Une flamme en veilleuse Log Out | Thèmes | Recherche
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66 zone franche - Le forum de Francopolis » Textes » A R C H I V E S » Les textes du 01.04.2005 au 31.08.2005 » Une flamme en veilleuse « précédent Suivant »

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jml
Envoyé lundi 04 juillet 2005 - 05h10:   

UNE FLAMME EN VEILLEUSE


On sait où vont les arbres quand ils meurent mais on ne voit pas les oiseaux morts, les feuilles mortes du ciel. On ne voit pas les anges derrière l'horizon. Nous sommes la terre dans un pot mâchonnant du soleil, une plume d'oiseau dans une tache d'encre, les larmes d'un mouton dans un paletot de laine, une poussière d'étoile dans un creux de planète, une flamme en veilleuse dans une lampe de neige. À défaut de miroir, je me regarde dans un arbre, un galet, une vache. Je me regarde dans la mer comme une vague dans l'eau. Je me regarde dans la terre comme un épi de blé rebelle au sillon. Je me regarde sous un train comme un rail s'enroule autour de l'horizon. Je marche à côté de mon corps comme on saute le mur. J'offre mes mains aux bras du vent et mes lèvres au silence.

On sait où vont les hommes quand ils partent à l'usine mais leurs rêves se perdent dans le bruit des machines. Sous les toits de la peau je dresse mon coeur pour la fête et je m'évade par les yeux. Les pierres bougent autour de moi comme des îles sans amarres. L'aube se glisse comme un fil dans les ourlets de l'horizon. Je partage mes mots entre les écureuils, mon pain entre les pierres, mon rire entre les larmes et j'écarte l'argent qu'on offre à mon silence. Je me perds parfois entre les phrases inachevées qui s'enroulent sur moi sans pelote de sens. Je suis resté l'enfant égaré dans ses pas entre le bleu et le moins bleu.

On ne voit plus de vitriers porter le ciel sur l'épaule, de boulangers aux bras de pain, de fleuristes en pétales, de jardiniers à tête de pioche, de rémouleurs au coin des rues. On ne voit plus de cigognes livrer des enfants roux ni les abeilles faire la cour aux fleurs du tapis. On a perdu la clef des champs et les cigales s'ennuient derrière les écrans. Les avaleurs de sabres n'avalent plus que des couleuvres, du sable et des contraventions. Les clowns sont trop gais pour émouvoir l'enfance et les crieurs de foire ont perdu la voix. Les marelles ont fondu dans une baignoire de pluie et les derniers chevaux labourent des tiercés. On n'entend plus les rires et les coups de gueule autour du zinc. Le temps est à l'ennui, au malheur et aux riens. Le temps est aux écrans, aux affiches et aux banques.

J'enfonce mon crayon dans les balles perdues, le ventre mou des banques, la baudruche des comptes, la fleur de papier qui trompe les abeilles, la misère, la haine et le papier monnaie. J'écris à chaque jour un poème d'amour comme une vague sur la mer. Un sablier de pluie me sert d'agenda, un tournesol de boussole. Je pends comme une chauve-souris sur le fil des mots. Je crisse comme une craie sur l'ardoise du réel. Je grimpe vers la vie sur l'échelle du rire. Je suis une caresse aux fraises, un baiser à la menthe, l'avoine qui renaît dans le fenil d'un jupon. Je marche à la vitesse des montagnes, à la lueur des lucioles. Mes bras sont la maison d'un loup. Je finirai dans une île, dans les bourgeons et les abeilles, ma chaloupe enfoncée à ras bord dans un amour indélébile.

24 juin 2005
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aar
Envoyé lundi 04 juillet 2005 - 10h11:   

salut JM, heureux de sentir à nouveau l'atmosphère de tes mots
et les oiseaux de glaise que tu pétris dans tes mains
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à JML de lilas
Envoyé lundi 04 juillet 2005 - 10h15:   

Quel régal de vie renouvelée ! JML le bienfaiteur ...
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àJML fourmi
Envoyé lundi 04 juillet 2005 - 10h51:   

"Nous sommes la terre dans un pot mâchonnant du soleil"
belle réflexion qui me fait imaginer qu'il faudrait s'échapper et rayonner souvent, boire la pluie en reflets de chants d'oiseaux.
c'est ce que tu fais JML .
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Kel
Envoyé lundi 04 juillet 2005 - 12h15:   

Très beau poème qui rend plus supportable la vie citadine devenue, comme tu l'écris, déshumanisée et artificielle, à la poésie dessèchée. Tes mots coule comme d'une source et se boivent ainsi, à contre courant des temps modernes.
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Glups
Envoyé lundi 04 juillet 2005 - 15h29:   

Quelques raisons t’emportent au gré de l’inconscience
Ta Plume d’oiseau pluie, comme une feuille d’eau
Tes courants de douceur ruisselant d’impatience
Où cent mille arbres morts bandent de tes folies
Dans tes mots sous écorce
Tes cocons de couleurs
Pétillant d’abondance
Sous tes blancs géniteurs
Tes pensées dans un vers d’anaphores dormantes
Dans ton sang d’encre bleue, sa saison d’infini.
Sous ton masque au présent d’impassibles climats
Où ton loup va bêlant moutonné d’écriture
Tes mutants chatoyants décoll’tés des décors
Quand l’hiver a bien bu d’inhumaines statues
Dans tes mots de géant où ton ombre à fondu.
Jusque-là… Dans nos coeurs
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à glups et JML - F.
Envoyé lundi 04 juillet 2005 - 15h37:   

c'est très beau
tout le texte

et j'aime particulièrement :
"Ta Plume d’oiseau pluie, comme une feuille d’eau " qui annonce une suite profonde
c'est vrai que JML devient une muse ( je ne connais pas le masculin de ce mot )

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kreator
Envoyé lundi 04 juillet 2005 - 16h56:   

du musc ?
;-)
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F.
Envoyé lundi 04 juillet 2005 - 17h20:   

ben voyons!
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vent d'ouest
Envoyé lundi 04 juillet 2005 - 21h36:   

Moi je connais des îles
Où le bleu du ciel
Est le bleu des yeux bleus
Où les amants de pierre
Aimantent les gens heureux
Où du haut du rocher
Tu peux laisser plonger
Ta misère
Ta colère
Et renaître à la mer

Des fleurs roses naissent les mots
De l’herbe rase poussent les phrases
Et des amours volés
Les pouvoirs retrouvés

Quand le vent souffle dans mon oreille
Les secrets
D’une éternité
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bise au sud est
Envoyé lundi 04 juillet 2005 - 22h34:   

île de solitude
où le vent serait bleu
serait seul à chanter
on oublierait le monde
on fermerait les yeux
seulement à demi
pour voir frémir les fleurs
on oublierait l'enfer
tu sais celui de Sartre
ou on retourne encore
et encore et même s'il vous brûle
dis toi , tu sais pourquoi ?

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vent d'ouest
Envoyé lundi 04 juillet 2005 - 23h37:   

Non j'ne sais pas pourquoi

Mais ton île est mon île
Et puis d'y être un peu
fait dèja des heureux

Demain des le matin
Je ceuillerais de mes mains
De ces gouttes de rosée
Pour tes lèvres humecter
Et mes rêves du soir
viendrais te raconter

Solitude à deux
Tout va déjà mieux
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que d'eau !
Envoyé vendredi 08 juillet 2005 - 14h13:   

Ah ! cette envie d’île
Ah ! ce besoin d’eau tout autour de soi
C’est une envie floue
De soleil voilé d’un plancton d’étoiles
Envie d’immersion
Une envie fœtale
Une envie d’apnée
D’un retour aux sources
En chien de fusil en suçant son pouce
Envie d’un ressac
Envie d’un redoux aux gerces du temps
Blotti dans un nid tout tapissé d’algues
Envie du silence au berceau des vagues
C’est une envie d’île
Envie d’un lagon qui s’endort le soir
Avec dans son cou les hoquets du vent
Et tout alentour la mer bleue qui veille.
.

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