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flo
| Envoyé lundi 30 mai 2005 - 16h28: | |
[sombres alcools] on recueillait les heures usées à tour de rôle elles traversaient une à une le gué puis s’affalaient sur le ventre toutes imbibées de vieux remous de répliques sporadiques aux séismes des jours c’était là tâche d’argileux de sculpteurs patients et de potiers dévoués monter leurs tremblements en vases n’était pas la moindre gageure la nudité dépouillait des colères nous doutions de nos mains que la matière éther tantôt dédoublait tantôt escamotait et des brumes qu’échangeaient leurs yeux de décousues parfois lorsque venaient à nous ces succédanés d’anges quelques brusqueries d’ailes interpellaient nos dos sur l’abyssale solitude de nos membres leur longueur inhabituée leur ancrage boueux et le dessin opaque de nos pas sur l’eau leur ivresse avait la tristesse des jours pairs des matinées sans ombre soutenant des gestes sans fastes ni fracas la crudité des haleines déchues dégorgeant leurs sombres alcools au lointain un tocsin aphone étrillait nos gorges « combien de soifs crue combien de soifs entières pour revivre l’ébrouement du cheval, sa cavalcade empourprée ? » car l’anatomie des cloches ici étonnait : évidées de battant leur feulement terrible grippait toute espérance d’un soupçon de rouille les heures fanaient, d’autres glissaient des collines vers nous et toujours pas de secondes étincelant dans la batée toujours ce corps à corps entre peurs et louanges c’est vrai oui il fallut que les fantômes surgissent à la nuit fresque argentée sur les boues arabesques légères des oremus glaiseux c’est vrai oui un astre s’est levé une aube stellaire gravide épure de grâce c’est vrai oui qu’on renaît avant que avant que le néant avant que même notre douleur renonce c’est vrai oui il est un temps où les bateaux refluent vers l’amont dans nos corps de géants inlassablement aimés (toujours la suite de la suite des fantômes de l'infini peu)
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karl
| Envoyé lundi 30 mai 2005 - 17h50: | |
c'est une poésie tout à fait singulière et spéciale que tu nous laisses ici. une poésie forte aussi, dure et grave. merci karl |
Cécile
| Envoyé lundi 30 mai 2005 - 21h41: | |
C'est un style bien à toi Flo. ce qui m'interpelle c'est la lente plongée au coeur du poème, comme une description, tout en douceur, pour mettre dans l'ambiance et à partir du premier "c'est vrai oui", on sent que le ton monte... J'aimerai beaucoup t'entendre lire ce poème. |
flo
| Envoyé lundi 30 mai 2005 - 22h27: | |
merci pour vos regards, karl et cécile, ils m'aident à avancer. oui, il y a peu entre dureté et illuminations. oui, cécile, le "c'est vrai oui" amorce un retournement du texte entre la grave descente aux angoisses et la délivrane tant attendue : je dirais mal ce texte qui est trop en écho d'écorchures récentes en moi... un jour peut-être. l'écrire, c'est déjà beaucoup :-) à vous lire encore! |
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