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jml
| Envoyé lundi 13 mars 2006 - 23h07: | |
LE CŒUR EN ABRÉGÉ Ta beauté bouge avec souplesse. La nuit se transforme en nuque, en cheveux, en poitrine. Les bruits sont des vertiges. On se nourrit d'éternité au coeur des échéances. Le coeur en abrégé, on cède au dénuement. Un seul de tes cheveux réveille la parole et donne corps au frisson. Je reconnais tes gestes. Je retrouve la vie. J’écris avec mon doigt sur le dos du désir. Ce que je t’aime, tu sais. Rien n’a commencé. Rien ne finira. Nous attendions simplement le bonheur. Je t’attendais depuis toujours. Si tu n’étais pas toi, si je n’étais pas moi, nous serions morts tout les deux sans même nous connaître. Même si l’angoisse veille sur ce monde brisé, nous semons du soleil dans les matins de neige. Nous réchauffons les doigts qui veulent caresser. Nous avançons dans les pas l’un de l’autre, dans l’humus agrandi, dans l’exact du bleu. De ta main à ta main, je traverse le monde. Il n’y a rien au-delà de toi. Ce qui n’existe pas prend forme dans ton rêve. Retiens mon corps dans le tien. Prends-moi selon tes forces. Mes bras t’arracheront au froid du labyrinthe. J’ai déchiffré le ciel sur ton ventre sans rives. J’ai retraduit la vie sur le grain de ta peau. J’irai jusqu’à t’aimer dans les bras du désastre. La douleur de mes mains se transforme en douceur. Je hausse mon regard jusqu’à voir avec toi. De ta main à la mienne C’est vers toi que j’avance Il me manquait tes mains Pour compléter mes bras Il me manquait tes yeux Pour ouvrir mes paupières Il me manquait ta voix Pour apprendre à chanter Il me manquait tes pas Pour que danse la route Il nous manquait chacun Ce que nous apportons Pour avancer plus haut. La mort serait de trop si tu n’étais pas là. La vie serait blessure et l’espoir inutile. Je t’ai vue réelle après tant d’attente, et plus belle qu’en rêve. Ma vie s’avance et je me réunis, comme une plante sur le sol, comme une fleur assume la conséquence du fruit. Ma chair dans la tienne s’accomplit d’espérance. Nous courons dans la nuit pour rejoindre la lune. Qu’importe que le train s’égare loin des rails si nous sommes la gare. Tu reviendras entre deux neiges. Les arbres auront des feuilles et des oiseaux partout. Tu reviendras plus chaude au temps des tussilages. Le fleuve sera beau dans la lumière de mai. De la mer à la main, tu remonteras ma vie jusqu’au ruisseau natal.
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Jordy
| Envoyé mardi 14 mars 2006 - 20h58: | |
C'est splendide, Jean Marc! comme d'habitude! Je pense à Eluard dans "l'amoureuse". |
   
ali
| Envoyé mardi 14 mars 2006 - 21h15: | |
oui celui-ci est plus beau que "sur la terre cassée" |
   
plus beau que l'eau claire des larmes
| Envoyé mardi 14 mars 2006 - 22h21: | |
Ce poème est superbe : j'aime tout, formes et images, chant et émotion... Et en particulier le dernier chant. (Lilas) |
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