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66 zone franche - Le forum de Francopolis » Textes » A R C H I V E S » Les textes du 01.09.2005 au 28.02.2006 » Sabine Sicaud « précédent Suivant »

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Yves
Envoyé mardi 13 septembre 2005 - 22h05:   

Je suis en train d'écrire pour Francopolis un article sur Sabine Sicaud que vourrez trouver dans quelques temps. Cette sabine, enfant de génie écrivait de la poésie. Présentée à un concours national, le prix ne put lui être attribué, car il sembla impossible aux littérateurs du jury qu'un gosse de cet âge ait écrit ce qu'elle leur avait envoyé. La vérité ils durent lui faire justice quand lui ayant imposé un thème elle leur donna un nouveau poème qui remporta tous les autres concours.
Atteinte à 14 ans d'une infection, elle vécut encore un an et mourut à 15 ans après de terribles souffrances occasionnées par une gangrène d'une jambe. Elle ne put lutter contre cet enfer qu'en écrivant des poèmes. A 15 ans, par un étrange retournement, ses détracteurs de son premier concours déclarèrent, non que c'était un poète exceptionnel mais le plus grand poète de langue française de la douleur, et un dees plus grands tout court de notre vingtième siècle. Jz vous fait partager ici un poème où elle s'élève violemment contre un mot d'Anna de Noaillesqui parlait de l'honneur de souffrir. La fillette qui écrivait ce qui suit n'avait alors que 14 ans. Elle allait mourir et le savait :
***
Douleur, je vous déteste (« L’honneur de souffrir ». Comtesse Anna de Noailles)

Douleur, je vous déteste, ah ! Que je vous déteste !
Souffrance, je vous hais, je vous crains, j’ai l »horreur
De votre guet sournois, de ce frisson qui reste
Derrière vous, dans la chair, dans le cœur…
Derrière vous, parfois vous précédant
J’ai senti cette chose inexprimable, affreuse :
Une bête invisible aux minuscules dents
Qui vient comme la taupe et fouille et mord et creuse
Dans la belle santé confiante, pendant
Que l’air est bleu, le soleil calme, l’eau si fraîche !
Ah ! Honneur de souffrir ? Souffrance aux lèvres sèches,
Souffrance laide quoiqu’on dise quelque soit
Votre déguisement, souffrance
Foudroyante ou tenace ou les deux à la fois
Moi je vous vois comme un péché, comme une offense
A l’allègre douceur de vivre, d’être sain
Parmi des fruits luisants, des feuilles vertes
Des jardins faisant signe aux fenêtres ouvertes…
De gais canards courent vers les bassins
Des pigeons nagent sur la ville, fous d’espace.
Nager, courir, lutter avec le vent qui passe,
Est-ce donc pas mon droit puisque la vie est là
Si simple en apparence…en apparence !
Faut-il être ces corps vaincus, ces esprits las
Parce qu’on vous rencontre un jour, souffrance
Pu croire à cet honneur de vous appartenir
Et dire qu’il est grand, peut-être, de souffrir ?
Grand ? Qui donc en est sûr et que m’importe !
Que m’importe le nom du mal, grand ou petit
Si je n’ai plus en moi, candide et forte
La joie au clair visage ? Il s’est menti
Il se ment à lui-même, le poète
Qui pour vous ennoblir vous chante…Je vous hais
Vous êtes lâche, injuste, criminelle, prête
Aux pires trahisons ! Je sais
Que vous serez mon ennemi infatigable
Désormais. Désormais puisqu’il ne se peut pas
Que le plus tendre parc embaume de lilas
Le plus secret chemin d’herbe folle ou de sable
Permette de vous fuir ou de vous oublier !
Chère ignorance en petit tablier
Ignorance aux pieds nus, aux bras nus, tête nue
A travers les saisons ignorance ingénue
Dont le rire tintait si haut. Mon ignorance
Celle d’Avant, quand vous m’étiez une inconnue
Qu’en a-t-on fait, qu’en faites-vous, vieille souffrance ?
Vous pardonner cela qui me change le monde ?
Je vous hais trop ! Je vous hais trop d’avoir tué
Cette petite fille blonde
Que je vois au fond d’un miroir embué…
Une autre est là, pâle, si différente !
Je ne peux pas, je ne veux pas m’habituer à vous savoir entre nous deux, toujours présente
Sinistre Carabosse à qui les jeunes fées
Opposent vainement des pouvoirs secourables !
Il était une fois…
Il était une fois, pauvres voix étouffées !
Qui les ranimera, qui me rendra la voix
De cette source, fée entre toutes les fées
Où tous les maux sont guérissables ?
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Cécile
Envoyé mercredi 14 septembre 2005 - 10h25:   

merci monsieur Yves ! Vivement qu'on lise cet article !
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Yves
Envoyé mercredi 14 septembre 2005 - 23h39:   

J'aurais envie d'écrire les dernières années de Sabine vues par un de ses médecins et confident, mais user du sensationnel de son trajet d'écrivain serait trahir Sabine et une voie de facilité. Cette petite fille et surtout cette adolescente n'est pas un exemple littéraire, mais c'est une spirituelle qui use de l'écriture mais reste toujours très au-dessus,au delà, dans un domaine d'universalité que bien peu atteignent dans l'art, que ce soient des religieuses ou comme ici un héros de la vie.
J'aurais pour moi le fait d'avoir eu l'enfance de Sabine d'ailleurs tout près de chez elle et le fait de pouvoir reconstituer l'évolution de sa maladie, mais pour le moment, je ne m'en sens pas. Je laisse murir et je me contente de rêver que je la serre dans mes bras pendant ces années affreuses....Et puis en allant ici et là me documenter je tombe sur la vraie misère littéraire de ceux qui s'imaginent que son génie est leur propriété. On vient même de me dire : surtout, n'y touchez pas. Telle ou telle qui l'a publiée est enseignante en Californie. Vous serez aussitôt dans des procès américains. Pauvre petite Sabine, heureusement que tu ne sauras jamais... Voici un bout de poème qu'elle adressait à l'amoureux qu'elle aurait r^vé d'avoir et n'aurait jamais
*
Le chemin de l’amour

Amour, mon cher amour, je te sais près de moi
Avec ton beau visage.
Si tu changes de nom, d’accent, de cœur et d’âge
Ton visage du moins ne me trompera pas.
Les yeux de ton visage, amour, ont près de moi
La clarté patiente des étoiles,
De la nuit, de la mer, des îles sans escales.
Je ne crains rien si tu m’as reconnue
Mon amour, de bien loin, pour toi je suis venue.
Peut-être . Et nous irons Dieu sait où maintenant ?
Depuis quand cherchais-tu mon ombre évanouie ?
Quand t’avais-je perdue ? Dans quelle vie ?
Et qu’oserait le ciel contre nous maintenant ?
( Sabine Sicaud. (14 ans)
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JG
Envoyé samedi 24 septembre 2005 - 14h35:   

Merci Yves de nous avoir fait découvrir sabine. L'autre jour, après avoir lu ton premier post parlant de Sabine Sicaud, totalement inconnue en ce qui me concerne, je suis allé chercher d'autres de ses textes sur le net... je suis resté muet devant sa poésie... "Et quelle poésie!" tant de maturité, tant de talent, tant d'injustice, tant de douleur et pourtant si jeune... J'aurais voulu vivre à son époque, la connaître... J'amerais en dire plus sur ce qu'elle m'a apportée dans la lecture de ses poèmes... on dirait un partage de souffrance et qui ferait du bien...........

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