Les trous de mémoire

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Auteur Message   jml Envoyé lundi 25 juillet 2005 - 02h18:    LES TROUS DE MÉMOIRE L'oiseau ne construit pas sa cage. Il n'y a que l'homme pour construire sa prison. J'entends siffler des balles dans les trous de mémoire. On collectionne les fins de semaine, les jours fériés, les pauses café qu'on prend pour la vraie vie. On collectionne les dindons de la farce, les rouges à lèvres, les mors aux dents, les tours de taille, les trous de balles, les tours d'écrou, les effets de serre, les coups de feu, les coups de foudre et les racines carrées. On ne saute plus à la corde dans les cours d'école. On saute sur des mines. On ne joue plus au ballon mais à la roulette russe. On ne pique plus un somme, on se pique à la seringue. Les contes sont devenus des comptes. La Belle au Bois Dormant s'endort à la morphine, Blanche Neige se réveille à la coke et l'héroïne se vend près des parcs à jouets. Poudre blanche pour rêver. Poudre noire pour tuer. Tout n'est que poudre aux yeux. L'amour a pris la poudre d'escampette. La clef des champs se perd dans un trousseau de clés. La clef de sol est rouillée. Les ascenseurs ne remontent plus le moral mais s'emballent un peu plus. Les fourmis courent plus vite dans les tours à bureaux. Les fourmis courent sans tête. La reine s'est plantée sur un ordinateur. La Bourse ne sait plus à quelle cote se louer. On maquille. On magouille. On se leurre. On cache les yeux d'Oedipe sous des lunettes fumées et les épaules de Sisyphe sous la peau de Narcisse. On s'étripe pour un drapeau, des histoires de peaux, des histoires de fric, des histoires de queues, des histoires de dieux. Le ciel nous tombe sur la tête. Même les morts craignent les hommes. Je n'ose plus m'éveiller, sachant que tout est vain, comme ces fous qui rient pour ne pas pleurer et bercent une poupée. 23 juillet 2005   pour JML Envoyé lundi 25 juillet 2005 - 10h44:    Je signe : lilas   Cécile Envoyé lundi 25 juillet 2005 - 21h28:    Ca fait un peu peur tout cela ! Comme cette belle aux bois dormantr qui s'endort à la morphine, comme une façon d'enfouir l'enfance bien loin, d'être face aux réalités de la vie, les choses pas facile.... Ah le jour où le ciel nous tombera sur la tête...