[un goût d’éternité] Log Out | Thèmes | Recherche
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66 zone franche - Le forum de Francopolis » Textes » A R C H I V E S » Les textes du 01.04.2005 au 31.08.2005 » [un goût d’éternité] « précédent Suivant »

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flo
Envoyé jeudi 26 mai 2005 - 13h35:   

[un goût d’éternité]

oui dire que depuis lors

nous avions l’orgasme des pauvres
la jouissance des mutismes enclavés
nos bouches parfois
préludaient aux soupirs des trépassants
salivaient les cris d’enfants à naître

oui, nous, les dépenaillés, les aphoniques, les terreux, les légers
possédions l’or intemporel des paroles élucidées
et enfuies sous la peau

de ceux que nous étions avant,
il en restait encore et d’aussi loin,
on sentait l’odeur de leur colère
et chacun de nos refus
brusquait leurs pas

quoi ! l’infamie du silence
encore ces icônes effleurées
mais évaporées d’ambre maintenant…
le goût d’éternité obsédait leurs papilles

il arrivait qu’ils se saisissent de nous
tenailles et tisonniers
amadouements de bouches par fers et feux
ripaille de susurrements
pour délivrer enfin
ce mot sacré gravé sous la langue de tout homme

mais quoi qu’en disaient ces sorciers d’exactitudes,
ils n’avaient du sacrement qu’une extraction faible
falotes réminiscences des puits
des abysses en cascades
et de leurs propres échouements

rien de perle ni d’incarnat
rien d’apparat ni de soie
ni des notes si juste qu’à mourir ils vivaient
rien de plus sublime que la nervure blanchie
d’un caillou de rivière

alors,
ils semaient nos langues aux tourbes
mais l’on voyait grandir des fruits putréfiés dès la graine
ils s’enduisaient de nos souffles
millimètre par millimètre
puis gonflaient leurs hanches et renversaient leurs faces
mais une aumône de pluie remerciait invariablement
tout simulacre de sens

la pitié nous hantait plus sûrement que la peur
en guise de rituel
nos tambours éclataient en des rixes nocturnes
pour accueillir les nôtres revenus de ces battues

ensuite sur nous la suie de tant de rages stériles
et nos peaux hurlaient leur douleur d’avoir été ceux-là
d’avoir cru s’affranchir du mystère
comme de la faim ou de la soif

parmi les forêts aériennes bruissait quelques fantômes
apaisants l’heure
et nous sombrions dans la couleur éviscérée des sanglots réappris

puis le matin
toujours
nous comptait plus entier que la veille

(suite des "fantomes de l'infini peu" qui est lisible là : http://users.skynet.be/amedefond/souffle/rencontreflorence4.html)
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flo
Envoyé jeudi 26 mai 2005 - 13h38:   

erratum:

lire:

"enduite sur nous la suie de tant de rages stériles"

"parmi les forêts aériennes bruissaient quelques fantômes
apaisant l’heure "

sorry

flo
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jml
Envoyé jeudi 26 mai 2005 - 16h33:   

je suis subjugué.
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flo
Envoyé vendredi 27 mai 2005 - 23h26:   

merci...

flo

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