Auteur |
Message |
jean guy
| Envoyé mardi 23 août 2005 - 22h52: | |
Comme l’écho du jour où Grenade fut prise, De ce poème lu à haute voix un soir. Tu vois je m’en souviens. Tu écoutais, surprise, Cette histoire de fou défiant le désespoir. Dehors c’était l’hiver, le froid les vignes nues. La neige se mêlait à la craie des carrières Où on allait parfois s’y promener, sans but Par le chemin des prés qui longeait la rivière. Et je parlais de lui, de Medjoun, le héros, De la douleur d’aimer qui n’a jamais de mot ; On ne l’a fait pas taire alors on la déguise Comme on faisait là-bas dans Grenade conquise. Je parlais de Zaïd, je te voyais sourire. Je parlais de Sihma, tu me prenais la main. Viens rentrons, disais-tu, tu finiras demain Et n’oublie pas surtout de parler du Wazir --------------------------------------------- Le gel a cet hiver fait un trou dans le toit Sous la poutre où nichait le couple d’hirondelles. Notre voisin Victor qui descend quelques fois De la ferme d’en haut m’a prêté son échelle. Les enfants de Chloé, Jean-Roger et Laura, M’on dit qu’ils passeraient pour nettoyer la vigne. J’ai reçu de Bernard une carte de Digne, Il me dit que l’hiver a été dur là-bas. Le vin de cette année ne sera pas fameux C’est du moins paraît-il ce qu’on dit au village ; Je n’en bois presque plus, le soir, un verre ou deux ; Tu sais, comme ils disaient, « pour se donner courage » Il faudra que demain je ramasse du bois, Je le ferais sécher à côté du pressoir Dans la grande remise où on allait s’asseoir Les jours de grand soleil, en été, souviens-toi Je lisais des poèmes et toi tu m’écoutais Si patiente, oublieuse et le temps s’écoulait Eté, automne, hiver et ce mois de janvier… Tiens, j’allais oublié de parler de l’huissier. Il est venu hier évaluer le prix De la vente des meubles et du téléviseur, Du fauteuil de ton père et de la chaîne Hi-Fi. Pour les livres il a dit qu’ils étaient sans valeur.
|
jean guy
| Envoyé mardi 23 août 2005 - 23h38: | |
"On ne "la" fait pas taire.... |
Hélène
| Envoyé mercredi 24 août 2005 - 20h45: | |
oserai-je? "Où on allait parfois s’y promener, sans but " je suis peut être mal placée moi qui n'ose jamais écrire en classique comme je vois que tu tiens le rythme je pense au voisinage des voyelles et je préfèrerais On y allait parfois se promener. les anciens auraient écrit *et l'on allait parfois s'y promener pour contourner le piège (;-) mais si ce sont des chansons tu as plus de latitude. c'est ma manie de lire à haute voix qui me fait titiller. je ne veux souligner que ce passage je suis dans mes souvenirs de concours !!
|
Jordy
| Envoyé mercredi 24 août 2005 - 22h03: | |
Hélène a raison pour "se promener", Jean. C'est facile à corriger, et la métrique n'en souffre nullement! Ton texte est très beau, dans ta manière habituelle, faite d'élégance et de simplicité, avec pourtant des accents aragoniens. |
jean guy
| Envoyé mercredi 24 août 2005 - 23h40: | |
Oui, bien sûr, tu as raison Hélene. J'avais d'abord écrit "on y allait s'y promener..." J'ai voulu supprimer un des deux y, mais je ne pas choisi le bon. Accents aragoniens !!! Jordy, c'est simplement que tu as reconnu Medjoun, Zaïd et Sihma et le Wazir personnages du "Chant d'Elsa"...
|
Jordy
| Envoyé jeudi 25 août 2005 - 01h27: | |
oui. Mais pas QUE! :-)) Tu es très Aragonien, Jean, pourquoi le nier! même politiquement! et surtout dans ton style "chantant", que ferrat pourrait très bien mettre en musique. |
jean guy pour Jordy
| Envoyé jeudi 25 août 2005 - 10h55: | |
Je viens vite corriger ma bêtise d'hier soir, il s'agit bien entendu du "FOU D'ELSA" et non pas du Chant d'Elsa. (Ca m'a réveillé cette nuit d'avoir fait ce lapsus). Aragonien, sans doute dans le sens où la lecture d'Aragon (poésie, romans... et le Fou d'Elsa en particulier) m'est comme une source intarissable de clés permettant une des choses les plus importantes à mes yeux : le nécessaire (impossible ?) mais tragique retour au réel, au monde concret qui lui même est à découvrir, à fabriquer. C'est, d'ailleurs, ce qu'en écrivant beaucoup "d'écrivant" essaient, quelques fois sans le savoir, de faire. C'est vrai que je me sers, consciemment et inconsciemment, de ces clés quand j'essaie de mettre bout à bout mes mots. Quant au style chantant je sais que tu l'apprécies. Mais ce n'est pas pour te faire plaisir :-)) que j'utilise le 12 syllabes, juste qu'en ce moment dès que je pense une phrase, je la "balance" (dans le sens Roberval) comme ça. Alors ça donne au moment du repas "regarde dans l'armoire en haut sur l'étagère" ou "A table les enfants le roti est à point"... C'est un peu pénible. Ah ! pourvoir un jour, faire du sept, du neuf ou du quinze syllables, les brasser avec du six et du huit... et faire en sorte que chante. Plus sérieusement le plus aragonien des poètes actuels c'est Bertin, l'anti-poésie blanche.
|
Jordy
| Envoyé jeudi 25 août 2005 - 22h52: | |
Je ne sais pas s'il est aragonien (il serait plus proche de Cadou, non?)mais en tout cas, c'est celui qui me touche le plus, le Bertin. |
jean guy
| Envoyé jeudi 25 août 2005 - 23h19: | |
Salut Jordy, Je trouve personnellement un parenté entre Cadou et Aragon : "J'ai beau me dire Dors Il me faut reconnaître Qu'un feu diffus met un peu d'or à ma fenêtre L'ombre a plus de secrets que le coeur vert des eaux Et les veilleurs parfois y cherchent des oiseaux." Aragon "Un soir de pauvreté comme il en est encore Dans les rapports de mer et les hôtels meublés Il arrive qu'on pense à des femmes capables De vous grandir en un instant de vous lancer Par-dessus le feston doré des balustrades Vers un monde de rocs et de vaisseaux hantés..." Cadou |
|