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aar
| Envoyé mercredi 24 septembre 2003 - 16h51: | |
Il existe en chacun de nous un scotome, sorte de trou dans le champ visuel comme un trou de météorite. Ce trou nous ne le voyons évidemment pas puisqu'il est en dehors de notre champ visuel et qu'en plus, il n'est pas recopié par le miroir (même le plus perfectionné) quand on se met devant ce miroir. C'est grâce à ces scotomes que nous pouvons parler de philosophie, de raison de vivre, de poésie, et du prix de airelles sur le marché, avec asurance et sans faire d'entorse à nos scrupules. Neruda lui aussi avait ses scotomes. Pauvre poésie ! mêlée à ce badigeon de laudanum ... *** Ode à Lénine 1 Lénine, pour te chanter je dois dire adieu aux mots; je dois écrire avec des arbres, des roues des charrues, des cérérales. Tu es concret comme les faits et la terre. Il n’a pas existé d’homme plus terrestre que toi V. Ulianov. Il existe d’autres grands hommes qui comme les églises sont habitués à converser avec les nuages, ce sont des grands hommes solitaires. Lénine, lui, fit un pacte avec la terre. Il voyait plus loin que personne. Hommes, fleuves, collines, steppes tout était un grand livre ouvert qu’il lisait plus loin que tout autre, plus clair que personne. Il regardait en profondeur le peuple, l’homme il regardait l’homme comme on regarde un puits l’examinait comme s’il était un minerai inconnu qu’il venait de découvrir. Il fallait vider l’eau du puits, élever la lumière dynamique le trésor secret des peuples, pour faire germer et naître pour les rendre dignes du temps et de la terre. 2 Ne le confondez pas avec un ingénieur froid ne le confondez pas avec un mystique ardent. Son intelligence brûlait sans jamais laisser de cendres, la mort n’a jamais pu refroidir son coeur de feu. 3 J’aime à voir Lenine pêchant dans la transparence de lac Razliv, dont les eaux sont comme un petit miroir perdu dans l’herbe du vaste Nord froid et argenté: solitudes immenses, solitudes farouches plantes martirysées par la nuit et la neige, le sifflement arctique du vent dans sa cabane: J’aime à le voir là, solitaire, écoutant l’averse le vol tremblotant des tourterelles, la pulsation infinie de la forêt pure. Lenine écoutait la forêt et la vie, il écoutait les pas du vent et de l’histoire dans la solemnité de la nature 4 Il y eut des hommes du savoir livre profond, science passionée et d’autres hommes eurent le mouvement comme vertu d’âme. Lenine avait deux ailes: le mouvement et le savoir. Il croyait en la pensée déchiffrait les énigmes brisait les masques de la vérité et de l’homme et était partout partout en même temps. 5 Ainsi, Lenine, tes mains travaillèrent sans que ta raison connûsse le repos jusqu’à ce que à l’horizon on aperçut une forme nouvelle c’était une statue ensanglantée une victoire en haillons une fille belle comme la lumière couverte de cicatrices et souillée de fumées. Depuis les terres lointaines les peuples la regardèrent c’était elle, sûre d’elle c’était le Révolution. Et le vieux coeur du monde se mit à battre autrement. 6 Lenine, homme terrestre ta fille est arrivée au ciel. Ta main fait mouvoir les constellations. Cette même main qui signa des décrets sur le pain et la terre pour le peuple cette même main s’est faite planète: l’homme que tu fis s’y construit une étoile. ... Merci Lénine pour l’air, le pain et l’espérance. *** P.Neruda (navegaciones y regresos, 1959? traduc perso) * (Il y avait encore trois paragraphes, mais je vous en fais grâce, et à moi aussi)
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philippe
| Envoyé mercredi 24 septembre 2003 - 16h58: | |
Merci Aaron d'apprécier Neruda sans oeillères |
   
Leezie
| Envoyé mercredi 24 septembre 2003 - 23h30: | |
Bonjour et bienvenue Philippe... j'étais partie pour te dire qu'il y avait une rubrique poésie du monde où tu pouvais parler des auteurs d'Afrique et de l'océan indien... et puis tout à coupje me suis dit que tu n'étais peut-être pas Philippe Landreau, mais Philippe Vallet... (ou un autre?) voilà voilà (ouais je sais je suis trrrès indiscrète) |
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