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aar tatum
| Envoyé lundi 20 octobre 2003 - 18h41: | |
. copie conforme Je vous présente mon double mon autre moi mon calque ma copie carbone celui qui parle quand je voudrais parler celui qui fume ma pipe quand je ne suis pas là. mon double et moi, on est fait du même bois du même partage nos peines, nos feuilles, nos joies, nos petits secrets dans la rue, c’est lui qui porte mes gants et mon chapeau dans un roman c’est moi le lecteur, c’est lui le héros dans la vie quand il faut pointer à l’atelier à la morne routine des jours il s’esquive ni une ni deux pour aller vagabonder les encoignures de la planète terres de feu canyons sibéries secrètes et je passe ma journée à le chercher dans tout le fouillis du monde pour le ramener à la maison avec ses écharpes et ses colorados auprès des femmes je le laisse faire il est meilleur que moi. avec ses allures de prince russe désargenté il vole tous les succès tandis que moi, à la maison, je l’attends en regardant la télé ou avec une livre de Schopenhauer. Mon double et moi on se ressemble tellement qu’il est souvent difficile de savoir lequel est lequel l’original et la copie Ce qui m’oblige périodiquement à repiquer la copie pour restaurer mon moi original, (et inversement) Dorénavant, pour nous identifier et dissoudre tout quiproquo quand mon double porte une chemise blanche je mets une chemise rouge . |
   
mary
| Envoyé lundi 20 octobre 2003 - 19h48: | |
Une beauté sobre ! P. S. très intéressant : "Moi et mon double " de Witold Gombrowicz : écrivain, provocateur et philosophe.
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Anonyme
| Envoyé lundi 20 octobre 2003 - 23h40: | |
Je m'infiltre d’un Double, vers un regard conv’nable Aux gestes dans ma tête A armes inégales Que recouvre le temps Aux noyades de rires… L'émail de l'enfance Mes airs démocratiques…Dans leurs jouets d'adultes. Au passé composé…D’instants de contorsions Au prix de tout silence… Derrière chaque serrure Aux portes sans issues Au noir d’une maison Les nuits de commissures Les dents à fleur d’écume Avec pour seul ennui, d’inavouables extases… En vagues épidermes… L’odeur des plaisirs… Et des genoux meurtris Cachés sous une larme… Mélangée d’apparence Au compte d’ordonnances… Au compte de services De l’aut’e coté d’moi-même Cachée derrière un double…Pour une autre conv’nance De l’aut’e coté d’ma tête Pour me jouer d'adultes. Qu’invisible au présent L’autre âge me r’allume
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jml
| Envoyé mardi 21 octobre 2003 - 02h33: | |
j'aime beaucoup cette dualité et j'ai écouté du art tatum pour le lire. |
   
Witold
| Envoyé mardi 21 octobre 2003 - 07h56: | |
Chacun connaît sans doute cet état d'esprit qu'on éprouve au réveil (…) Vous vous frottez les yeux, bouleversé jusqu'aux fonds des entrailles, révolutionné de haut en bas (…) Quelque chose vous pousse, et pourtant vous ne bougez pas de votre place, la vie répand en vous son flot tempétueux, bat contre vos rivages, et vos rivages perçoivent avec quelle force vous dressez, baigné de sueur, face à votre destin, face à votre vie jetée en pâture aux chiens. Vieux birbe, anti-poétique et rigidifié, je n'inspirai plus jamais de poèmes (…) C'en était donc fini, une fois pour toutes, finis les azurs et les lointains et l'incertitude(…) Que me restait-il ? Le travail, le travail - décrocher un poste par le travail pour au moins leur faire peur (…) *** Il semblait qu'il n'y avait rien de plus difficile que d'être soi-même, ni plus ni moins. ce mot impliquait une affreuse nudité. D'ailleurs j'avais craché sur l'esprit et il s'était enfuit. "Non, non - murmurai - je, recroquevillé et frémissant, - je ne veux pas être moi-même. Je préfère servir à quelque chose, servir quelque chose ou quelqu'un, Il faut immédiatement, sans plus tarder, trouver à servir, trouver de quoi se couvrir car il fait froid et c'est indécent. Il faut, il faut servir." 1935 Witold Gombrowicz (1904-1969)
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aar
| Envoyé mardi 21 octobre 2003 - 12h06: | |
Merci Mary de cet extrait de Gombrowicz (un polonais ? ) On n'est pas provoquant du tout en disant le vrai. "je ne veux pas être moi-même" il n'a pas besoin de dire qu'il ne veut pas être lui-même, puisque personne n'est soi-même, puisque soi-même n'existe pas n'est que le fruit, le résultat de croyances des fragments de ceci de cela assemblés en tout hasard, que des faux-semblants qu'on agite comme des grelots mais chut..... il ne faut pas le dire, on est tous des poètes
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Wolvess
| Envoyé mardi 28 octobre 2003 - 16h14: | |
J'ai vraiment aimé ce texte aussi, Aar. C'est vrai qu'il est écrit avec beaucoup de sobriété mais je l'ai lu voici quelques jours et je me suis surprise à y repenser plusieurs fois. Les images semblent me hanter. Je crois que c'est parce qu'elles représentent un thème universel, celui de la dualité en chacun d'entre nous. Je tenais à te dire combien ce texte me plaît. :-) |
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