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66 zone franche - Le forum de Francopolis » Textes » A R C H I V E S » Les textes du 01.10.2003 au 31.12.2003 » Dans le village d'Asie « précédent Suivant »

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Stél*
Envoyé samedi 04 octobre 2003 - 00h56:   

Bonjour, normalement, les lignes ne sont pas toutes droites (disposées en cascade), mais le serveur discus
les réaligne automatiquement. Le texte devrait (je pense) passer dans sa disposition originelle sur poesie.fr)

-- Dans le village d'Asie --


un
deux
trois

le soleil boit

une main encercle une autre main posée sur une surface inconnue
la main interroge des yeux qui ne lui correspondent pas
mais qui sont peut-être les siens

tenter de les réunir
elle apprend regarde vérifie
recompte tout

elle ne s'en faisait pas elle avait le temps elle versait des histoires dans l'eau
des sortes de paquets-cadeaux
qui flottaient puis s'enfonçaient dans la profondeur
avec le même élan que s'ils s'envolaient
she waved softly
avec la sensation de traverser quelque chose à chaque fois
une porte à peine apparente à peine soulignée
qui se refermait derrière elle
et pour revenir sur ses pas
il lui faudrait d'abord faire le tour du reste du monde

elle disait j'apprends
j'ai passé toute une vie dans le village d'Asie
les mains dans la rivière pour chercher si de l'or ne se serait pas échappé d'un instant qui aurait
glissé d'un autre instant
et de ce simple frottement serait né la petite partie du monde
la saillie apparente que nous connaissons

et depuis
tout le monde faisait la course aux étincelles
elle
elle ne pouvait pas se hâter
des fois qu'il se passe quelque chose juste à la fin

she waved softly
sa main remontait lentement à la surface

elle disait au revoir
à toutes sortes de créatures qu'elle regrettait d'avoir convoquées
si tard
elle prenait son temps pensait à des plats chauds qui parcourraient son corps
descendraient en elle en la brûlant
il est cinq heures il faut que je rentre il faudra bien que je rentre un jour
il faudra faire le tour du monde je devrais me mettre en route maintenant
je m'attarde et je diminue de volume
bientôt on ne me verra plus
mais s'il se passait quelque chose
là dans l'eau
de l'or apparaîtrait
tout près de ma paume
puis comme je ne le regarderais pas il rebrousserait chemin
cela se passerait pendant les dernières secondes
celles où je me lèverais et ferais sêcher mes mains au vent
les seules où je tournerais le dos pour ne pas montrer mon émotion

pourrais-je me pardonner
de ne pas avoir vu ?

je reste encore un peu
she waved softly
j'ai faim les créatures ouvrent l'appétit
mais elles ne nourissent pas

les défauts les défauts
elle disait un peu n'importe quoi et les paroles cachaient d'autres paroles
ce midi dans le village d'Asie
pour la première fois depuis vingt ans que je suis là
j'ai préparé une omelette comme chez nous
et sa forme irrégulière m'a fascinée
j'ai pensé à créer une publicité pour ceux d'ici qui veulent éviter de vivre
mangez des cercles des carrés des ovales parfaits et vos formes se
modifieront et deviendront
en quelque sorte ce que vous rêvez d'être
des morts ou même des gens vivants
mais toujours autres que vous
ma main remonte à la surface je vous raconte tout ça en attendant
ne partez pas n'ayez pas ce mouvement de tête qui se recule
je vous ressemble
je cherche de l'or
pour fabriquer l'Éclair
j'apprends

j'avale des surfaces lisses qui épouseraient parfaitement les parois du ventre
mais pas tout à fait pour qu'il existe des pressions et des dérobades
géométries à jouir sur lesquelles glisseront nos ancêtres
privés de poignées pour se raccrocher à nous
vieillards sur un tobbogan
soudain privés d'autorité par la vitesse
la catastrophe qui nous rendra la vie
la vitesse à laquelle ils passent les transformera en traits imprécis
les mains ouvertes les doigts qui tenteront de dénombrer
quoi ?

si je veux arriver au village d'Asie
je dois tous les ôter de moi
pour un temps

elle racontait la suite
les mains toujours dans la rivière
l'omelette irrégulière s'est diffusée en moi
comme un jeu de cartes chaudes et vivantes
avec des créatures qui valent des points qui jouent toutes seules
et toutes les cartes rassemblées formaient une autre rivière
à prendre dans les mains à distribuer
à presser contre son corps pour les imprimer dessus
et savoir combien de points on vaut

les défauts les défauts
nos mains se serrent
j'apprends
le tourbillon et les yeux qui se lèvent
très haut dépassent le ciel
j'apprends ma tête qui se renverse
vers ce qui vit derrière moi et que je ne vois jamais
mais sens toujours

les défauts
les défauts
she waved softly
je faisais signe à l'or
viens maintenant
l'Éclair ne se fabriquera pas tout seul
viens maintenant
pas plus tard
maintenant
ma bouche touchant presque l'eau je parlais à travers
j'envoyais à l'or avec ma voix des sortes de paquets-cadeaux
maintenant
maintenant
qu'il vienne et qu'il saute dans mes mains
que l'on convoque des ombres pour le mettre en relief

je pars pour le village d'Asie
où que se porte mon regard des brins succèdent aux brins
des lacs succèdent aux lacs
de temps en temps un village plat aux maisons basses
le soleil boit l'immensité des steppes
quelque chose se gorge de moi

j'habite le Grand Monastère
en un lieu isolé qu'on nomme le monde
j'apprends

j'apprends la fusion des ongles entre eux
mêlés en une masse indistincte
de nacre liquide
le reflet
de deux lunes qui s'aiment
dans un lac agité
je lève les yeux pour vérifier si tout le monde est là
silhouettes fluides qui observent derrière les fenêtres sans vitres
et se caressent secrètement sans que ce soit visible
le soleil boit
nos mains se serrent
et je vois toutes les ombres du village d'Asie
bouger

elle me racontait tout ça en mangeant son omelette à la hâte
pour le moment
il n'y a ni steppe ni lac ni brins ni villageois troublés lui disais-je
tu n'es pas pressée l'or est un oiseau lent
l'Éclair existera en son temps
alors elle me montrait sa main trempée
et une paillette d'or dans ses cheveux
ils m'attendent tu vois ils sont déjà là
je pars pour le village d'Asie

she waved softly
tu feras la vaisselle
je n'ai plus le temps
ne regrette rien je ne te retire pas
je te suspends à mon côté comme une clé
on se retrouvera la terre est ronde
c'est obligé
je reviens
par l'autre côté

une ombre immense recouvrait la maison
quelque chose l'attendait dehors
une sorte de véhicule accroupi et patient
un autobus un chien fantastique et immense
une steppe où le vent écrirait quelque chose
un lac qui prendrait corps et la prendrait dans ses bras d'eau
toute créature splendide à chevaucher ferait l'affaire
elle me disait tout ça en dessinant des sourires
sur dessous dedans avec pour
en refermant le tiroir aux objets comme s'il avait été doué de parole
elle était pressée elle avait peur de se déformer
de rester une seule seconde de trop dans la maison

la course aux étincelles reposait sur un équilibre délicat
il ne fallait pas appuyer trop sur la feuille
ne pas trop marquer le monde
ne pas trop souligner les traits

un seul souffle
clair et décidé
nos mains se serrent
tout un monde à peine entr'ouvert
une estompe
she waved softly
toucher le papier d'un cil suffisait

elle sortait même dehors même dans un espace découvert et
immense elle trouvait le moyen de traverser une porte et en sortir comme si elle passait
sans cesse
des épreuves invisibles des rivières des ponts de lianes au-dessus du vide
elle disait au revoir quand elle arrivait
et rien quand elle partait
ferme tes paupières je vais appuyer doucement dessus
pour te laisser mon image
garde la bien en vie
j'en ai besoin pour retrouver mon chemin

she waved softly
le temps que je rouvre les yeux
elle était déjà là-bas
et sous mes paupières défilaient des images de steppes et de lacs
un horizon immense aux villages plats
les années passaient comme des minutes
je suis là tu m'entends ?
je cherche de l'or j'apprends
je suis dans le village d'Asie j'ai joué un tour aux gens
j'ai mis mes mains comme ça puis comme ça
et je leur ai fait croire que je suis née chez eux par magie
vingt ans ont passé je m'appelle Ourse Miraculeuse
j'ai les yeux bridés un tout petit nez
je suis une excellente cavalière
je porte un manteau rouge un peu usé et doublé de fourrure
aujourd'hui ils me voient partir comme toi tu viens de me voir partir

vingt ans ont passés et je reviens déjà
toi tu t'en es à peine aperçu
tu as tout juste fermé et rouvert les yeux
je suis sûre que tu n'as même pas encore fait la vaisselle

ses yeux s'arrondissaient son nez s'allongeait
ses mains remontaient lentement
disaient au revoir aux créatures franchissaient des paliers
devenaient de plus en plus claires
et continuaient de verser des cadeaux dans l'eau

maintenant je reviens je ne ne peux plus attendre
j'ai assez d'or pour l'Éclair
est-ce que tu es prêt ?
maintenant
regarde vers l'autre côté de la Terre

she waved softly
ouvre toi pousse des cris éjecte ton propre corps
port de tête port de ruine
dieux giclés
quelque chose résiste dans le tunnel
tout est noir il fait des coudes
au tout dernier moment les étincelles se mettent à briller
une main encercle une autre main
c'est mieux je vois devant moi
je reviens du village d'Asie
je suis encore fraîche
du lac où j'ai cherché de l'or
le soleil boit
quelque chose se gorge de moi
je suis comme toi
j'apprends
dans le Grand Monastère
en un lieu isolé qu'on nomme le monde
j'apprends

les mains s'accrochaient ensemble par des petites pressions douces et
irrégulières
chaque doigt sur le doigt qui lui correspondait
j'apprends
tout devient chaud quelque chose va bondir et mordre

mais le monde autour était encore doux
familier
avec cette lumière troublée
propre aux rivières dans lesquelles les mains s'attardent
she waved sofltly je suis encore plusieurs
mes mains trempées dans les années
je cherche de l'or pour rassembler l'Éclair
nous scintillons appuyés les uns aux autres
chaque partie pousse un halètement
j'apprends
tout ce qui fait que nous ne sommes pas une ligne droite tracée de la
terre au ciel
êtres que nul rayon ne peut traverser sans faire des boucles et des
détours
une sorte de manie d'écrire qu'aurait la lumière
au lieu de continuer tout droit à travers le corps
en moi je convoie des tunnels courbes et des fractures d'hyperbole
j'assimile l'onde de choc comme un nouveau savoir

tu lèves tes yeux tu comptes tu vérifies
la place des choses a changé
tu respires à un autre rythme
tu te précipites en pensée
pourquoi tu halètes ton corps ne cours pas
ton souffle est clair comme un jardin déployé
tes mains s'approchent de la surface

de ta paume
l'eau glisse dans l'eau
rejoint la profondeur
adieu mon village
adieu l'Asie
she waved softly

ces retours sont toujours semblables à une corbeille
aux fleurs si grandes qu'on ne voit pas
derrière
le corps qui les offre
sauf le sourire de sa faim
la lumière clignote de plus en plus rapidement
je contemple la boue qui pulse
je m'installe confortablement pour assister à l'arrivée
de la course aux étincelles

une main encercle une autre main posée sur une surface de plus en plus
brûlante
personne ne bouge

je suis presque revenue
j'ai trouvé beaucoup d'or
j'en ai suffisamment pour fabriquer l'Éclair

nous essayions de refermer ensemble
sur quelque chose qui nous rassemble
nos mains déjà l'une sur l'autre

she waved softly
elle est arrivée
à l'improviste comme une amie
l'Éclair commençait déjà à se former
ça y est je suis là j'ai fait le tour de la terre
j'ai demandé qu'est-ce que je te sers elle a ri avec moi
plus tard plus tard
avant tout l'Or à quelque chose à nous dire
maintenant c'est lui qui nous cherche
et nous apprends

trois
deux
un
pendant la seconde qu'à duré la lumière
j'ai eu le temps de comprendre que
fondamentalement
nous sommes nourriture

she waved softly
je me souviendrai toujours du village d'Asie
j'ai répondu
moi aussi

04-10-2003
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Leezie
Envoyé samedi 04 octobre 2003 - 18h48:   

vous pouvez aussi lire ce texte dans sa disposition originale sur le forum rouge et or

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philippe
Envoyé dimanche 05 octobre 2003 - 18h15:   

Qui dansera demain quand la nuit aura rejoint le jour ?

Qui dansera demain quand la nuit aura rejoint le jour, est-ce ce papillon aux multiples couleurs qui n’est qu’une lumière matérialisée à mes yeux ?
Le temps n’hesistait pas avant d'hésister et les hommes sont trop sür d’aimer les certitudes !
La certitude d’aimer me rendra heureux quand elle sera acquise mais que de chemin ne reste-il pas !
De ces jours, des nuits se passent pour des corps qui se décomposent et j’ai rêvé d’avoir un enfant de Vénus, là où je sais qu’il n’y a que l’amour !
Qui dansera demain quand la nuit aura rejoint le jour, est-ce ce papillon aux multiples couleurs qui n’est qu’une lumière matérialisée à mes yeux ?
Est-ce paradisia latin ou ces trois lettres hindous ?
Le temps n’hesistait pas avant d"hésister.
Ce soir, je regarde un film de cinéma pour une poésie.
Le cinéma n’est-il pas pour les humains de la modernité qui s’ennuient ?
Je me souviens qu’il m’a soulagé de mes souffrances passées.
Les souffrances donnent de l’amour aux jeunes fleurs qui ne donnent pas encore de corolles comme quand il n’y en a pas !
Les automnes et les hivers sont la maturité et vieillesse des hommes qui ont grandi.
Qui dansera demain quand la nuit aura rejoint le jour, est-ce ce papillon aux multiples couleurs qui n’est qu’une lumière matérialisée à mes yeux ?

http://www.philippe-bray.net

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