Auteur |
Message |
   
Martin Clichet
| Envoyé jeudi 16 mars 2006 - 12h47: | |
Sur le point de sauter, le parachutiste fixait la trappe avec insistance. L'avion était déjà haut dans le ciel. La trappe s'ouvrit, laissant apparaître le gouffre profond du ciel. L'homme ne parvenait pas à détacher le regard du sol qui défilait lentement sous ses pieds. Il hésita un moment. Chaque seconde lui sembla un siècle, si bien que la minute qui suivit lui parut une éternité. Pour tout dire le temps s'était figé face à la trappe ouverte sur l'abîme. Son coeur battait à cent à l'heure et il lui sembla qu'il était sur le point de se rompre. L'émotion était à son comble. La sueur ruisselait à grosses gouttes sur son front inquiet. Le regard éperdu, la gorge serrée, les pensées concentrées, n'écoutant que son courage, il se jeta dans le vide immense. Un vent assourdissant bourdonna entre ses tempes battantes. L'espace défilait sous ses yeux, grandiose. L'horizon se rapprochait à une vitesse vertigineuse. Au moment propice il tira sur la cordelette où était suspendue sa vie. A l'ouverture du parachute, un bruit terrible se fit entendre. La toile qui se défroissa en plein ciel claqua comme un formidable coup de tonnerre. Rassuré, le parachutiste émit un long soupir de soulagement. Il vit le terrain d'atterrissage se rapprocher peu à peu. Enfin il toucha le sol. Au moment de l'impact, il ramassa son corps. Il se reçut violemment contre la terre ferme, roula sur lui-même avant de se relever sans une seule égratignure. Les traits radieux, le regard plein de reconnaissance envers le sort, la poitrine gonflée d'orgueil, l'homme esquissa un sourire. Puis il se dirigea vers la base, traînant dans son sillage un indéfinissable parfum de mystère. L'avion sui planait toujours dans l'azur tel un oiseau blanc s'apprêta à rejoindre la base. Lorsque les roues touchèrent la piste, le vaillant parachutiste salua le pilote, l'oeil farouche, la mise négligée. Au fond de ses prunelles brillait une lueur inextinguible qui recelait un secret impénétrable. Le sourire qui illuminait son visage un instant plus tôt se transforma imperceptiblement. Il fit place à des traits soucieux. En effet, l'homme portait sur ses épaules un lourd fardeau : il avait l'étoffe des héros, et c'était sa gloire et son drame. Martin Clichet |
   
saut
| Envoyé jeudi 16 mars 2006 - 17h27: | |
Et que ça saute ! La porte s'ouvre bouffée de peur vive mon sang se glace empoignée aux cadres métalliques l'air m'aspire un pas, juste un pas... le vent me nargue mon pied glisse quelle résistance! rencontre du marchepied déséquilibre momentané la main agrippe la barre chassé-croisé du vide l'autre l'a rejoint le corps flotte au vent un dernier regard j'avale ma peur l'oiseau d'acier m'échappe le dos se cambre le coeur bondit mille et un, mille et deux coup d'oeil à la voilure deux petits soleils oranges au-dessus de ma tête que je serre dans mes mains et ramène vers moi liberté, liberté je te touche je voltige entre ciel et terre solitude étrange une voix me rejoint virage à gauche puis le silence... ce silence, mon seul allié l'euphorie m'emporte le vent me pousse je flotte, je flotte halte-là! Haute Tension à éviter autoroute à dépasser léger virage nez dans le vent le sol se rapproche je freine, je freine mes pieds effleurent le sol génuflexion à la terre le parachute se couche loin de l'aéroport dans le silence je jubile saute de joie ramasse le tout et en route vers la civilisation on s'inquiète peut-être à tort... l'ivresse me gagne quel émerveillement! quelle douce folie! Du courage! Non Madame! Juste un peu de douce folie... saut 97 |
|