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PascalDuf
| Envoyé jeudi 17 mars 2005 - 10h29: | |
Fleuves… Il trempait dans le Gange ses mains de musicien. Fleurs d’avril brisées que le courant flétri. C’était un autre temps… Les anciens du village accroupis sur les rives, Les yeux vers le couchant, fumaient en devisant D’étranges cigarettes dont les volutes épaisses Parfumaient les pensées des hommes d’Occident. Les bûchers rougeoyaient… Et leurs fumées douçâtres Rappelaient aux passant l’éclair de la vie. C’était un autre monde… Il trempait dans le Nil ses mains de chiffonniers Plaies de feu dévorant que le courant apaise. C’était un autre temps… Les enfants du vieux Caire étendus sur le sable Les jambes brisées dans l’ombre chantaient en s’endormant D’éternelles comptines dont les airs lancinants Egayaient les oreilles des femmes d’occident. La misère suintait… Et ses blessures saignantes Rappelaient aux touristes l’impitoyable règle. C’était un autre monde… Elle trempait au Niger ses mains d’enfant martyr Boucliers dérisoires que la lèpre ravine C’était un autre temps… Les femmes du Bénin attroupées sur les places Le regard résigné écoutaient en pleurant La chanson du griot dont la mémoire immense Etonnait l’assurance des chercheurs d’occident. La maladie mordait… Et les moignons béants Rappelaient aux curieux la souffrance d’un peuple. C’était un autre monde… Elle trempait dans la Seine ses mains de Colombine Bras troués de mille point que la fièvre dévore. C’était un autre temps… Les passants du Pont-neuf affairés par la ville Les paupières soudées fuyaient sur l’autre rive La plainte du mal-être dont le murmure discret Ebranlait l’amnésie des parents d’Occident Le poison s’infiltrait… E les veines durcies et la peur du manque Rappelaient aux aveugles l’horrible indifférence C’était un autre monde…
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tonton Jean
| Envoyé jeudi 17 mars 2005 - 15h32: | |
vous êtes vraiment allé dans tous ces pays ? Dans le quotidien des banlieux et favelas du monde ? Vous avez vraiment vu les bûchers des Indes mordre dans les veuves encore vivantes ? ces moignons d'enfants recousus à la pince de fourmis géantes ? ces trachomes, ces ulcères phegédéniques, ces empoisonnement par cyanure ? Aux 4 coins du monde vivant ? Vraiment ? ou bien ce ne sont que des mots écrits au crayons gras pour qu'ils aient un air véridique et d'un macabre succulent ...
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jml
| Envoyé jeudi 17 mars 2005 - 15h38: | |
quelle musique, quel rythme ! c'est tout bon. |
   
yh
| Envoyé jeudi 17 mars 2005 - 22h45: | |
Discussion aussi vieille que la littérature. Ne doit-on parler que de ce qu'on a vu? Peut-on ressentir sans avoir participé ? D'accord, on écrit trop de poèmes de toc et de faux semblants mais l'imagination peut aussi aller bien au delà du réel. Jerome Bosch a peint les enfers de son temps et c'était un bourgeois tranquille. Hugo n'a jamais été un misérable, ni Tolstoï un homme du peuple... |
   
PhiliPPe
| Envoyé jeudi 17 mars 2005 - 23h13: | |
Yv Tolstoi bien qu'il soit issu d'une famille "noble", était plus un homme du peuple que de la noblesse Russe. Il a vécu, une bonne partie de sa vie, hors du monde. Il a même crée une école pour tenter d'éduquer les enfants de toutes les conditions. Enfin il me semble... |
   
aar
| Envoyé vendredi 18 mars 2005 - 12h23: | |
Jml, tu vois la musique et le rythme personnellement je préfère le message d'un poème (et la réussite du message) dans ce poème j'ai du mal à trouver un message. Yves, c'est vrai: vécu ou pas vécu. Mais il y a tellement de chose dans le proche vécu. !!!! Le puceron dans le jardin, le cosmos à la fenêtre, le pain sur la table (dirait JML) la tarte aux pommes dans le four, l'abeille sur le crâne (dirait Yves)... il y a tellement de choses à une portée de main, tellement de choses qui attendent d'être amoureuses d'un poète .... Philippe, salut à toi...
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PhiliPPe
| Envoyé vendredi 18 mars 2005 - 12h51: | |
AAr. Je dirais que l'imagination à cent pour cent n'hésite pas, il y a toujours quelque chose de plus ou moins vécu ou ressenti chez l'auteur. C'est pour moi, cette partie "plus ou moins vécu ou ressenti" pour laquelle je suis sensible, quand je lis. J'ai beaucoup plus été sensible à la littérature de Charles Bukowski qu'à la littérature de Paul Auster et je ne pense que cela à avoir avec le talent littéraire. Enfin c'est ma lecture. Borgès qui est en quelque sorte pour moi une autorité disait qu'il aussi peu de bons lecteurs que de bons auteurs. A méditer ! |
   
lafourmi
| Envoyé vendredi 18 mars 2005 - 14h05: | |
si tu lis à haute voix ou même à voix basse tu entends les alexandrins et j'ai l'impression que ce sont les pas d'un promeneur. mais les images aussi sont très précises peinture et musique dans un poème les arts se complètent bien sur c'est le regard d'un voyageur qui ne reste pas immobile il est difficile de voir un panorama et en même temps une fourmi qui s'approche d'une miette de pain . chaque chose, chaque plaisir à son instant je crois aussi que pour nous montrer les petites choses du bonheur mieux vaut les vers courts, les textes de quelques lignes. sourire : les haïku peut être ? et n'est ce pas message que de décrire, peindre ? inviter l'autre à regarder
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jml
| Envoyé vendredi 18 mars 2005 - 15h44: | |
je n'aime pas beaucoup le mot message. je parlerais plutôt d'une certaine irgence de tendresse. j'ai eu un peu la même réaction que toi la première fois que j'ai lu pascal. c'est en relisant ces poèmes un à un que j'ai découvert un monde qui lui est propre. un univers de sens qui se répondent. le "message" est dans l'ensemble des correspondances qu'on y trouve. |
   
jml
| Envoyé vendredi 18 mars 2005 - 15h45: | |
ce message s'adressait à aar le bienheureux évidemment. |
   
aar
| Envoyé vendredi 18 mars 2005 - 15h59: | |
message ... c'est disons, contenu/contenant que je voulais dire. |
   
lilas
| Envoyé samedi 19 mars 2005 - 23h32: | |
Contrairement à Aar, le message m'a semblé tendre et clair : n'est-il pas dans ce le rapprochement d'univers différents qui sécrètent- chacun- leurs détresses et leurs terribles indifférences ? |