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kacem_loubay
| Envoyé samedi 26 février 2005 - 19h10: | |
EROSION... A : KAMAL MONTASSIR Ami , la cité est toujours endormie Elle s’oublie comme s’oublient ses rêves Elle joue avec le reste de ses membres Comme joue l’enfance avec les luges On a essayé d’étouffer le cordon ombilical Par strangulation et couteaux rouillés Tu es témoin de la mort du reste de vestige La muraille en ruine , même les créneaux sont détruits … Tous crient à l’anéantissement de ces valeurs humaines La casbah qui frôle et veille le fleuve millénaire Meurt à petit feu , le regard vague , détaché Tous crient au crime , à la malédiction de l’histoire Tous s’accusent , condamnent , se révoltent contre l’ombre Ton encre bouillonne de rage séculaire Quand tu es là , tu prends note , la plume coincée Entre la page vierge et ta main en suspension Et tes pensées qui vivent de voltige Tu es constamment à la recherche De la moindre faille d’une nature O combien sauvage … ! Ta force réside dans ton bistouri mouvant Des milles opérations d’esthétisme dépassées La cité est toujours contaminée par la rougeole La cité est toujours cette cité caduque , transfigurée Si ‘ les arbres meurent debout ‘ nos arbres sont assoiffés Nos eucalyptus géants sont déracinés , vendus On a liquidé nos espaces verts , nos simples murs Plus de verdure , plus de fraîcheur , le fleuve se lamente Depuis des siècles il ne fait que pleurer de chagrin Sa présence s’épuise dans le délire , la démence … Crie mon ami , écris avec le stylet sur la falaise de nos regards Nos yeux s’étouffent , s’écrasent sur le béton armé Nous vivons la canicule en plein printemps On a déraciné le rêve , la brise à son chevet L’accent de ta plume se déploie , se fait aiguë Comme ces vieux pâtres qui jouent d’un fifre Et ne font que se rappeler les anciennes nostalgies Et comme toi de ma tombe ambulante je vis d’errance Je vis à longueur de jour et de nuit un double exil Nos plumes ricochent la turbulence de l’érosion … Que dis – tu on arrête nos folles démarches On étrangle , on casse la pointe acérée de nos plumes On solidifie la fluidité de notre encre de nos veines On dévie le champ aléatoire de nos investigations On tarit le fleuve et on l’incarcère quelque part On détruit nos collines pelées nos montagnes arides On rase à la base la ville par la folie de nos bulldozer Détrompe – toi , nous sommes loin de ces fatalités Car nous portons en nous un vague tatouage indélébile Dans nos yeux , nos mains , nous vivons notre blessure … Ami , écris , fais valser ta plume solitaire L’encre n’est point réduite à l’état d’esclavage Elle est souterraine , souveraine , puissante , libre Elle se propage comme se propage le feu dans la plaine Dis , on n’est pas seuls à naviguer sans boussole De l’opacité de nos nuits jaillit la lumière de la pensée La cité de temps en temps remue ses membres léthargiques Notre vision est réaliste , plurielle , future , contagieuse De l’écrin où le verbe tient refuge , le mot se délie , s’écrie La ville qu’on condamne sans jugement n’est point amnésique On la secoue souvent comme on secoue un simple endormi Et de la mémoire qui vit dans un coin isolé renaît un autre … VERBE © Kacem Loubay Mardi 5 Juin 2001 Khénifra / Maroc Loubay_k@yahoo.fr le poète de l'autre rive
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ali
| Envoyé dimanche 27 février 2005 - 15h27: | |
"Et de la mémoire qui vit dans un coin isolé renaît un autre … VERBE " un verbe de l'éspoir ! devant toutes ces injustices le poète n'a que son cri à modeler et re-modeler en mille façons!.. le makhzen connait bien ses ennemis.. merci Kacem pour tes belles zayanes perles ..
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Hélène
| Envoyé dimanche 27 février 2005 - 15h30: | |
oui Kacem nous offre quelques textes très réussis je les lirai un peu à la fois je n'arrive plus à suivre je crois que vous êtes quelques uns marocains ou de même origine qui avez beaucoup de talent surtout pour nous qui découvrons votre style .
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mohand
| Envoyé mardi 01 mars 2005 - 18h48: | |
Un trés beau texte où le temps et l'espace s'articulent à merveille pour nous offrire un tableau...de la renaissance. |
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