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jml
| Envoyé lundi 31 janvier 2005 - 16h13: | |
DERRIÈRE LES APPARENCES J’ai croisé des fleurs ce matin dans la tête d’un banc de neige. Elles s’habillaient déjà pour l’été. Je passais par hasard pour retrouver ma pelle. Il y a des arbres auxquels il n’est pas question de parler. Trop snobs. Ils ne portent pas de cicatrices mais des colliers de toc. Ils ont peur des massifs d’orties, des sourires d’écureuil, des samares en folie. Ils n’ont plus de branches mais des fils sur la tête. Pitié pour les oiseaux qui n’ont plus de nid, la sève qui a soif, les racines oubliées dans un coffre de terre. L’immobile se cache dans le mouvement. Les éclairs sont un os dans l’aboiement de l’orage. Même les apparences peuvent être vraies comme un écho dans l’océan, la grossesse d’un mot dans le ventre d’un livre. La pluie d’hier est celle de demain. L’eau n’arrête jamais. Elle ronfle sous la terre ou mange les nuages comme un casseau de fraises. Tous les yeux se rejoignent sur la ligne d’horizon et l’air qui s’ennuie fait battre les volets. Les routes se tricotent sous l’aiguille des pas. Le jardinier qui travaille la terre a du soleil aux mains et l’allumeur d’étoiles demande conseil aux vers luisants. J’ai croisé de jeunes libellules ce matin. Elles chaussaient leurs patins sous la glace d’un étang. La source n’écoute pas le vent mais le chant des cailloux. Quand je lève mon verre à l’humeur des oiseaux, la nappe se déride sous le ventre du pain. Le cœur du soleil dans sa cage thoracique fait battre l’infini. Il faudra bien un jour remplacer les feux de paille par l’étincelle qui dure. Chaque fougère est un monde, chaque ruisseau la mer pour le pas des insectes. Les feuilles ne quittent pas les branches sans emporter un arbre. L'ombre n'est pas l'ennemie du soleil. Ils sont plutôt copains. C'est comme un arc-en-ciel quand ils se prennent par la taille. Quand on dort, c'est le lit qui voyage comme un tapis volant. Avec ses rêves usés jusqu'à la trame, il doit refaire le plein sur la laine des nuages. Quand on ronfle, c'est un mouton qui bêle. Chacun de nous rêve pour l’autre. J’ai croisé des abeilles sous des flocons de neige. Elles butinaient le temps avant qu’il soit en fleurs. Il y a des souterrains qui mènent vers le ciel. La pluie est un sourire sur le visage du monde. Tous les jardins le savent. Il y a longtemps que les oiseaux font leur nid dans les murs, que l’échelle du lierre s’en sert comme appui. Il m’arrive de regarder le monde avec les yeux d’un loup, de caresser les choses avec la main du vent. Sous la neige qui fond la lumière prend le goût de l’humus. L’eau qui rêve de l’eau ne se tarit jamais. J’ai croisé des papillons transportant leur cocon, des escargots tirant leur coquillage en laisse, des hochets d’espérance agitant leurs grelots. Derrière les apparences, le bruit du monde arrive toujours d’ailleurs. Quand on peut crier plus fort que le vent, aussi bien sourire. Quand on peut mordre comme un chien, aussi bien tendre la main, tendre l’oreille au sommeil des fleurs. Le temps du coucou est plus artisanal que celui de l’horloge mais moins préhistorique que le chant du coq. Les soirs d’insomnie, j’entends des cris d’oiseaux dans le bois des armoires. Le robinet qui fuit est comme la marée qui baisse goutte à goutte. L’homme n’a pas inventé l’eau ni l’oronge ni l’érable. Il a pour seul mérite d’inventer la caresse. J’ai croisé des clowns ce matin à la sortie du lit. Les pieds dans les mots, jonglant avec les sons pour narguer l’équilibre, des taches d’encre partout, je suis tomber à pic, à cœur et à carreau. Je mets à me chercher plus de temps qu’à parler. Je trébuche sans cesse du cosmique au comique, de l’infini aux choses. . J’ai le cœur trop petit pour la grandeur du monde. Il se perd en battant dans son habit trop grand. Il me reste l’écran et son cirque de puces, la toile d’un chapiteau virtuel et réel où la fille du malheur accouche de l’espoir 31 janvier 2005
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fouroulou!
| Envoyé lundi 31 janvier 2005 - 17h06: | |
superbe promenade!! |
   
Cécile
| Envoyé lundi 31 janvier 2005 - 21h33: | |
Ouh là là ! Voila quelqu'un qui comme moi attend le printemps !!! Moi aussi j'ai vu des bourgeons l'autre jour... Pourtant il fait froid... Ce matin, j'ai vu une hirondelle... Je crois qu'elle s'est perdue. Et le magnolia a même oublié de perdre ses feuilles cet hiver... En tous les cas, merci pour toute cette nature contenue dans tes mots... J'ai eu l'impression d'être sur mon vélo ! |
   
Hélène
| Envoyé lundi 31 janvier 2005 - 23h52: | |
et je viens de recevoir une photo de fleurs de glace mais suis trop bête pour la mettre sniff. |
   
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| Envoyé mardi 01 février 2005 - 00h52: | |
Hélène tout est expliqué là |
   
hélène
| Envoyé mardi 01 février 2005 - 01h04: | |
ouh elle est trop grande !! non ?? |
   
LN
| Envoyé mardi 01 février 2005 - 01h17: | |
je l'ai supprimée il faudra que je la réduise. |
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