PORTRAIT D’ UN MIROIR LEPREUX* Log Out | Thèmes | Recherche
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66 zone franche - Le forum de Francopolis » Textes » A R C H I V E S » Les textes du 01.04.2005 au 31.08.2005 » PORTRAIT D’ UN MIROIR LEPREUX* « précédent Suivant »

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eden
Envoyé mardi 12 juillet 2005 - 01h42:   

« Peut-être que l’amélioration de soi n’est pas la réponse. Tu n’as pas de père. Peut-être que la réponse, c’est l’autodestruction. »
Il marche le long de la route frôlé par les camions attiré par le vide mais les barbelés l’empêchent de sauter, de le sauver. Il ne veut plus de la vie mais la mort ne veut pas de lui.




Ses parents ? Point trop n’en faut ...
Juste des géniteurs égoïstes qui, pour se décharger de leurs responsabilités, donnent du fric. Au lieu d’un confort matériel, il préférerait un peu plus d’affection . Il possède un chien , lui fait des câlins, lui parle sans avoir trop l’impression de monologuer . Il l’emmène en free le week-end…




La première fois qu’il éprouve véritablement la sensation de s’appartenir, c’est au milieu d’un champs de son, grand rassemblement de solitudes dont la voie de la détresse est couverte par des KW et des KW de décibels.
Pour la première fois de sa vie, il reçoit de plein fouet des basses qui gèrent son corps , les aigus vrillent direct son cerveau.

Il marche bientôt obnubilé par les drogues – fuite horizontale.

« C’est qui qu’est partant pour un trip champotes ? »
Non. Pas envie de se retrouver en dessous de la croûte terrestre , pointant le nez à travers cette terre soigneusement cultivée et finir en un nain de jardin géant.
Les infra basses le rappellent. Mais d’abord : « Exta, Speed, Cocaïne, trip! » La meuf devant lui est à block : « Plus ces infirmes définitifs vont nous foutre dans la merde, plus ça va nous motiver. » A lui, elle hurle : « Alors mon frère pour toi, Kéta 100% asiatique, autant dire le cœur du poulet. »

Il va se bloquer dans un coin, tape quatre bonnes autoroutes.



Kétamine, (n.f.), perte totale de toutes capacités motrices de base : vision embrouillée, aucun équilibre, langue paralysée – rupture de toute coordination du corps et cerveau. Ce qui ne manque pas d’intérêt, car le cerveau continue à fonctionner plus ou moins normalement… à dire vrai, on se voit se comporter de cette déplorable manière, mais on peut rien y faire.
Complète drogue du corps. L’esprit recule devant l’horreur, incapable de communiquer avec la colonne vertébrale. Les mains restent collées, incapables de sortir de quoi se taper une douille…Dissociation réussie !




Rires faux, chuintements de bouches, sourires aux lèvres, les voisins ont l’air bien joyeux ; et il suffit de leur sourire pour entendre « Ca te branche les amphés ? »
- Tout me branche. »
Ce sont eux qui sont venus, il n’était pas en état de se lever. La fille lui demande si il a une épine dans l’âme. Devant sa tête interdite, elle lui explique : « Si c’est le cas, ça finit souvent par une aiguille dans les veines pour étouffer la douleur d’une écharde dans l’âme. Même si tu possèdes tout. » Il lui regarde les creux de son bras : elle est gauchère : son bras droit est violacé de thromboses, le dernier fix pas encore cicatrisé.
Pas mal parlé avec ces gens qui lui ont d’abord lâché du speed, et après quelque chose que lui ne lâchera plus : le crack, l’amour du flash électrique de la coke brûlante.






« Le problème de la consommation de drogues en Europe, c’est ce phénomène généralisé de poly toxicomanie. »

Il n’y a toujours personne pour lui répondre dans le noir de sa vie, il pense à sa première pipe de crack, salive le manque. Etre à jeun après des années de ténèbres mentales : il lui faut de nouveau marcher, trouver avant de tourner la carte.
Rencontrer quelques irrécupérables. Et voici revenu le temps du biz’ donc du stress. Forcément.
Tellement envie de se détruire lui-même qu’il s’en fout de vendre la mort à d’autres. Quant à la justice : dans une société bloquée où tout le monde est coupable, le seul crime est de se laisser prendre.




Souvent il mate par la vitre sa solitude, fait passer la blanche pour un sucre et devient comme une bougie qu’on aurait oubliée d’éteindre dans une chambre vide.



* : LA PETITE FILLE QUI AIMAIT TROP LES ALLUMETTES , SOUCY : « Le grand miroir , je veux dire recouvert par plaques de gris de vert. Il ne renvoyait plus les couleurs, c’est le lot des miroir malades. Tout y rebondissait noir et blanc et cendré, avec une saveur sèche de révolu. On aurait dit […] qu’il réfléchissait non pas le présent du maintenant actuel de la salle, mais les visages de sa mémoire la plus reculée. »

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