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Philippe Landreau
| | Envoyé mercredi 19 novembre 2003 - 14h47: | |
Au bout, faut il dire à cet instant précis ou semblent se cimenter l’eau le sable le fer rouillé bien avant les pluies l’abandon des chantiers, on peut à peine apercevoir la structure l’ossature des lendemains les plans du géomètre ne disent rien de cette lente agrégation des murs des fenêtres et du temps élagué. Il fallait pour passer transcrire le mouvant en monolithe, le scarifier, le figer, étager les saisons étayer les jours les reboiser structurer l’aérien pour que tiennent les étages coloniser l’espace d’étroites places où reproduire dans la contingence des étés caniculaires une semblance d’exister (étroitesse des balcons, des couloirs, des cages d’escaliers) quelques degrés de plus à descendre ou bien à monter si possible
Ce n’est pas d’aujourd’hui qu’il faille parler après le soleil son étreinte ni le feu ni la démesure une prudence que secrète la peau les pores de la maison tout ce qui est occulté jusqu’à l’économie du mouvement pour survivre (enfoncez les maisons sous la terre dans l’ambre froid de la terre, sous le derme glacé de la terre)
Il ne s’agit pas de modeler mais de construire la maison que tu cernes qui te cerne et qui nous habite vous pousserez les volets sans vous pincer ni l’âme ni les doigts vous vous ouvrirez un peu à l’espace avant qu’il ne fourmille d’étincelles et de bleu (veines battantes du plomb fondu qui coule sur les tempes) puis irez il faut tracer à mesure le chemin la ligne d’horizon des découvertes et puis prendre possession d’un territoire inachevé le vouloir inachevé pour qu’il tienne ses promesses non pas comme Pizarro King défoliant les civilisations leurs énigmes escalières jusqu’à en dénier l’existence malgré tant de preuves luxuriantes foisonnantes tant de rigueur pyramidale dressant les pierres cyclopéennes (sans vrai Dieu reconnu) jusque aux nues ou d’autres formes de croyances qui n’entraient pas dans les canons d’une vérité codifiée inquisitoriale
Dans l’entrée près des boîtes aux lettres éventrées qui vomissent des publicités, l’arbre à palabres devenu interdit depuis qu’ici se réunir est devenu un crime puni par les lois d’une république de forfaiture (chaque mot qui déroge, dérange l’ordre établi, est partout subversion, qui sévit sans ne rien proposer), plus rien n’ouvre mais dispose sans jamais de questions se poser ni de réponses opposer qu’un très vague discours sur l’avenir qui est déjà passé demain écrira aussi ses alliances de solitudes pour de nouveau dire non
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