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66 zone franche - Le forum de Francopolis » Textes » A R C H I V E S » Les textes du 01.04.2005 au 31.08.2005 » Quelques mots « précédent Suivant »

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jml
Envoyé mercredi 04 mai 2005 - 07h45:   

Je voudrais semer dans les champs lexicaux tous les visages de l’amour. J’écris pour quelques-uns, quelques hommes, quelques femmes, quelques enfants perdus. J’écris pour une femme surtout que soulignent mes phrases. La musique, ce sont les larmes des oreilles. Je voyage avec elle d’une aile de guêpe à l’autre. Quelque chose s’écrit sur tous les murs du monde. J’écris d’ailleurs. J’écris du cœur. J’écris du sang et de la chlorophylle. J’écris de l’herbe et du silence. Je regarde le monde avec des mots dans les yeux, avec des yeux dans les mains, avec des pas dans les caresses. Je traverse le ciel dans le chant d’un oiseau.

Mon crayon laisse des grains de sable, des poils de chat sur la page trop blanche. J’ai les poches pleines d’images. Je suis chez moi dans chaque coup de crayon, chaque graffito, chaque rature. Chaque homme a dans son nom le prénom d’une femme. Les épaules du fleuve font l’accolade aux rives sans déserter les vagues. Les hommes voient la mer comme une femme. Les femmes regardent l’océan comme un homme. Nous baignons tous dans le sexe de l’eau. Je tiens par un fil dans le tricot du monde, celui qui se démaille. Je tiens par un mot dans le discours du temps, celui qui n’a pas d’heure.

À la frontière du réel, je passe en contrebande un baluchon d’images, un sourire d’enfant, une caresse de louve. Nous sommes un peu boiteux avec nos mots, nos concepts, nos idées. Les bêtes s’écrivent entre eux sans le secours des lettres. Elles savent nous aimer, nous peinons à parler. Il m’arrive de plus en plus souvent d’arrêter de penser. Je mords dans une pomme en remerciant les arbres. Je n’ai pas oublié ma légèreté d’enfant.

Je n’ai jamais quitté les bacs à sable. Je touille dans un bac à mots une pâte à poèmes. Je suis un funambule cherchant le fil des mots, malhabile mais têtu. J’accompagne en silence un cristal qui danse. Je mets la nappe sur le sable, tout un couvert de coquillages, une musique d’eau, un pain salé comme la vie. Je veux des mots comme des mains d’une rivière à l’autre, la langue d’une mer dans l’oreille d’une île. Je veux du vert dans mes yeux pour colorer la neige, des fraises dans ma voix pour embrasser l’été.

Je n’ai jamais quitté la vie, même mort même saoul. J’envisage pour le monde une bonté possible. Un seul mot sur la mer peut devenir une île. J’embrasse l’horizon des racines à la cime, tout le soleil du monde dans une seule étincelle. J’ajoute des bourgeons aux arbres de papier, de la couleur aux ombres qui partent pour le bal.

4 mai 2005
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lilas
Envoyé mercredi 04 mai 2005 - 12h31:   

Encore un poème de vie, autrement dit d'amour et de poésie à partager.
Merci pour tous ces mots lancés comme des fleurs pour faire fête à la vie et faire croire un instant à cette "bonté possible" .

"Je mords dans une pomme en remerciant les arbres" Comment faire autrement ?
"la langue d’une mer dans l’oreille d’une île" : une image si juste,qui chatouille !
"Je regarde le monde avec des mots dans les yeux, avec des yeux dans les mains, avec des pas dans les caresses. Je traverse le ciel dans le chant d’un oiseau."

Encore encore, JML !
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lafourmi
Envoyé jeudi 05 mai 2005 - 14h46:   

La musique, ce sont les larmes des oreilles.
quelle belle idée Jean Marc!
ne cherches tu pas toujours cette même femme aimée dans ton bac à sable, elle en illumine tous les grains et toi tu les cueilles si bien.


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yv
Envoyé jeudi 05 mai 2005 - 23h47:   

Dans la littérature mondiale jusqu'à Khayam, jamais vu pleurer les oreilles. A première lecture je me suis dit ouf il a bu trop de sève, ce canadien. Et puis non. Une fois passé la première image choc de ces pleurs d'oreille elle passe...
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six papattes
Envoyé vendredi 06 mai 2005 - 10h37:   

c'est que ça peut être liquide la musique Cocci
parfois elle nous dégringole en larmes à l'intérieur ; parce que comme la poésie elle parle de l'intérieur . elle est bien obligée de passer par nos oreilles ...

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