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66 zone franche - Le forum de Francopolis » Textes » A R C H I V E S » Les textes du 01.04.2005 au 31.08.2005 » Sur le ciel « précédent Suivant »

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jml
Envoyé mercredi 10 août 2005 - 23h05:   

SUR LE CIEL


Je passe partout pour te dire je t'aime, par les pattes de chat, les yeux des nénuphars, les phares sur la route, les petits bras de l'herbe, les pétales des fleurs, les branches qui s'enlacent, les hampes du romarin, les hanches du soleil, les arcs-en-ciel brodés de larmes, même les pneus de secours. Lorsque j'étends la nuit sur la corde à linge, elle se rend jusqu'à toi. Tu peux voir mes rêves accrochés aux étoiles. Pour te rejoindre mon amour, s'il le faut, je marcherai sur le ciel. Je mettrai des échasses aux nuages.

Je navigue en papier sur le globe terrestre. Il y a un arbre dans ma barque que j'ai planté pour toi, une cabane pour la nuit à l'abri des rôdeurs, des voyelles organiques. Je te jette mon corps comme on jette un manteau sur des épaules nues, comme on les couvre d'un été. J'enveloppe tes baisers dans ma voix de carton. Dans les vents de ma tête, tu es un bruit de source, une étincelle dans la nuit qui prend toute la place.

Sur le grand échiquier, tu remplis tous les blancs. Tu ouvres la fenêtre dans les cases noircies. Du pâturage à l'abreuvoir, du pinceau à la toile, de l'encre à la parole, j'écris pour te rejoindre à l'autre bout de la page. Mes mots sont un pain qu'il nous faut rompre à deux. Mes mots sont une étreinte invisible mais réelle.

Tu portes un long fourreau de ciel ce matin (du moins, je l'imagine), un foulard de soleil tombant jusqu'aux genoux, des souliers d'eau de mer. Tu arroses la route en marchant. Les pierres assoiffées font sourire tes pas quand tu leur donnes à boire. Tes yeux brillent dans le regard des fleurs. À des milliers de milles, dans le silence de la nuit, je sais qu'ils me regardent et le désir monte en moi. Quand tu caresses un meuble, toute la forêt frissonne. Quand tu ouvres les yeux, c'est le soleil qui voit.

Je tiens ton sourire entre mes mains. Il m'ouvre toutes les portes comme une clef des champs. Avec toi, je traverse un lac immense. Je soigne l'horizon. J'herborise l'espoir et j'agrandis l'espace. C'est en toi que je jette mes mains comme dans la terre d'un jardin. C'est en toi que je jette mes mots comme un oiseau nourrit le vol d'un regard.

Élaguant les scories et les oedèmes du passé, je t'aime du plus pur de moi. Je renais à chaque vol d'oiseau, à chaque flocon de neige, à chaque pluie d'été, à chaque doigt d'enfant. Où que tu sois, mon encre te rejoint dans une étreinte blanche. Je t'aime du plus fragile et du plus fort de moi. Tu es trop grande pour entrer dans un livre. Une seule de tes pages recopie l'infini.

Quand je te parle au téléphone, c'est le retour de l'enfance. Je suis comme un jardin appréhendant sa fleur. Je sens comme une main cachée qui nous touche l'épaule, une ombre dans la rose qui éclot en lumière. Tes particules intimes traversent l'océan pour atteindre ma peau. À me voir rougir au bout du combiné, mon loup se moque de moi. Il voudrait bien m'apprendre à hurler à la lune sans le secours des mots. Je t'aime au plus vivant de moi. Je me sens vaste à tes côtés dans la cabane à mots. Tu m'offres à chaque jour une leçon d'amour.

Entre l'éclair et le tonnerre, je te mange des mots. Je te mange des yeux quand je lis tes poèmes. J'ai rajeuni pour toi mon habit de vivant. Tu me montes à la tête comme un frisson géant. Je suis partout pour toi comme la feuille sur l'arbre qui traverse l'hiver, comme le toit des maisons qui résiste à la pluie, comme les rives d'un fleuve qu'un arc-en-ciel unit.

10 aout 2005
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hélène
Envoyé jeudi 11 août 2005 - 09h21:   

"Sur le grand échiquier, tu remplis tous les blancs. Tu ouvres la fenêtre dans les cases noircies"
j'aime bien ce contraire qui s'échange
"Tu es trop grande pour entrer dans un livre."
alors tu l'effeuilles chaque jour tu nous la partage et on l'aime avec toi.

elle est grande parce qu'elle est le Tout et partout
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Christiane
Envoyé jeudi 11 août 2005 - 14h10:   

L'ampleur de ce ciel est trop. Déborde mon azur. On dirait pourtant qu'il me manque quelque chose....comme des persiennes,
comme la brièveté et l'efficacité de la pudeur.

Mais, il s'agit des limites de mon ciel personnel. Pas d'une critique.

Je vous salue très fort jml
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Jordy
Envoyé jeudi 11 août 2005 - 21h47:   

encore un excellent texte, JML.

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