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jml
| Envoyé lundi 11 août 2003 - 04h31: | |
DU FOND DE L'EAU QUI DORT Tachée du sang des hommes La forêt meurt de ses blessures Quand la mitraille éclate Au beau milieu des livres. La haine fait la roue Comme un paon de banlieue Qui lave son auto Avec l'eau des phantasmes. La terre meurt entre nos mains Dans les colonnes de chiffres, Le coût de la vie, Le goût de la mort Et la chair aux enchères. Le ciel saigne dans nos yeux Sous les serres des faucons, Les effets de serre Et les trous de balle Dans la peau des enfants. Dans cette vie faite de chiffres, D'insupportable et de portables, À des milles de distance On se fait des caresses De plastique et de verre Par peur du sida Et des piqûres d'abeille. Le petit bruit du coeur, Le son des corps, Le sang des choses, Deviennent virtuels Le soir au fond des sites. On a troqué le masque Pour un écran géant Pour ne gagner au change Que des barreaux de plus Sur la vitre des yeux. Le temps tourne à l'envers Sur la roue d'infortune. Le sang des salles d'attente A séché sur les chaises Mais celui des soldats Que prolongent un drapeau Et la parole de Dieu Reste frais sur la crosse. Ne laissons pas le monde Finir par un naufrage. Dans ma tête de turc, Ma tête de taupe, Ma tête de fou, Les mots tonnent et détonnent Pour défendre leur peau. Je viens au coeur de l'homme Libérer l'animal Et vider son berceau Des hochets du désastre. Je me tourne vers toi Pour mélanger mes larmes Au secret des caresses. Du fond de l'eau qui dort Un embâcle se lève.
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