Ressenti Rouge Log Out | Thèmes | Recherche
Modérateurs | Fiche Personnelle

66 zone franche - Le forum de Francopolis » Textes » A R C H I V E S » Les textes du 01.10.2003 au 31.12.2003 » Ressenti Rouge « précédent Suivant »

Auteur Message
Top of pagePrevious messageNext messageBottom of page Link to this message

Elisa Aguirre
Envoyé mercredi 22 octobre 2003 - 16h15:   

RESSENTI ROUGE



Ma robe est blanche, une grosse tache rouge, au milieu, sur le devant. Du sang jailli d’une blessure, du jus de fraises ? de cerises ? Défloraison neuve ?
A mesure que l’après-midi s’écoule et que le soleil monte, la tache s’étend, bientôt, toute ma robe va être couverte. J’ai froid, c’est humide. J’ai mal, encore.
C’est le sang qui émane du cœur, en plein sexe.
Suis-je simplement une femme qui souffre, rouge du sang versé ?
Sont-ce des menstrues, mais non, c’est mon cœur qui saigne.
Atteinte en profondeur, c’est mon sexe qui sanglote, comme un oignon de fleur rouge carmin.
Suis-je la Chloé de Colin, perdé-je mon sang sans fin, vers la mort ? Suis-je en train de mourir ?
Est-ce un viol moral ? Non, béatitude, parce qu’elles ne sont pls là, celles qui m’embêtent.
Mon désir revient, plus chaud, sanguin, vivant, je me change, j’enfile un pantalon et un tee-shirt blancs. Juste une sensation, une pointe d’envie, je suis lavée et secouée par un trouble physique. Ce n’est que cela et tout cela à la fois. Bien vivante, émue. Envie de vivre. Une vague déferlante m’envahit. Le ciel est bleu.
Et pourtant, j’ai encore mal. Mal de souffrance, de désir.
Envie de rien, de montagnes, de sang qui coule, envie de me regarder, de me voir sanglante et jouissive. C’est agréable, cette jouissance, ça imprègne. Ca livre pieds et poings liés à l’autre, à l’homme qui ne me veut pas encore, mais je suis prête, j’oscille, comme une fleur marine, il remue, à l’intérieur, tout ce sang, c’est la vie qui m’ébranle. Quel plaisir ! Maintenant, je ne souffre plus.
Je pleure, des larmes de feu, de désir.
J’oscille, et sur ce fond de mer qui me parvient à travers mes artères, je trouve le fondement de moi-même, mon désir, à chaud. Le vent m’apporte une part du gâteau, des graines, licencieuses, des graines de souvenir, de présent, de futur, de vrai.
Et en moi, les muscles se détendent, les hanches s’arrondissent, je suis comblée, joyeuse.

Top of pagePrevious messageNext messageBottom of page Link to this message

Aglaé
Envoyé mercredi 22 octobre 2003 - 17h59:   

Je suis profondément troublée par ce texte, Elisa.
Incapable d'en parler ce soir.
Je t'embrasse
A.
Top of pagePrevious messageNext messageBottom of page Link to this message

Florent
Envoyé mercredi 22 octobre 2003 - 19h48:   

Ca submerge
Comble
Perce à nu
Et ouvre

Remué
En profondeur


Florent
Top of pagePrevious messageNext messageBottom of page Link to this message

Elisa Aguirre
Envoyé mercredi 22 octobre 2003 - 22h21:   

Merci, Aglaé et Florent, mais je n'ai jamais écrit un texte aussi vrai et poétique (à mon avis)
Top of pagePrevious messageNext messageBottom of page Link to this message

Aglaé
Envoyé jeudi 23 octobre 2003 - 17h13:   

Bien que je n'aime pas le mot lui-même, ressenti, il est aussi exact que possible pour la situation donnée. Car, il s'agit bien depuis les douleurs jusqu'au plaisir, depuis la tristesse jusqu'au bonheur des sensations si fortes, si contradictoires, qui accompagnent les heures qui précèdent, et qui suivent, le flot des règles mensuelles...et moi qui suis ménopausée depuis vingt ans, j'ai été suffoquée parl'inspiration très sensuelle d'Elisa.
Top of pagePrevious messageNext messageBottom of page Link to this message

Elisa Aguirre
Envoyé jeudi 23 octobre 2003 - 20h08:   

Aglaé, ton message me touche beaucoup. Moi aussi, quand j'ai écrit ce texte, j'étais déjà ménopausée. Je ne sais pas d'où vient ce sang, si c'est celui des menstrues ou une sublimation (si l'on peut dire)après coup. En tout cas, les règles ont toujours été pour moi quelque chose de profondément lié à la vie sexuelle et même j'irais jusqu'à dire, à l'acte sexuel. (excusez-moi si je suis un peu impudique)
Top of pagePrevious messageNext messageBottom of page Link to this message

Elisa Aguirre
Envoyé jeudi 23 octobre 2003 - 20h54:   

Excusez-moi, ça ne se dit pas.
Top of pagePrevious messageNext messageBottom of page Link to this message

Aglaé
Envoyé vendredi 24 octobre 2003 - 09h25:   

Tout peut se dire avec talent et sincérité.Ce qui est impudique c'est la mollesse et la vulgarité.Là, c'est palpitant de vie, rien à regretter...Pourtant, Dieu sait si je critique souvent tes textes. Avec des bisous, bien entendu. Mais là: chapeau!
Top of pagePrevious messageNext messageBottom of page Link to this message

Leezie
Envoyé vendredi 24 octobre 2003 - 10h25:   

tu es rouge
tu es le pain et l'aube la pliure la transparence de rivière
une eau d'été le restant du soleil
tu noues des doigts les fils
tu courbes leurs droites d'inclinaison
sur ton dos achemine une étoffe à la mer
comme du sang
que tu allumes



(bonjour et bisous, Elisa, Aglaé...bonjour Florent que je ne connais pas))
Top of pagePrevious messageNext messageBottom of page Link to this message

Sabynola
Envoyé vendredi 24 octobre 2003 - 17h20:   

Elisa
D'abord bonjour

Comme c'est bien cette façon de décrire la femme
et le chant de son corps .
Ca ressemble à mon avis à la rouge rose qui écloe
Un petit bijoux que ce texte .
Un souvenir terni, astiqué par tant de beauté de vérité et bercé par autant de sensualité, me fait presque regretter .
J'adore ce texte !
Une étape de ma vie, une vision de mon corps que je ne regarderai plus jamais du même oeil .
Merci

Sabynola
Top of pagePrevious messageNext messageBottom of page Link to this message

Elisa Aguirre
Envoyé samedi 25 octobre 2003 - 20h08:   

Sanobyla, je suis très satisfaite si j'ai pu te faire voir ton corps d'un oeil plus aimant. C'est surtout ça qui compte, je ne sais pas du tout quel âge tu as, mais l'important, c'est d'accepter ce qui est femme en soi(tu t'en doutes, j'ai l'impression d'enfoncer des portes ouvertes)
Aglaé, encore merci, je suis vraiment contente, telle que je te connais, que tu aies apprécié ce texte. Ca prouve qu'il est vrai.
Leezie, tu écris de très belles choses, et souvent, toi, veinarde !(moi aussi, ça m'arrive, en prose surtout)
Top of pagePrevious messageNext messageBottom of page Link to this message

Wolvess
Envoyé mardi 28 octobre 2003 - 16h27:   

Je le trouve aussi vraiment très fort, presque violent, ce texte, Elisa. Certaines images sont magnifiques. J'aime particulièrement celle-ci :

..."mais je suis prête, j’oscille, comme une fleur marine, il remue, à l’intérieur, tout ce sang, c’est la vie qui m’ébranle."...

qui évoque pour moi ces mystérieuses marées hormonales auxquelles nous sommes assujetties en tant que femmes.

Le postage de nouveaux messages est actuellement désactivé dans cette catégorie. Contactez votre modérateur pour plus d'informations.

Thèmes | Depuis hier | La semaine dernière | Vue d'ensemble | Recherche | Aide - Guide | Crédits programme Administration