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aar
| Envoyé samedi 18 octobre 2003 - 12h55: | |
Ah ce bon vieux nombre Pi qui trône dans notre mémoire d’écolier comme un empereur désargenté. Wislawa Szymborska nous fait faire un drôle de petit tour du monde accrochés à la queue de ce malicieux π .... Admirable nombre Pi : trois virgule un quatre un. Chaque décimale est à la fois la suivante et la première cinq neuf deux, puisqu’il est un chiffre sans fin. Trop vaste six cinq trois cinq pour le saisir d’un seul regard huit neuf, d’un simple calcul sept neuf, avec l’imagination trois deux trois huit, ou d’une blague Trop vaste pour le comparer quatre six à quoiqu’il soit dans le monde. Le plus long serpent terrestre cesse d’exister au bout de quarante mètres. De même, mais légèment plus loin, les serpents de légendes. Pi, avec son cortège de décimales ne s’arrête pas à la bordure de la page, il continue sur la table, traverse l’air le mur, la feuille, le nid d’oiseau, les nuages, le ciel jusqu’à un paradis flou et sans fond. A côté de lui, la queue d’une comète n’est qu’une queue de souris. Même un rayon d’étoile plie sous le poids de l’espace. Mais lui, deux, trois, quinze, trois cent dix-neuf, mon numéro de téléphone, votre encolure, l’année mil neuf cent soixante treize, sixième étage, soixante cinq centimes, nombre d’habitants, tour de taille, deux doigts, une charade, un code, chant du rossignol, promesses d’amour... Inutile de vous presser avec lui, vous n’y arriverez pas au bout. La terre et le paradis, eux-même, sont temporels mais pas notre Pi: son cinq sera toujours parfaitement droit son huit remarquablement beau et son sept ne sera jamais le dernier à pousser du coude cette flemmarde d’éternité pour l’obliger à continuer. WSzymborska (traduc perso) .... |
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