main de ma voisine se poser sur l’objet, pendant, qu’elle lit un magazine littéraire. Elle pense que je ne l'ai pas vu. Pour ne pas lui faire remarquer, j’entame une discussion sur le sujet de la littérature. La vue de ce lieu est magnifique, le fleuve coule en amont sur le versant de la colline. Quelques plans de vignes viennent d’être replantés à l’occasion du nouveau millénaire. Les variétés des couleurs de la saison produisent un sentiment singulier chez moi. Je peux passer des heures à contempler. - Je n’aime pas la littérature de nos jours, il y a trop de sexe, me dit-elle. - Personne ne vous oblige à la lire.. La dessus, elle enchaîne pour me raconter son histoire avec E O. - Figurez-vous, que O m’a téléphoné et m’a envoyé une lettre, il veut me publier et projette d’en faire un film ! - Et alors ? - Rien, le projet n’a pas abouti car le directeur de collection a changé entre-temps et tous les projets sont tombés à l’eau, je suis folle de rage ! Je dois avouer que je suis épaté de son empressement à vouloir me raconter, cette anecdote. Entre-temps, Elle enlève sa main du dictionnaire : je le feuillette. À côté de nous, une grande partie de la forêt a été décimée en 1999 et je me souviens être venu faire le garde d’enfant dans le jardin à manèges, aujourd’hui disparu. - Que pensez-vous des dicotinnaires de rimes ? - Je ne sais pas, je n’écris pas de poésies, mais j’aime les poètes. - Il y a années j’ai connu un poète, il vivait dans une chambre de 9 mètres carrés et vivait avec le R.M.I pour le côté matériel. Sinon il était la plupart du temps en voyage : il aimait particulièrement faire des voyages en montagne. Un jour il m’emmène durant cette journée, j’ai appris beaucoup plus qu’en trente ans de mon existence. Il me disait, regarde cette fleur, regarde cet insecte, regarde ce petit animal, il me racontait plein de chose à ces sujets, et moi, à cinquante ans j’aurais voulu vivre comme lui, mais je n’ai jamais eu ce courage. - Quand on aime, le courage ne manque pas. Je ne suis pas sûr que votre choix soit une question de courage. Nous causons du phénomène d’Harry Potter qui a laissé sur le carreau un nombre important d’auteurs écrivant pour les collections jeunesse jugés dès lors non rentables. Elle reprend son magazine ; nous faisons quelques pas en ville, mais soudainement je dois brusquement la quitter : j’ai oublié le dictionnaire de rime sur le banc… Philippe
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Leezie
| Envoyé samedi 29 janvier 2005 - 22h00: | |
Philippe, tu devrais écrire pour le cinéma je te jure que d'un bout à l'autre de ton texte, j'ai vu la scène se dérouler avec une très grande intensité tu écris drôlement bien, maintenant, je trouve... (excuse le "maintenant", mais je trouve vraiment que ta manière de raconter est devenue très aigue et précise, en même temps qu'elle gardait son côté souple et vallonné) |
   
PhiliPPe
| Envoyé samedi 29 janvier 2005 - 23h29: | |
Merci, Lezzie Je n'ai jamais cherché à savoir comment on écrit pour le cinéma. Mon écriture comme ma mémoire sont très visuel, ily alongtemps que je le sait on aime, ou on aime pas,ou plus ou moins, c'est selon. Par exemple, je ne sais pas décrire les odeurs etc ... or certains lecteurs s'attendent à ce genre de descriptions mais je ne sais pas les décrire. Je travaille plus effectivement mes textes maintenant. on m'aide à voir des choses que je ne peux pas voir tout seul. Je suis reconnaissant de cela. Dans l'avenir j'espère que j'arriverais à les voir seul pHILIPpe |
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