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Philippe Landreau
| Envoyé mardi 16 décembre 2003 - 17h53: | |
J’ai préféré le monde ce matin, sa nudité, ce lieu à tout autre. Maintenant, je pose sur l’écriture un regard non moins désabusé, mais peut-être dans la patience des points et des virgules, lentement, nous respirerons. Pourquoi nous faut-il des pauses ? Parce qu’ici est née, d’un désert que nous ne pouvions pas traverser sans halte, une source à peine, une promesse où nous pourrions aller puiser le voyage. Avant de partir nous laisserons toutes nos colères. Il faut aller avec la fluidité du mirage et l’évidence très sure du mouvement, noria qui avance, jusqu’à l’heure juste, le temps. C’est l’histoire avant qu’elle ne nous désagrège qui pèse son poids de plumes, son poids de plomb, de laine et d’acier dans les balances du vent. Or, ce qui fonde non le royaume, mais sa fièvre c’est d’avoir donné au rêve son socle, sa réalité. Voilà, je t’ai tendu une nuit sans partage et un peu d’amitié, l’immobile pour avancer. Avancer, c’est très peu mouvoir et bouger beaucoup de silences. Nous entrerons dans les cathédrales de la peur, le moindre gypse est un tombeau, la lumière un déni. Il faut mettre le feu a l’huile des lampes qui consument la vérité depuis la nuit des temps. Ce n’est pas la mort qui fait peur, mais de ne pas avoir enfoncé dans l’arbre, le coin par lequel la cognée ébranle ses certitudes de toucher le ciel, sans preuves que ses lacérations de l’altitude, sans preuves que dans l’immuable, macèrent ses racines. Il y eut beaucoup de pluies, les saules, les interdits s’effondraient de partout pour renaître, avec plus d’obscurité encore.
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