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jml
| Envoyé lundi 04 juillet 2005 - 05h10: | |
UNE FLAMME EN VEILLEUSE On sait où vont les arbres quand ils meurent mais on ne voit pas les oiseaux morts, les feuilles mortes du ciel. On ne voit pas les anges derrière l'horizon. Nous sommes la terre dans un pot mâchonnant du soleil, une plume d'oiseau dans une tache d'encre, les larmes d'un mouton dans un paletot de laine, une poussière d'étoile dans un creux de planète, une flamme en veilleuse dans une lampe de neige. À défaut de miroir, je me regarde dans un arbre, un galet, une vache. Je me regarde dans la mer comme une vague dans l'eau. Je me regarde dans la terre comme un épi de blé rebelle au sillon. Je me regarde sous un train comme un rail s'enroule autour de l'horizon. Je marche à côté de mon corps comme on saute le mur. J'offre mes mains aux bras du vent et mes lèvres au silence. On sait où vont les hommes quand ils partent à l'usine mais leurs rêves se perdent dans le bruit des machines. Sous les toits de la peau je dresse mon coeur pour la fête et je m'évade par les yeux. Les pierres bougent autour de moi comme des îles sans amarres. L'aube se glisse comme un fil dans les ourlets de l'horizon. Je partage mes mots entre les écureuils, mon pain entre les pierres, mon rire entre les larmes et j'écarte l'argent qu'on offre à mon silence. Je me perds parfois entre les phrases inachevées qui s'enroulent sur moi sans pelote de sens. Je suis resté l'enfant égaré dans ses pas entre le bleu et le moins bleu. On ne voit plus de vitriers porter le ciel sur l'épaule, de boulangers aux bras de pain, de fleuristes en pétales, de jardiniers à tête de pioche, de rémouleurs au coin des rues. On ne voit plus de cigognes livrer des enfants roux ni les abeilles faire la cour aux fleurs du tapis. On a perdu la clef des champs et les cigales s'ennuient derrière les écrans. Les avaleurs de sabres n'avalent plus que des couleuvres, du sable et des contraventions. Les clowns sont trop gais pour émouvoir l'enfance et les crieurs de foire ont perdu la voix. Les marelles ont fondu dans une baignoire de pluie et les derniers chevaux labourent des tiercés. On n'entend plus les rires et les coups de gueule autour du zinc. Le temps est à l'ennui, au malheur et aux riens. Le temps est aux écrans, aux affiches et aux banques. J'enfonce mon crayon dans les balles perdues, le ventre mou des banques, la baudruche des comptes, la fleur de papier qui trompe les abeilles, la misère, la haine et le papier monnaie. J'écris à chaque jour un poème d'amour comme une vague sur la mer. Un sablier de pluie me sert d'agenda, un tournesol de boussole. Je pends comme une chauve-souris sur le fil des mots. Je crisse comme une craie sur l'ardoise du réel. Je grimpe vers la vie sur l'échelle du rire. Je suis une caresse aux fraises, un baiser à la menthe, l'avoine qui renaît dans le fenil d'un jupon. Je marche à la vitesse des montagnes, à la lueur des lucioles. Mes bras sont la maison d'un loup. Je finirai dans une île, dans les bourgeons et les abeilles, ma chaloupe enfoncée à ras bord dans un amour indélébile. 24 juin 2005
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aar
| Envoyé lundi 04 juillet 2005 - 10h11: | |
salut JM, heureux de sentir à nouveau l'atmosphère de tes mots et les oiseaux de glaise que tu pétris dans tes mains |
   
à JML de lilas
| Envoyé lundi 04 juillet 2005 - 10h15: | |
Quel régal de vie renouvelée ! JML le bienfaiteur ... |
   
àJML fourmi
| Envoyé lundi 04 juillet 2005 - 10h51: | |
"Nous sommes la terre dans un pot mâchonnant du soleil" belle réflexion qui me fait imaginer qu'il faudrait s'échapper et rayonner souvent, boire la pluie en reflets de chants d'oiseaux. c'est ce que tu fais JML . |
   
Kel
| Envoyé lundi 04 juillet 2005 - 12h15: | |
Très beau poème qui rend plus supportable la vie citadine devenue, comme tu l'écris, déshumanisée et artificielle, à la poésie dessèchée. Tes mots coule comme d'une source et se boivent ainsi, à contre courant des temps modernes. |
   
Glups
| Envoyé lundi 04 juillet 2005 - 15h29: | |
Quelques raisons t’emportent au gré de l’inconscience Ta Plume d’oiseau pluie, comme une feuille d’eau Tes courants de douceur ruisselant d’impatience Où cent mille arbres morts bandent de tes folies Dans tes mots sous écorce Tes cocons de couleurs Pétillant d’abondance Sous tes blancs géniteurs Tes pensées dans un vers d’anaphores dormantes Dans ton sang d’encre bleue, sa saison d’infini. Sous ton masque au présent d’impassibles climats Où ton loup va bêlant moutonné d’écriture Tes mutants chatoyants décoll’tés des décors Quand l’hiver a bien bu d’inhumaines statues Dans tes mots de géant où ton ombre à fondu. Jusque-là… Dans nos coeurs
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à glups et JML - F.
| Envoyé lundi 04 juillet 2005 - 15h37: | |
c'est très beau tout le texte et j'aime particulièrement : "Ta Plume d’oiseau pluie, comme une feuille d’eau " qui annonce une suite profonde c'est vrai que JML devient une muse ( je ne connais pas le masculin de ce mot )
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kreator
| Envoyé lundi 04 juillet 2005 - 16h56: | |
du musc ? ;-) |
   
F.
| Envoyé lundi 04 juillet 2005 - 17h20: | |
ben voyons! |
   
vent d'ouest
| Envoyé lundi 04 juillet 2005 - 21h36: | |
Moi je connais des îles Où le bleu du ciel Est le bleu des yeux bleus Où les amants de pierre Aimantent les gens heureux Où du haut du rocher Tu peux laisser plonger Ta misère Ta colère Et renaître à la mer Des fleurs roses naissent les mots De l’herbe rase poussent les phrases Et des amours volés Les pouvoirs retrouvés Quand le vent souffle dans mon oreille Les secrets D’une éternité
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bise au sud est
| Envoyé lundi 04 juillet 2005 - 22h34: | |
île de solitude où le vent serait bleu serait seul à chanter on oublierait le monde on fermerait les yeux seulement à demi pour voir frémir les fleurs on oublierait l'enfer tu sais celui de Sartre ou on retourne encore et encore et même s'il vous brûle dis toi , tu sais pourquoi ? |
   
vent d'ouest
| Envoyé lundi 04 juillet 2005 - 23h37: | |
Non j'ne sais pas pourquoi Mais ton île est mon île Et puis d'y être un peu fait dèja des heureux Demain des le matin Je ceuillerais de mes mains De ces gouttes de rosée Pour tes lèvres humecter Et mes rêves du soir viendrais te raconter Solitude à deux Tout va déjà mieux |
   
que d'eau !
| Envoyé vendredi 08 juillet 2005 - 14h13: | |
Ah ! cette envie d’île Ah ! ce besoin d’eau tout autour de soi C’est une envie floue De soleil voilé d’un plancton d’étoiles Envie d’immersion Une envie fœtale Une envie d’apnée D’un retour aux sources En chien de fusil en suçant son pouce Envie d’un ressac Envie d’un redoux aux gerces du temps Blotti dans un nid tout tapissé d’algues Envie du silence au berceau des vagues C’est une envie d’île Envie d’un lagon qui s’endort le soir Avec dans son cou les hoquets du vent Et tout alentour la mer bleue qui veille. . |