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Janie
| Envoyé dimanche 13 février 2005 - 23h18: | |
Voilà comme tu me l'as demandé, je te place mon texte ici. Merci de ton appréciation. Je pouvais sentir sa peau rude, grise, une peau de reptile, ses écailles de bois contre la mienne. J’étais là, appuyée contre un poteau, à regarder mes pieds. Je me sentais impuissante. Depuis combien de temps, combien de jours, combien de nuits ce sentiment m’habitait-il ? Une fourmi s’activait à mes pieds. Parfaitement indifférente à ma vie, elle allait et venait, à la recherche d’on ne sait quoi. J’étais seule, si seule. Sans que mes yeux ne quittent la fourmi, j’essayais de voir, autre chose, de voir, un sentier, une piste, de voir, de sentir, une trace peut-être. Ma vie m’échappait. Elle continuait sans moi. J’étais là-haut, sur une falaise, tout en haut d’un cap que je n’arrivais pas à quitter, que je n'arrivais pas à passer. Une vie de papier, à peine une tranche de vie. La fourmi suivait une trace. Qu’est ce que cherche les fourmis ? Je ne peux pas dire que je n’y aie pas pensé. Juste un geste, un instant,une tentation, mettre le pied sur la fourmi. Éteindre sa vie, comme on souffle une bougie. Sans regret. Entre cela et une toile d’araignée, verrait-elle la différence ? Si je bougeais le pied, le soulevait, serait-elle alertée en entendant tintinnabuler les petits roches de son univers ? A peine des poussières. J’étais là, toute puissante, appuyée contre ce poteau avec mon sentiment d'impuissance. Un peu confuse, presque nue avec cette robe d’été qui flottait autour de mon corps, agitée par le vent. Le poteau n’avait pas de bras pour me retenir. Pas de bras pour m’aimer. La fourmi tournait en rond. Quelqu’un l’attendait-elle quelque part ? Si je levais le pied, quelqu’un l’attendrait-elle en vain ? Quelques traces des orages d’hier. Une feuille morte vogue sur une flaque. La fourmi doit traverser. Personne n’attend les fourmis quelque part, pas même une autre fourmi. Je callai le poteau, plus profondément entre mes omoplates. Son écorce comme une caresse, sa rondeur comme la pièce d’un puzzle qui ne s’emboîte pas. Un sourire, adressé à mes pieds, un sourire triste. Je ne dois pas avoir bonne mine. Les fourmis se soucient- elles de leur image ? Elle tourne autour de la feuille morte, indifférente à ma vie, si indifférente. Moi, je tiens la sienne sous mon pied. Ignorante,fourmi inconsciente. Le danger comme un vague spectre, comme une ombre projetée par le soleil, comme une rafale née d’on ne sait où. Le soleil avive ma soif. Toute cette sécheresse, les fourmis boivent-elles ? Je n’arrive pas à traverser ce cap. Tout est immobile, rien de ne bouge. Ha oui, ha si, il y a une fourmi qui s’agite, là, tout en bas. Tendre la main vers la carafe. Laisser couler l’eau, noyer la fourmi ? Me noyer … Depuis combien de temps, combien de jours, combien de nuits ce sentiment m’habitait-il ? Impuissante. Bouche bée, soufflée, sonnée, tu me manques. Depuis ton départ, je ne sais plus lire les signes. Mais était-ce un départ ? Je ne t’ai pas vu partir. Je n’ai pas vu ton dos tourné. Tu étais là, devant moi. Puis tu n’y étais plus. Pas de porte claquée, pas d’éclat de voix, pas même le bruit sourd et lourd d’une portière d’automobile. Rien. Je n’ai rien vu. Était-ce mon œil ou mon cœur qui avait été aveugle ? Je ne sais plus lire les signes, juste regarder les fourmis. Je me suis penchée doucement et j’ai déposé une brindille sur la flaque d’eau qui rapetissait au soleil. Je sais la vie n’est pas comme ça, mais là, j’étais toute puissante. J’avais construit un pont pour cette fourmi. Je ne savais si elle allait savoir lire le signe. Les fourmis voit-elles quelques millimètres devant elles ? Voient-elles plus loin que le bout de leur nez, ou de cet espace creux quelque part sur leur tête qui leur permet de sentir la vie ? Elle s’approcha de l’eau, se servit de quelques grains de sable, comme d’un escalier, enjamba la brindille. J’étais émue, touchée. Elle était plus habile que moi. Moi qui ne sait plus lire les signes depuis que tu n’es plus là. Le poteau n’avait pas de bras pour m’aimer. La fourmi à mes pieds traversait des rapides. L’envie était toujours là. Juste lever le pied… Janie (février 2005) J'espère que cela t'aura fait plaisir gentille fourmi.
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lafourmi à janie
| Envoyé dimanche 13 février 2005 - 23h31: | |
Merci janie ce sera mon histoire fétiche je me sens très fourmi ce soir
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jml
| Envoyé dimanche 13 février 2005 - 23h51: | |
les fourmis lisent, les arbres parlent, les montagnes s'envoient en l'air, les cailloux dansent, il serait temps que les banquiers se mettent à la poésie et les soldats au macramé. |
   
la fourmi qui valse
| Envoyé dimanche 13 février 2005 - 23h59: | |
on dirait un tableau de Chagall !!! je ne pense qu'à lui aujourd'hui dans ses tableaux tout est toujours dans le ciel avec les montagnes ah ce monde de rêve ! |
   
fouroulou
| Envoyé lundi 14 février 2005 - 19h39: | |
Un beau texte ça me rappelle qlques histoires de fourmis dont la plus celèbre " l'histoire d'Alexandre Le Grand avec la fourmi" |
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