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66 zone franche - Le forum de Francopolis » Textes » A R C H I V E S » Les textes du 01.04.2005 au 31.08.2005 » Au bout des doigts « précédent Suivant »

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jml
Envoyé mardi 16 août 2005 - 07h29:   

AU BOUT DES DOIGTS


On nous a trop blessés
au niveau du bonheur.
Des caresses meurent
quand les mains pendent
au bout des bras.
Des phrases font la gueule
quand les mots peinent
au bout des doigts.
Des larmes se suicident
sans rire où s'accrocher.
Des poèmes se perdent
quand le temps vide ses tiroirs.
Des planètes changent de maison
quand on lit l'horoscope à son chien.
Il est temps qu'on se tienne debout,
qu'on refuse les cure-dents
par respect des forêts.
Tout imprégnés de larmes,
nous tiendrons tête aux oiseaux de malheur.
Pickpockets de l'amour,
nous volerons l'argent des sentiments
pour le distribuer.

Nous savons que le pain
se met toujours à table.
Nous mettrons les désirs à leur place
qui est celle de l'amour.
Quand les dessins d'enfant commencent à disparaître,
nous prenons le crayon.
Nous réveillons le rêve sur la route du sommeil.
Quand on exige des poètes un port d'âme,
quand on fait du passé le couvre-feu du temps,
quand on ajoute des barreaux aux grilles des horaires,
des aiguilles à la montre,
quand on vend l'espérance au comptoir des désastres,
quand le profit nous mène en radeau sur un désert,
quand la vie se cache derrière la mort,
quand on cache la couleur dans nos blancs de mémoire
et les étoiles dans les trous noirs,
quand on peint les miroirs par peur de vieillir,
quand on pose un dimer au soleil,
quand la lune se couche dans son ombre,
il faut crier plus fort.

Le mouvement perpétuel,
c'est l'enfant qui apprend à marcher,
l'aveugle qui apprend la musique,
le silence qui apprend à lire,
la communion des langues.

16 août 2005
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Éric Dejaeger
Envoyé mardi 16 août 2005 - 09h17:   

Très joli texte, jml !
Le début est particulièrement réussi avec ses lignes plus courtes.
Des images de grande qualité ! Bravo !
Juste une question : "quand on pose un dimer au soleil" - qu'est-ce qu'un dimer ?
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à JML Hélène
Envoyé mardi 16 août 2005 - 09h54:   

"un port d'âme,"
quand je serai ministre je voterai le port d'âme obligatoire pour tout le monde
et nous marcherons vers la mort pour débusquer la vie.
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jml
Envoyé mardi 16 août 2005 - 13h48:   

"dimer" est le mot anglais qu'on utilise ici pour désigner le thermostat qui règle l'intensité de la lumière sur les appareils d'éclairage.

on prononce "démeur" comme en anglais.
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jml
Envoyé mardi 16 août 2005 - 14h46:   

Éric, quand la brièveté devient une mode, je rallonge mes jupes.

(une fois n'est pas coutume. il m'arrive parfois d'aiguiser quelques mots)

On nous a trop blessés
au niveau du bonheur.
Des caresses meurent
quand les mains pendent
au bout des bras.
Des phrases font la gueule
quand les mots peinent
au bout des lèvres.
Le coeur du temps s'affole
quand la peau saigne
au bout des doigts.
Des larmes se suicident
sans rire où s'accrocher.
Des poèmes se perdent
quand l'encre vide ses tiroirs.
Des planètes changent de maison
quand on lit l'horoscope à son chien.
Il est temps qu'on se tienne debout,
qu'on refuse les cure-dents
par respect des forêts.
Tout imprégnés de larmes,
nous tiendrons tête
aux oiseaux de malheur.
Pickpockets de l'amour,
nous volerons l'argent des sentiments
pour le distribuer.

Nous savons que le pain
se met toujours à table.
Nous mettrons les désirs à leur place
qui est celle de l'amour.
Quand les dessins d'enfant
commencent à pâlir,
nous les colorions.
Nous réveillons le rêve
sur la route du sommeil.
Quand on exige des poètes
un port d'âme,
quand on fait du passé
le couvre-feu du temps,
quand on ajoute des barreaux
aux grilles des horaires,
des aiguilles à la montre,
quand on vend l'espérance
au comptoir des désastres,
quand le marchand de sable
nous mène en chameau,
quand la vie se cache
derrière la mort,
quand on efface la couleur
dans nos blancs de mémoire,
quand les seules étoiles
sont celles des drapeaux,
quand on peint les miroirs
par peur de vieillir,
quand on pose un dimer au soleil,
quand la lune se couche dans son ombre,
il faut crier plus fort
que le sang des sirènes.

Le mouvement perpétuel,
c'est l'enfant qui apprend à marcher,
l'aveugle qui apprend la musique,
le silence qui apprend à lire,
la communion des langues.

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Christiane
Envoyé mardi 16 août 2005 - 15h08:   

"quand on pose un dimer au soleil"

Pas très heureux ce terme "dimmer" en poésie (deux "m" en anglais). En français, il s'agit d'un gradateur ou d'un variateur de lumière.

"quand on impose une gradateur de lumière au soleil" mais est-ce dans la pensée poétique d'un JML?

Amitié
Christiane
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pour jml
Envoyé samedi 27 août 2005 - 22h26:   

D'accord avec Christiane en ce qui concerne le dimmer.
Saint John Perse aussi ne réussit pas toujours quand il introduit certains mots rares ou dont il utilise une acception peu courante. Mais il faut bien essayer ! (Et -perso- j'aime bien la sonorité de ce mot : il a qq chose de marin par cousinage anglophone évident ! )

Oui, "il faut crier plus fort que le sang des sirènes" . Point final, ce serait pas mal!
(Lilas)

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