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flo
| Envoyé mercredi 05 novembre 2003 - 11h56: | |
on avait harnaché des feux sur les dos des grands prés des choses sucrées ambrées qui bavaient des flammes vertes crépitaient larmes séchés et vieux sang autant qu’il fallait vivre partout ces miniatures de dieux ces allures de fous jaunes ces partances viscérales dessinées à grands traits de violence sur nos faces déchiraient à force de cris et de joies creusées nos poitrails caparaçonnaient d’or nos montures affolées Nos rêves cuisaient sous la cendre des explosions enserraient nos rires dans nos ventres redevenus splendeur autiste parfois un marin, un tueur de loups, un gaveur de monstres, un enfant ajouré, revenait tard de son rendez-vous avec son dernier fantôme on les convoquait à l’orée des sables patiemment : tant de discours traînaient entre eux et nous depuis tant de vies luisants dans l’herbe traces formant des runes brûlantes au touché celles-ci nous disaient que venant d’eux la mort la vie devenaient les distractions sublimes surexposition de voyance et de transparence l’infini peu alors, il nous fallait mettre en jeu ces tourbillons éméchés, conseillés lunatiques ces fantômes troqués contre sèves et verdeur et plutôt que leurs doux souvenirs leur soutirer des prophéties infimes la pitance du vivre Nos rêves priaient sous la cendre maintenant nos nombrils devenaient volubiles, bouches héroïques de l’amour, alléluia des pèlerinages sphériques, bourdon des comptines d’avant naître nous ne savions d’eux ni le lieu ni l’heure à peine leur nom de danseur leurs mouvements nous tenaient lieu d’existence et leurs derniers désirs d’oraison furieuse guides irrespectueux du vent, ils s’accommodaient surtout de la compagnie des chiens à leur approche, les niches semblaient enfin soyeuses leurs sens étaient éteints mais leurs accolades pourtant éveillaient sources neuves sous l’épiderme, jaillissement ferme des appeaux Nos rêves crachaient sous la cendre affamés, nous nous reconnaissions par nos odeurs de semence et de musc mélangés ils étaient l’hologramme de noms, le vin avant même l’outre le dur lapement d’une langue exilée nos fantômes ils hantaient les survivances à l’ennui messagers incongrus et sereins au matin, nous nous libérions des prés reconnus peut-être renaissants parfois par ce sublime va et vient des bateaux dans la poitrine de nos morts à l’embouchure du cortège nous échangions en guise de retrouvailles nos pays de souffrance l’espérance s’ébrouait sous l’œil d’un spectre heureux en équilibre sur un cordon de chair.
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