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aar
| Envoyé dimanche 21 septembre 2003 - 11h33: | |
on sait comment Neruda aime les chiens (voir ode au chien). On peut supposer qu'il n'aime pas les chats (ces raccourcis sur coussins de velours). On a raison. Mais si sacrément joliment dit qu'on en viendrait à aimer ces bêtes-là.... presque. *** Ode au chat Au commencement les animaux étaient imparfaits longs de queue, et tristes de tête. Peu à peu ils évoluèrent se firent paysage s’attribuèrent mille choses, grains de beauté, grâce, vol... Le chat seul le chat quand il apparut était complet, orgueilleux. parfaitement fini dès la naissance marchant seul et sachant ce qu’il voulait. L’homme se rêve poisson ou oiseau le serpent voudrait avoir des ailes le chien est un lion sans orientation l’ingénieur désire être poète la mouche étudie pour devenir hirondelle le poète médite comment imiter la mouche mais le chat lui ne veut qu’être chat tout chat est chat de la moustache à la queue du frémissement à la souris vivante du fond de la nuit à ses yeux d’or. Il n’y a pas d’unité comme lui ni lune ni fleur dans sa texture: il est une chose en soi comme le soleil ou la topaze et la ligne élastique de son contour ferme et subtil est comme la ligne de proue d’un navire. Ses yeux jaunes laissent une fente où jeter la monnaie de la nuit. Ô petit empereur sans univers conquistador sans patrie minuscule tigre de salon, nuptial sultan du ciel des tuiles érotiques tu réclames le vent de l’amour dans l’intempérie quand tu passes tu poses quatre pieds délicats sur le sol reniflant te méfiant de ce qui est terrestre car tout est immonde pour le pied immaculé du chat. Oh fauve altier de la maison, arrogant vestige de la nuit paresseux, gymnaste, étranger chat profondissime chat police secrète de la maison insigne d’un velours disparu évidemment il n’y a aucune énigme en toi: peut-être que tu n’es pas mystérieux du tout qu’on te connais bien et que tu appartiens à la caste la moins mystérieuse peut-être qu’on se croit maîtres, propriétaires, oncles de chats, compagnons, collègues disciples ou ami de son chat. Moi non. Je ne souscris pas. Je ne connais pas le chat. J’ai sais tout je connais la vie et son archipel la mer et la ville inalculable la botanique la luxure des gynécées le plus et le moins des matématiques le monde englouti des volcans l’écorce irréelle du crocodile la bonté ignorée du pompier l’atavisme bleu du sacerdoce mais je ne peux déchiffrer un chat. Ma raison glisse sur son indifférence ses yeux sont en chiffres d’or. P Neruda, navegaciones y regresos, 1959 (traduc perso) . |
   
Aglaé
| Envoyé dimanche 21 septembre 2003 - 15h57: | |
Je l'ai fait lire à Papyrus...avec un nom pareil, il lit couramment...il a tiqué...s'est senti dévoilé...est parti en disant:"...et encore, c'est une traduction..." Merci Aar, et encore,encore |
   
aar tiste de cirque
| Envoyé lundi 22 septembre 2003 - 19h09: | |
il sait lire ton chat Papyrus ? oh la la ! il doit être un artiste de cirque alors, comme moi. c'est lui qui t'a domestiqué ou vice-versa ? (ne lui dit pas que j'aime pas trop les chat moi le nien il est en train de lire Anna Karenine en version originale)
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Aglaé
| Envoyé lundi 22 septembre 2003 - 20h45: | |
Il lit un peu, mais il préfère les mots croisés...on se bat pour qu'il éteigne sa lumière avant minuit...surtout quand il a de l"école le lendemain... |
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