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66 zone franche - Le forum de Francopolis » Textes » A R C H I V E S » Les textes du 01.04.2005 au 31.08.2005 » [sombres alcools] « précédent Suivant »

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flo
Envoyé lundi 30 mai 2005 - 16h28:   

[sombres alcools]


on recueillait les heures usées à tour de rôle
elles traversaient une à une
le gué
puis s’affalaient sur le ventre
toutes imbibées de vieux remous
de répliques sporadiques aux séismes des jours

c’était là tâche d’argileux
de sculpteurs patients et de potiers dévoués
monter leurs tremblements en vases
n’était pas la moindre gageure

la nudité dépouillait des colères
nous doutions de nos mains
que la matière éther tantôt dédoublait
tantôt escamotait
et des brumes qu’échangeaient leurs yeux
de décousues

parfois
lorsque venaient à nous ces succédanés d’anges
quelques brusqueries d’ailes
interpellaient nos dos
sur l’abyssale solitude de nos membres
leur longueur inhabituée
leur ancrage boueux et le dessin opaque
de nos pas sur l’eau

leur ivresse avait la tristesse des jours pairs
des matinées sans ombre soutenant des gestes
sans fastes ni fracas
la crudité des haleines déchues dégorgeant
leurs sombres alcools

au lointain
un tocsin aphone étrillait nos gorges
« combien de soifs crue combien de soifs entières
pour revivre l’ébrouement du cheval,
sa cavalcade empourprée ? »
car l’anatomie des cloches ici étonnait :
évidées de battant
leur feulement terrible
grippait toute espérance
d’un soupçon de rouille

les heures fanaient,
d’autres glissaient des collines vers nous
et toujours pas de secondes étincelant dans la batée
toujours ce corps à corps
entre peurs et louanges


c’est vrai oui
il fallut que
les fantômes surgissent à la nuit
fresque argentée sur les boues
arabesques légères des oremus glaiseux
c’est vrai oui
un astre s’est levé
une aube stellaire gravide épure de grâce
c’est vrai oui
qu’on renaît avant que
avant que le néant
avant que même notre douleur renonce

c’est vrai oui
il est un temps où les bateaux refluent vers l’amont
dans nos corps de géants
inlassablement aimés




(toujours la suite de la suite des fantômes de l'infini peu)
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karl
Envoyé lundi 30 mai 2005 - 17h50:   

c'est une poésie tout à fait singulière et spéciale que tu nous laisses ici.
une poésie forte aussi, dure et grave.
merci

karl
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Cécile
Envoyé lundi 30 mai 2005 - 21h41:   

C'est un style bien à toi Flo. ce qui m'interpelle c'est la lente plongée au coeur du poème, comme une description, tout en douceur, pour mettre dans l'ambiance et à partir du premier "c'est vrai oui", on sent que le ton monte... J'aimerai beaucoup t'entendre lire ce poème.
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flo
Envoyé lundi 30 mai 2005 - 22h27:   

merci pour vos regards, karl et cécile, ils m'aident à avancer. oui, il y a peu entre dureté et illuminations. oui, cécile, le "c'est vrai oui" amorce un retournement du texte entre la grave descente aux angoisses et la délivrane tant attendue : je dirais mal ce texte qui est trop en écho d'écorchures récentes en moi... un jour peut-être. l'écrire, c'est déjà beaucoup :-)

à vous lire encore!

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