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Christiane
Envoyé samedi 28 janvier 2006 - 16h07:   

LES CARRIOLES HORS DU TEMPS

Vous n’avez plus connu
Ni vous ni moi
Cette vie jetée sur tout un peuple
Condamné d’avance à mourir de froid

Vous n’avez plus connu
Ces marcheurs bottés
Ces coureurs fatigués
Dormant dans les sapinages
Guettant les grands oiseaux
Et le pelage doux

Vous n’avez plus connu
L’hiver à chaque pas
Ces maisons calées jusqu’aux lucarnes
Cette neige tombant en peaux de lièvres
Vous n’avez plus connu
Ni vous ni moi
Ces constructeurs de traîneaux
Et de carrioles hors du temps

Vous n’avez plus connu
Le fusil au champ
Les arbres percés de chalumeau
Ces laboureurs et ces faucheurs
Dépendant du pis et des épis
Vous n’avez plus connu
Ces brodeuses et ces fileuses
Penchées sur la roue disparue

Vous n’avez plus connu
Cette patience à longueur d’année
Ni vous ni moi
Mêlant et démêlant
Le foin et les fils d’or
Avec la fourche de maintenant

Vous n’avez plus connu
Les boîtes de conserves
Changées en pots de géraniums
Les pruniers d’habitant
Les pommes surettes dans l’arbre
Les oiseaux avec le linge
Sous les larmiers des galeries

Vous n’avez plus connu
Le lin pour rouler la pâte
Les épluchures dans le tablier
Les bassines de l’accouchement
Le ber et la berçante

Vous n’avez plus connu
Le chant de l’harmonium
La peine s’égrenant aux chapelets
La solitude de bancs de quêteux
Et de bancs d’église

Surtout vous n’avez plus connu
Ni vous ni moi
Cette langue féconde
Débordant les granges et les étables
Ce fleuve ce patrimoine bleu
Qu’on range maintenant
Dans des coffres de cèdres
Comme on plie la courtepointe
Des velours anciens
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jml
Envoyé samedi 28 janvier 2006 - 21h25:   

superbe christiane. vous portez le long aussi bien que le court.
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Christiane
Envoyé dimanche 29 janvier 2006 - 02h10:   

Merci jean-Marc! Je suis très touchée, contente surtout. Je suis si peu habituée au long...mais c'est un poème écrit dans l'autobus tous les matins du mois de janvier...alors je lui mettais des rallonges...............

Merci et je vous lis toujours
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aar
Envoyé dimanche 29 janvier 2006 - 08h32:   

moi aussi j'aime beaucoup. Je le verrais bien écrit sur une écorce de bouleau.

(une suggestion: "vous n'avez pas connu..." répété ainsi ... j'aurais peut-ëtre attendu plus direct plus fort. qui frotte la mémoire au gant de séquoïa...
"vous n'avez pas connu" laisse le lecteur comme en dehors, assis confortablement sur son présent géographique lointain)

voila c'est tout, merci

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Hulotte
Envoyé dimanche 29 janvier 2006 - 17h23:   

Un beau texte, mais la froide distanciation émotionnelle surprend.
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Pour Christiane
Envoyé lundi 30 janvier 2006 - 15h49:   

J'ai l'impression que ce très beau poème n'est pas encore achevé, ni dans sa durée,ni dans sa forme (je souscris à la remarque d'Aar.)IL y a là une source d'inspiration inépuisable qui n'a pas fini de couler et qui va probablement irriguer encore les mots.
L'émotion naît tantôt du choix des éléments évoqués,("la vie jetée sur ... peuple condamné,coureurs fatigués...neige tombant en peaux de lièvre... la peine ...la solitude ..."), concrets ou abtraits, tantôt de la pudeur même de l'évocation : "Les boîtes de conserve changées en pots de géranium" me semblent particulièrement suggestives et émouvantes. Tout comme les épluchures dans le tablier.Mais la remarque de Hulotte m'amène à me demander si cette évocation produirait le même effet sur chacun de nous : peut-être qu'une évocation plus explicite serait bienvenue .
Comme je l'aime tel quel, ce poème, peut-être parce que je l'entends dit par la voix de mes aïeules ! (lilas)
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hulotte
Envoyé lundi 30 janvier 2006 - 16h08:   

En ce qui me concerne ce n'est pas une évocation "explicite" qui me semble faire défaut mais au contraire une trop grande distanciation du regard intérieur qui révèle mais ne s'implique pas. Peut-être, parce que je trouve le texte beau aurai-je aimé y lire, au delà de l'énonciation remarquable des métaphores, ("Les boîtes de conserve changées en pots de géranium" )..., un lien avec l''émotionnel personnel de l'auteur. Mais cela est très subjectif et je n'en trouve pas moins ce texte émouvant dans sa description subtile.
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flo
Envoyé mardi 31 janvier 2006 - 09h45:   

Perso, j'adore ce texte! ça m'éveille plein de souvenirs, et pourtant je n'ai que le début de la trentaine ;)

J'y vois mes grands-mères, toujours vivantes, qui ont été en contacts avec la terre, avec la nature. Ca m'évoque aussi leurs souvenirs, les accouchements à la maison, seule parfois, les confitures dans les pots de récupération, les évocation de l'Exode et des difficultés de l'après-guerre... Il faut dire que chez mes grands-parents paternels l'après-guerre a duré trente ans ( et plus...)...

Enfait, c'est vrai que le "vous n'avez plus connu"... et bien s'il rythme le texte lui donne une distance au lecteur pas toujours exacte, car j'ai connu les pommes surettes dans l'arbre, Le lin pour rouler la pâte, Les épluchures dans le tablier ,Le chant de l’harmonium, La peine s’égrenant aux chapelets , La solitude de bancs de quêteux , Et de bancs d’église ...

Mais je dois souligner comme toujours cette magnifique justesse de tes mots, Christiane, qui sont des perles d'images, des suggestions éblouissantes et toujours cette tonalité nostalgique qui chausse l'âme de sabots...

Flo
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Christiane
Envoyé mercredi 01 février 2006 - 02h47:   

Contente de voir ta signature et de te lire sur ce poème Flo, il y a longtemps........
Merci aussi à aar... que je salue fort
Et à Lilas et hulotte.

Pour hulotte : c'est normal, je me méfie de l'émotionnel personnel. Je tente de le fuire même.
Merci pour votre commentaire qui m'a forcée à me demander pourquoi.
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Biloulou
Envoyé lundi 06 février 2006 - 22h43:   

Lecteurs, « vous n'avez plus connu » et « vous n'avez pas connu », ce n'est pas du tout la même chose, ce n'est plus du tout la même chose. Christiane, quand reprenez-vous l'autobus?

Biloulou
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KC
Envoyé lundi 06 février 2006 - 23h16:   

Christiane ne parle t-elle pas de quelqu'un qui avait connu quelque temps mais n'a plus connu la suite parce qu'il a disparu?

je trouve que ce détail donne de la nostalgie au poème
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Christiane
Envoyé mardi 07 février 2006 - 02h33:   

Tiens! c'est Biloulou...

Merci et salou

Cri

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