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66 zone franche - Le forum de Francopolis » Textes » 3 septembre 2004 « précédent Suivant »

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Isa
Envoyé dimanche 05 mars 2006 - 23h24:   

Journée du 3 septembre 2004

Je me souviens de la vallée. Brouillée, brouillée si belle, à la descente du Risoux de Chapelle par le chalet des Anges, les bleus s’attendrissant des plus proches plans aux plus lointains.
Redescendant, je me souviens de ma journée, si belle solitaire, les hautes fourmilières crépitant à midi dans la clairière sous le soleil, remparts à fondrières, et la muraille dense des foyards envahissants, sous les pesses clairsemées. J’y avais engrangé, bonheur de silence, cinq chamois long-fardés, inquiets mais pas pressés.

Redescendant, dans la voiture s’est déversée une charpie d’enfants en tablier de rentrée, farandole éventrée, jambes arrachées, visages massacrés, rouges chiffons pour la fête guerrière. Je redescends vers la vallée, si belle et brouillée, demain caressée du même doux vent d’est qui là-bas disperse déjà la fumée. De là-haut je me souviens, lumineux. Je redescends, le monde est en morceaux.
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echo
Envoyé lundi 06 mars 2006 - 09h02:   

Beslan... le massacre des innocents...
Il ne faut jamais admettre l'horreur, la laisser se faire une place en nous comme une habituée endormie... il ne faut jamais cesser de se révolter.... mais à part cela, à part cela?
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Raphaël Zacharie de Izarra
Envoyé lundi 06 mars 2006 - 10h38:   

AUX INFERNAUX

Pauvres gens qui vivez dans l'or et le crime mêlés, âmes noires dépourvues d'ailes, vous les paillards aux mains rougies, vous les médaillés qui vous glorifiez de vos méfaits, vous les barbares à peau d'ange, vous les fauves à la patte de velours, vous les chiens parés de dentelles, vous les hommes aux sourires de bêtes, vous les tortionnaires à l'abri des coups, vous les endimanchés pleins de fureur, vous qui assassinez avec d'infinies courtoisies, vous les grands malfaisants enfin qui sur terre répandez vice, horreur, excrément, tremblez !

Tremblez jusque dans les profondeurs infectes de vos os damnés. Vos crânes affreux se fracasseront dans l'abîme que vous avez creusé en vous-mêmes. Ils se désagrègeront sous le poids de vos ignominies.

Hommes durs à la peau tannée par le soleil du crime, héros des ténèbres au coeur d'acier, bandits au poing d'airain, loups au croc invincible, l'ironique mollesse sera votre héritage : vous serez vers et le remords éternel vous rongera. Lions sans loi, justiciers féroces des causes impies, vous qui avez blessé la femme et l'enfant, qui avez souillé le plus pur des autels, qui avez plongé le monde dans le noir, qui avez privé de leurs dernières étoiles le ciel des éplorés, vous serez puits de larmes : intarissables seront vos peines. Bourreaux, mercenaires, grands chefs de guerres et petits pions zélés serviteurs de l'ordure, fonctionnaires de la fange et comptables de la corruption, vous les assassins sans état d'âme, vous les horribles dotés de tous les pouvoirs terrestres, vous serez récompensés par une mer de sang, et ce sera le vôtre. Et cette étendue de souffrances que vous avez versée, jusqu'à la dernière goutte il vous la faudra boire à votre tour.

Tremblez, tremblez vous qui sur terre semez l'épine et le poison car vos tombes seront vastes comme des champs de ronces, lourdes comme des montagnes de boue. Tremblez car un jour, las de votre hideur vous supplierez pour que l'on arrache les chardons de vos âmes. Tremblez car la rédemption coûtera cher !

Injustes qui aujourd'hui riez de vos crimes, demain vos victimes vous pardonneront.

Et leur pardon sera votre enfer.

Raphaël Zacharie de Izarra

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Isa
Envoyé lundi 06 mars 2006 - 17h12:   

A part cela, je ne sais pas, je ne sais pas, le pire n'est jamais le dernier. "Si c'est un homme", il lui faut pleurer.

Au moins si peu il faudrait ne pas laisser violer les mots, il faudrait une langue commune rétablie dans un tout petit peu de dignité, qu'on ne puisse laisser dire libération pour invasion, démocratie pour accords pétroliers, lutte anti-terrorisme pour gazoduc, religion pour prison morale imposée, racisme pour crapulerie isolée, qu'on ne défile pas par dizaines de milliers, communautés serrées bien séparées, bien manipulées, bien préparées pour magnifier l'horreur.
Il faudrait une parole qui monte droit, sans retomber aussitôt dans les noeuds de son bois, pour dire le monde humain dans sa complexité, le lire haut et sans morale, parce qu'une lecture morale ne peut rien lire du monde.
Une parole claire, complexe mais pas morcelée, continue et limpide comme une eau. Et puis des gens pour la reprendre et la porter plus loin, et une éthique sans discours moral.

Mais au matin, on se réveille de l'autre côté de l'an 2000 auquel nous rêvions enfants, et il penche vers le cauchemar.

Alors, à part cela, je ne sais pas.

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