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jml
| Envoyé samedi 09 avril 2005 - 16h16: | |
UN FROISSEMENT D’INSECTE La bouche dans le mordant du jour, dans le croquant du temps, je prie comme la mer et sa messe d’écume dans l’église du sable. Un froissement d’insecte réinvente la vie. Les pierres changées en pain ne laissent pas de miettes. Les oiseaux se nourrissent à même l’espérance. Nous sommes quelques miettes d’infini sidéral, êtres gélatineux ou lentilles cosmiques tout chargés de lumière. Les cris d’oiseaux ponctuent le travail des plantes. Il y a si peu de choses que l’on peut mettre en mots, si peu de mots pour tant de vagues. On ne peut pas décrire la sève sans le fruit, la feuille sans l’humus, le soleil sans l’ombre. Voici l’orage. Des croupes d’eau s’entrechoquent. L’eau coule sans retenue à la vitesse des méduses. Chaque goutte d’eau garde en mémoire une planète. Malgré nos avions, nos paquebots, nos gratte-ciel, nous sommes le menu fretin d’une mer en gésine. L’horizon disparaît dans une masse d’eau lisse. Nous marchons toujours à la jonction de fleuves légendaires. Nul mot ne dira jamais le cristal, l’espérance du fruit, la colère du volcan. Les mots disent le temps de l’homme et affrontent la mort. Ils font des brèches dans le temps par où nous regardons. Ce qui nous sépare de nous-mêmes, des autres, des bêtes et même des cailloux, seuls les mots forment un pont pour en franchir l’abîme. J’irai plus loin par-delà les mirages et le bruit, le nœud vide des vacarmes et des voies sans issue, chercher, chercher encore un sillage de vrai, une seule trace d’amour, d’amitié ou d’espoir. Je fracasserai la porte de la maison hantée. Le grand cri des matières, les glaires ensanglantés peuvent enfanter la vie. Malgré l’horreur présente, il faut retisser mot à mot la tendresse, la trame des douceurs, butiner sous l’ordure le pollen des lumières. Il faut chercher encore une sorte d’harmonie et remplacer l’Harmaggedon par un collier d’enfant, la bombe par un tire-pois, les drapeaux par la boue, tous les dieux par une mouche. Certains morts nous traversent comme un trait de lumière. Il faut les écouter quand ils parlent aux oiseaux. Je traîne toujours un caillou dans mes poches en souvenir du silex, une fleur dans mes mots pour recueillir le ciel.
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Garhance
| Envoyé samedi 09 avril 2005 - 17h00: | |
si peu de mots, oui, mais l'amour et l'espoir pour les dire et pour vaincre la haine ** |
lilas
| Envoyé samedi 09 avril 2005 - 17h03: | |
SUPERBE ! quelle matière à rêver et à penser ... Merci |
Marion LUBREAC
| Envoyé jeudi 08 septembre 2005 - 19h50: | |
CE TRAVAIL POETIQUE EST SANS EGAL JE SUIS ENCHANTEE, Magie et envoutement garantis oh! MERCI! C'est vraiment TRES TRES BEAU poeticsmacks Marion LUBREAC |
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