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Bruno
| Envoyé mardi 30 décembre 2003 - 23h59: | |
Toi qui sus la foule avant de la noyer en toi si seul et malhabile toi qui sans fin navigue sur ce vide au bord des mots si terriblement insuffisants si impossibles à saisir toi qui n'a l'ambition que d'en avoir une, un jour toi qui a oublié ce que rêver veut dire comme le repos n'est pas dormir et la paix bien plus que l'absence de combat, toi qu'un prénom suffit à éveiller faire rêver espérer puis torturer condamner asphyxier et recommencer toi qui ne voudrait pourtant d'une autre vie moins ressentie même plus belle toi qui m'appelle du plus profond de moi et ce soir moi qui ne te répond pas
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Leezie
| Envoyé mercredi 31 décembre 2003 - 07h52: | |
c'est encore moi...j'aime vraiment beaucoup la musique de ton texte, et sa sorte de détermination à être composée, de manière dynamique Tu joues des sonorités et des rythmes avec bonheur, je trouve, presque tout le temps Ton premier paragraphe est magnifique, sans réserve j'avoue être plus, instinctivement, pour le "développement", c'est-à-dire que lorsque tu as répété une fois déjà la formule "toi qui", indiquant par là que ce thème (au sens musical) serait structurel, il me semble que le second paragraphe pose un tout petit peu problème. "Toi qui" est alors répété à l'identique, alors que j'aurais aimé arriver plus vite à sa transformation en "toi qu'un" (parce que, en fait, on comprend très vite que "toi qui" sera la base de ton poème, tu vois?) j'aime beaucoup les répétitions lancinantes des verbes,juste après, c'est très difficile à mener ce genre de répétition, regarde peut-être si tu peu leur donner plus de punch, de simplicité, de rythme quand tu dis "toi qui ne voudrait pourtant d'une autre vie moins ressentie même plus belle" j'ai l'impression, par le fond de ce que tu dis, et par la place dans ta composition, que cette phrase est essentielle, le noeud, le noyau peut-être qu'il faudrait, alors qu'elle ait un peu plus de force, mais je ne sais pas comment j'aime beaucoup, vraiment, les deux derniers paragraphes, tu joues avec grande maîtrise des mots essentiels "toi" et "moi", dans les sons, dans le rythme, dans l'organisation Un très beau texte, merci... Et j'en profite pour préciser que je ne considère pas mes remarques ni comme définitives, ni comme absolues et portant un jugement, c'est seulement un point de vue, un ressenti personnel |
   
Bruno
| Envoyé mercredi 31 décembre 2003 - 12h12: | |
oula ! Voilà ce qu'à mon avis toute personne qui écrit adorerait sans réserves recevoir comme critique ! Merci pour ton regard, ta précision dans les détails ... Je ne vois pas bien comment je pourrais éviter les "toi qui" dans le deuxième paragraphe sans affadir ... mais la remarque est justifiée, cela fait peut-être un peu ... scie ? :-) Pour la liste de verbe, il y a en effet un problème de rythme à la lecture que j'estime du à l'absence de virgules. Est-ce mieux ainsi ? "... toi qu'un prénom suffit à éveiller faire rêver espérer, puis, torturer condamner asphyxier, et recommencer" Pour le "noyau" ou "noeud" ... oui c'est un point essentiel en effet ... et je n'ai pas voulu l'alourdir (ce qui est un de mes graves défauts dans l'écriture il paraît, alors je me méfie ;-) ). Je ne prend pas non plus tes remarques comme le jugement de dieu, mais on apprend beaucoup de quelqu'un qui ne se contente pas d'aimer ou de détester, mais qui dit pourquoi, et les moments où ça "passe" moins bien, avec le pourquoi aussi. C'est exactement ce genre de critiques que je n'espérais plus trouver ... Merci encore, et à bientôt :-)
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Bruno
| Envoyé mercredi 31 décembre 2003 - 12h18: | |
après réflexion, je propose pour le noeud : "Toi, pourtant, qui ne voudrait d'une autre vie moins ressentie même plus belle" qui me semble (peut-être ?) plus équilibré |
   
Leezie
| Envoyé mercredi 31 décembre 2003 - 13h49: | |
oui j'aime bien ! ou peut-être tu aurais pu aussi jouer du facteur visuel et écrire "toi qui ne voudrais pourtant d'une autre vie moins ressentie même plus belle" venant après la série volontairement étouffante d'infinitifs, cette écriture mettrait clairement en valeur un mot essentiel et ferait choc, respiration tu dis : 'Je ne vois pas bien comment je pourrais éviter les "toi qui" dans le deuxième paragraphe sans affadir ... mais la remarque est justifiée, cela fait peut-être un peu ... scie ? :-)"' non, non pas du tout, c'est un élément essentiel de ton texte, et même si ça faisait scie, ça aurait un sens, de le répéter, mais je voulais dire que, moi, j'aurais sans doute voulu faire avancer, transformer, travailler ce thème, donc qu'il soit présenté différemment, et en provoquant une accélération des choses dans le texte. Il me semble que tout n'a pas la même vitesse dans un poème, certaines phrases sont plus lentes, d'autres avancent plus, par exemple, si tu dis "sous le pont Mirabeau coule la Seine et mes amours", tu ne vas pas avoir envie de le dire très vite, au contraire, tu vas avoir envie de t'installer dedans, comme dans une immersion progressive ensuite pour la suite de verbes, je me suis peut-être mal exprimée, mais je trouvais ça vraiment très bien déjà, je te disais trouve plus de force, mais tout simplement parce que ce genre de suite de mots n'a jamais assez de force, en fait, on peut toujours tenter d'en mettre plus, de faire encore plus ressentir l'enlisement, l'étouffement pour la virgule, donc là, tu joues sur l'aspect visuel que tu ajouterais à l'aspect auditif de ton texte. Je ne sais pas... il faut que je relise pour voir ce que je trouve le mieux, ou ce que j'aurais eu, moi envie d'écrire plutôt. Je crois que moi je resterais sans virgule tu dis enfin : "et je n'ai pas voulu l'alourdir (ce qui est un de mes graves défauts dans l'écriture il paraît, alors je me méfie ;-) )." ah bon? marrant, ça ne se voit pas du tout dans les deux textes que tu as postés ici et aussi, est-ce un défaut d'écriture, d'écrire lourd? si cela a un sens? je ne crois pas, cela peut au contraire véhiculer, par le visuel et par le son, tout ce qu'on a envie de dire comme étouffement et comme lourdeur, justement
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Leezie
| Envoyé mercredi 31 décembre 2003 - 13h58: | |
je redis que mes remarques n'ont rien de prétentieusement didactique,surtout tu arrives juste maintenant sur la place des Francophones, ton écriture m'est inconnue, et je mets en général longtemps à connaître les gens, même les gens-écritures il me faut donc m'habituer, probable que demain ou après demain, déjà, le contact avec ces textes ne sera plus le même exactement chez moi j'ai aussi envie de dire ceci, ça m'arrive de lire dans des commentaires "on dirait de la poésie d'internet", phrase voulant signifier, qu'il faut faire attention à nos échanges internautiques, ils peuvent nous faire avancer, mais ils peuvent aussi tenter de tout raboter, tout ramener à une sorte de langage standard l'important est de trouver sa propre langue, tout est permis, toutes les sonorités tous les rythmes, toutes les organisations, et les plus surprenants, tant que cela arrive à nous faire dire exactement ce qu'on dit |
   
Bruno
| Envoyé mercredi 31 décembre 2003 - 15h58: | |
Je comprend bien le problème "d'adaptation" à l'autre ... comme en musique il m'arrive de totalement détester un disque à la première écoute, et il sera finalement un an ou deux après parmi mes quelques préférés que je juge indémodable. Pour n'en citer qu'un : U2 - Achtung Baby (début des années 90, mais je m'égare :-) ) Pour la poésie internet ... en fait j'ai eu une phase où j'écrivais directement sur le pc, ce qui favorisait les corrections par après ... mais justement le risque est de trop utiliser l'outil parce qu'il est trop pratique. Comme quand on achète trop dans les magasins tellement c'est simple avec la carte de banque, un petit code et hop inconsidérément. Idem pour les corrections sur PC, c'est trop facile et l'essense du texte s'y perd. Je préfère le contact avec le papier, comme je n'aime pas raturer j'ai encore le réflexe de bien peser mes mots avant de les écrire, c'est en fait quasiment une des deux seules phases de travail de mes textes : écriture "réfléchie" (avec corrections à la volée) et recopie. Les deux dépendent de moi, et rien que de moi. Pas donc de risque d'être influencé par un "standard" internet. Sauf évidemment quand je me laisse emporter par des commentaires pertinents (comme aujourd'hui), mais là, parce qu'en tant qu'auteur du texte j'ai ressenti tes commentaires comme justifiés, et j'ai trouvé une solution qui me convient et que tu ne m'as pas dictée. A part ça ... bonnes fêtes et meilleurs voeux :-) |
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