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Aglaé
| Envoyé dimanche 13 juillet 2003 - 18h29: | |
CANICULE Nous sommes en Juillet 1999 au Havre. Dernier jour des vacances normandes pour Julien 13 ans. Dès le matin on peut prévoir un de ces jours radieux, bien bleus en haut, bien verts en bas comme on les réussit parfaitement chez nous. Même la gare échappe à l'atmosphère sinistre qui est sienne d'habitude. On vient d'arroser les quais. Un petit air de fraîcheur inhabituelle nous accompagne jusqu'à notre place dans le wagon...nous sommes légèrement vêtus et Julien porte un unique bagage : un sac de voyage usé jusqu'à la corde rempli judicieusement de quelques slips de rechange , d'une cinquantaine de cassettes , ,sa game-boy, un casse tête chinois, et un baladeur Sony qu'il arrime solidement sur ses oreilles dès le départ du train. J'ai dégotté, pour moi, à la maison un petit polar de derrière les fagots ,tout se présente plutôt bien...En route... Paris st Lazare ,12 heures 15, on pourrait dire qu'il fait chaud. Mais on ne le dit pas , on se réserve pour plus tard, et on s'engouffre dans le métro par un escalier où un aveugle et son accordéon accueillent les passagers depuis des décennies. Sure de moi, je dis à julien : " quand tu auras pris une fois le métro avec moi, que tu en auras compris le fonctionnement, tu le prendras tout seul l'an prochain, sans difficultés . Hélas !! Entre la station Auber ,Opéra , et le R.E.R. qui doit nous conduire Gare de Lyon je m'égare lamentablement. Nous croisons à contre courant de braves gens qui sourient devant ces deux paysans débarqués à Paris pour découvrir la Tour Eiffel...et , juste au moment ou nous accédons au quai convenable...crac ...l'anse du sac de Juju se pète irrémédiablement....nous finissons le trajet en tirant par la poignée, le sac qui glisse sur le ventre comme un gros chien. Julien , le sac et moi nous réalisons un encombrement maximum, d'abord dans le métro, puis dans la Gare de Lyon avec l'avantage d'un périmètre plus vaste. Je n'ai pas eu le temps de vous dire que ,depuis la Gare St Lazare, dans les couloirs et sur les quais, des groupes de jeunes gens et de jeunes filles se forment. . Ils déposent leurs sacs à dos et se mettent à chanter selon une mélodie à mi-chemin ] entre le chant grégorien et la musique techno. Ils sont parfois debout et parfois assis. Il me faudra un bon moment pour me souvenir que les journées mondiales de la jeunesse se tiennent en ce moment même : et que cette belle jeunesse a rendez-vous au Parc des Princes ce soir avec Jean Paul 2 en vedette américaine. A la Gare de Lyon, les degrés celsius ont continué à s'accumuler. Cette fois on peut dire qu'il fait chaud. Julien a faim. Ceci ne présente aucune difficulté car Julien depuis qu'il est né (ou presque), quelque soit l'heure de la journée et la saison, mange exclusivement des pizzas; et elles sont excellentes à la Gare de Lyon. Ajoutez à cela un bon coca cola et mon Julien est restauré. Je ne sais pas pourquoi mais il me coupe l'appétit. Je commande un thé parce que je pense aux nomades sous la chaleur torride du désert. --" Allez mon petit père, en route, le train pour Lyon est annoncé (et on se tire le sac une fois de plus ) J'ai installé Julien à sa place. Je l'aime tellement que j'essaie de ne pas trop l'embrasser. Et juste avant de le quitter, j'ai dit : Ecoute-moi Julien, tu dis à tes parents de foutre ce sac à la poubelle, sinon je ne t'invite pas pour les vacances de Noël ". Avant de quitter la gare je téléphone aux parents du gamin pour dire que la marchandise est dans le train, en bon état et leur sera livrée à Lyon-Perrache vers 17 heures. Et je repars. Metro...Groupes de choristes ici et là. Maintenant la chaleur écrase toute velléité de respirer. Je ressors à la hauteur des grands magasins du boulevard Hausmann et je me réjouis d'apercevoir des camelots installés sur les trottoirs, comme autrefois. Je m'approche et constate qu'ils ont bien changé :dans ma jeunesse, ils puaient le pinard à trois mètres , et aujourd'hui ils disent leur boniment en trois langues. Bonjour à la sculpture d'Arman avant de rejoindre mon train direction Le Havre, armée d’une bouteille de Badoit bien fraîche et d’une revue de la presse féminine pas trop fatigante. J'ai vu sur la couverture: Les difficultés dans le couple Liposuccion :avant, après Cheveux : lisses ou bouclés Et mon train démarre. Tout est parfait jusqu'à Rouen, et même jusqu'à Yvetot. A 18 heures ,le train s'arrête. vingt minutes après le haut parleur nous annonce qu'un feu de broussailles (que personne ne verra jamais) nous condamne à l'immobilité. J'apprends tout sur la liposuccion. A 19 heures trente le train repart.. Mon mari m'a attendu presque 2 heures en gare du Havre. Le camarade SNCF a annoncé à ceux qui attendaient que le train avait eu un " accident " et non un incident, plongeant chacun dans l'angoisse. Le père de Julien a téléphoné dans la soirée, il avait récupéré son fils. Il a dit : "vous avez de la chance d'être en Normandie, parce qu'à Lyon il fait une chaleur épouvantable. ". Je suis restée sans voix. Aglaé
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