Tempête moissonneuse Log Out | Thèmes | Recherche
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troglodyte
Envoyé samedi 11 février 2006 - 14h32:   

Sur la piste des souvenirs, les traces s’accumulent – tranchée abstraite de toute nuit et de ses mirages frémissants. Arrimé au dernier des nuages, la couleur rouge dévore mon regard défait. C’est la limaille de fer qui est mon pain, l’or noir étanche ma soif au pays des montagnes chevelues. Une plaine brassée de mots remplit ma gorge enténébrée par l’absence qui creuse sa ligne entre mes reins. Mes vertèbres s’effritent peu à peu comme un squelette en plastique à l’usage des étudiants.

Tout s’efface et retourne au puisard : fleurs desséchées, photos jaunies, papiers griffées, éclats d’ongles vernissés…En reflets sanglants, le réel se fracture comme un horizon entaillé par la morsure des étoiles. A force de décomposer le monde en tranches, la pensée se cimente dans un temple en ruines, relief d’une apocalypse. Grinçantes sont les ferrures d’une porte ouverte sur l’avenir – une mer étale sa nonchalance brassée par les vagues comme une bière blonde.

Une impression persiste et signe, un puits blanc, chausse-trappe immaculée sous mes pieds, piège phosphorescent pour le loup, sa truffe remuée par les remugles d’une tempête moissonneuse.

A force d’observer le calme des menhirs, leur immobilité tranquille, je reste à l’étable des songes. En pointillés une ligne de démarcation frontale sépare les méandres de la pensée des poissons des bas-fond, murènes et requins, compagnons de la folle équipée. D’île en île je déjoue la vaillance des gardes-côtes, et me laisse bercer par les courants magnétiques, la volcanologie du sommeil.

Se perdre c’est s’éprendre d’un cruel appétit de néant et de concrétions calcaires, toutes ces rémanences incertaines de nos désirs, dévorer l’infini à pleines bouchées comme de la terre, se gorger d’un alcool d’ogresse, embrasser la robe noire de l’hiver comme la nuit tombée sur la tête tranchée.

Nous les damnés de la mer, notre royaume est un bestiaire, au grand carnaval des Atlantes !


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