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jml
| Envoyé vendredi 18 février 2005 - 08h28: | |
Dans un attaché-case Nous sommes calibrés, Millimétrés, préfabriqués. Tout s’achète et se vend, Les rivières, les consciences, Les ordures et les gènes. On croit tenir le monde Au bout du bras On traîne un cimetière Dans un attaché-case. On croit parler aux dieux On pend la parole sans fil. Au lieu de prendre le sentier Nous choisissons la chaise, L’écran au lieu du ciel, La table au lieu du pain, Le plein d’essence Au lieu d’une pinte d’amour. Quand un enfant a soif Nous reprenons du vin Pour oublier sa voix. L’Espagne nous ouvre ses guitares Et nous fermons la porte. Les Haïtiens débarquent, Nous les voulons de neige. Nous armons nos fusils Au retour des oies blanches. Nous rejetons l’espoir Dans la poussière du cœur. Il n’y a plus de terre promise Mais des corps à louer. Les pleins d’essence Mettent la terre en panne. Nous vivons à portée de fusil, De désespoir, de bombes, De solutions finales. On ne protège pas le cœur Dans les abris fiscaux. Rasés, tatoués, percés, Même les révoltés Se laissent tondre. Au suivant disait Brel. Nous sommes fichés, numérotés, Prêts pour les mines Et les champs de mines. Tout le contraire du chant. On troque le sacré Pour les machines à sous, Les voitures à dix places Et les danses à dix piasses. Quelques pouces d’écran Nous séparent du vent Et du fumier de la vie. Nous parlons derrière des barreaux Par peur des contagions. Nous partageons le même pimp, La même langue sonnante, La langue des affaires, La langue du mensonge Et du papier-monnaie, Celle qui calcule, qui soupèse, Celle qui fait main basse Pour faire monter les prix, Celle qui sniffe l’espérance Avec la poudre aux yeux. Pourtant la neige tombe Sans souci des banquiers Ou des huards qui flottent. Toutes les lignes se croisent Dans la main du métro. Une goutte d’encre dans l’eau Dessine mon pays Et le chant des oiseaux Me donne sa parole. Les buses avec leur tête d’oiseau Pensent plus loin que nous. Il faut remplacer le stress Par la tristesse de Ferré, La prose par la poésie, Cette vieille échevelée, La frime à 400 pages Par des rimes toutes simples, Sortir du dictionnaire Et faire tomber la veste. J’écris du fond des bois Comme dans une cathédrale. Aux banquiers qui festoient Je préfère les rats Qui grignotent le temps. Les fleuves, les oiseaux, Les femmes traquées, Les hommes détraqués Ne veulent pas mourir. Il faut ouvrir les stores Qui cachent la lumière, Rallumer les idées, Les rires insaisissables, Les sables insondables, L’arôme du matin, S’éloigner de la mort En bateau de fortune, Réveiller les ruisseaux Et croire aux miracles. Je ne suis pas né en chien de fusil Du trafic des armes Ni d’une espèce sonnante. Je ne suis pas né non plus Des graines d’ordinateur Ni d’un orgasme médiatique. Je suis né d’une femme, Du cœur d’un violoncelle, D’une rue, d’une ville. Je suis né de l’argile, Du silex et du feu, De la neige et de l’herbe, Ce rien d’éternité Qui détraque les rails. 17 février 2005
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H. à JML
| Envoyé vendredi 18 février 2005 - 09h29: | |
tous nés comme toi nous devrions psalmodier ton poème ensemble jusqu'à faire craquer l'attaché-case bravo Jean Marc |
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