Année Jacques Brel: à vous de me dire... Log Out | Thèmes | Recherche
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florence
Envoyé vendredi 18 avril 2003 - 10h28:   

C'est l'année Jacques Brel en Belgique, de nombreux événements ont été et vont être organisés dans ce cadre.

Sans doute certains d'entre vous n'ont-ils jamais pu supporté Jacques Brel, ses chansons, lui, je ne sais pas...

Mais d'autres, comme moi, ont découvert un univers, une poésie, des airs qui traversent les âges et els ont peut-être même influencé dans leur écriture, leur regard sur le monde.

Moi, il fait partie intégrante de mon éducation culturelle. Il est tellement intégré que ca relève de la passion identitaire ;-))

Mais vous? Oui, vous de partout, ici, ailleurs, là bas.

Si vous avez aimé ne fut-ce qu'une chanson du grand Jacques, dites-moi ici ce que vous avez aimé, quel(s) textes, pourquoi, ce que vous y avez trouvé, ce que sa langue, son univers vous ont apporté.

Quelques lignes pour évoquer un texte, le décoder, ou se décoder, pour évoquer un souvenir, un monde, ou un air, et cela sera publié sur francopolis dans un petit dossier le mois prochain.

A vous de vous exprimer !

Flo

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flo
Envoyé vendredi 18 avril 2003 - 10h34:   

Pour trouver les paroles de ses chansons :

http://www.paroles.net/artis/1006
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Marc Rosset (Marc)
Envoyé samedi 19 avril 2003 - 17h35:   

orly ...sans sourciller,
merveille des textes,
et de l'accompagnement musical
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Aglaé
Envoyé samedi 19 avril 2003 - 19h27:   

Brel, ...Une adoration pour toute la famille...
Une gueule, une nature, une émotion, une puissance...Jef...Le Plat Pays...Chez ces gens-là...Mathilde...tout quoi; Un homme total, vivant,on aurait aimé être son ami...ou l'avoir comme grand'frère. Il aimait beaucoup Brassens dont il a dit:"Il est comme un grand arbre de Noël qui ne fait pas d'ombre..." Aucune petitesse chez cet homme-là...
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jean guy
Envoyé mardi 22 avril 2003 - 12h06:   

Il y a quelque chose de mystérieux dans cette passion qui nous attache à ce Brel. L’œuvre de Brel n’est que de déraison, irréflexion, poussée de fièvre, réactions épidermiques, comme une crise d’adolescence interminable avec ses cris, ses pleurs, ses colères, ses désespoirs, ses peurs, ses angoisses, son courage, ses élans de générosité, sa soif de justice, son incapacité à être juste, ses passions amoureuses éternelles, ses arrangements au jour le jour, ses envies d’absolu, son aptitude au malheur, ses petits mensonges, sa générosité, ses replis égoïstes, ses envies enfin d’être adulte sans vouloir jamais le devenir.

Ce qui nous attache à son œuvre, nous qui un jour avons forcément choisi, ou par obligation, de devenir grands, nous qui avons, d’une manière ou d’une autre, volontairement ou non, par ambition, par peur du lendemain ou sans savoir vraiment pourquoi, rejoint le monde des grands, du raisonnable, du réfléchi, ne serait-ce pas l’éternel regret de cet enfer/paradis, de ce temps, irrémédiablement perdu, ce temps de tous les possibles, de toutes les contractions, ce temps, ce monde dont il nous rouvre les portes et que nous réinvestissons avec ses frissons à la clé, le temps de quelques chansons.

« Après mon dernier repas
Je veux que l'on m'installe
Assis seul comme un roi
Accueillant ses vestales
Dans ma pipe je brûlerai
Mes souvenirs d'enfance
Mes rêves inachevés
Mes restes d'espérance
Et je ne garderai
Pour habiller mon âme
Que l'idée d'un rosier
Et qu'un prénom de femme
Puis je regarderai
Le haut de ma colline
Qui danse qui se devine
Qui finit par sombrer
Et dans l'odeur des fleurs
Qui bientôt s'éteindra
Je sais que j'aurai peur
Une dernière fois. »

« Le dernier repas » enregistré 1964, Brel avait 35 ans

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jean guy
Envoyé mardi 22 avril 2003 - 16h27:   

MAis aussi.....

Je dois aussi avouer qu’en Belgique l’année Brel prends des proportions énervantes. Brel y est devenu une sorte d'icône sacrée, d’immense statue comme on peut en voir dans certains pays à régime autoritaire, vidée de sens, vidée de ce qui justement fait de lui ce mystérieux et indélébile compagnon de voyage.

Oserais-je dire que la faute en incombe aux médias friands de gloires nationales
mais pour une bonne part aussi (surtout) à sa fille France et sa fondation « Jacques Brel » qui s’attache plus à « cultiver une personnalité » toute belle toute gentille style bon père, bon mari plus qu’à promouvoir la réflexion, l’analyse, la discussion sur une œuvre, sur le pourquoi de l’attachement indéfectible du public. Il suffit pour s’en convaincre de visiter le site officiel de la fondation qui est d’une pauvreté affligeante, biographie rachitique, indigente pour ne pas en dire plus, aucune bibliographie des ouvrages consacrés à Brel et à son œuvre, jusqu’à en oublier de mentionner les musiciens qui on fait les musiques de certaines de ses chansons et à ne mentionner de façon quasi accessoire ses accompagnateurs, arrangeurs François Rauber et Gérard Jouanest qui lui ont permis au début des années 60 d’opérer la formidable mutation qui l’a transformé en véritable homme de scène et de théatre.

L’année Brel, ici à Bruxelles, juste un peu énervant, mais c'est parce qu'on l'aime bien le Jacques !




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jean Guy
Envoyé mardi 22 avril 2003 - 17h13:   

Je viens de rapidement relire le 1° de ces deux textes, il faut bien sûr rectifier. Il s'agit de lire dans l'antépénultieme ligne : "de toutes les contradictions" et non pas des contractions.

Et dans la toute première ligne "qui nous attache à Brel" et non pas "à ce Brel"
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florence
Envoyé mercredi 23 avril 2003 - 09h39:   

Tu habites Bruxelles Jean?

je l'ignorais :-) Nous fréquentons donc les mêmes rues, de temps à autre. :-)

Moi, je ne sais pas, comme je n'ai pas l'occasion de suivre ces "festivités" de près, ca me choque moins le ramdam qu'on fait autour de cette année Brel. j'ai découvert cela en allant dans la galerie de la Reine et en voyant les très belles photos de scène qui sont suspendues dans les airs...

Et puis, je ne sais pas si tu es français ou belge, mais si tu es belge, tu viens d'avoir un vrai réflexe d'autodéfense culturelle comme on les aime chez nous ;-)

Surtout ne pas trop louanger ni mettre l'accent sur ce dont on peut être heureux culturellement... rester critique en toute circonstance. Préférer les miracles du hasard aux magnificences des grandes pompes. Et il est vrai que c'est dans cette culture qui ne s'avoue jamais vraiment, que beaucoup de talents sont nés et ont créés. C'est vrai que ca nous appartient aussi... de ne rien trop revendiquer. Ou alors avec un zeste d'autodérision.

( ainsi le titre d'un reportage sur le cinéma et les réalisateurs belges sur la deux : "portrait de groupe en l'absence du ministre" ;-) )

Mais l'année Brel, pour moi, en dehors de toute récupération par sa famille et en dehors de toute déviation ou catalisation de ce que fut le phénomène brel, c'est surtout l'occasion de me réécouter ses chansons, de parler du chanteur à d'autres personnes, ici et ailleurs. De faire un peu passer par l'ambassade de son verbe des choses qui me hantent de son univers, et qui font partie de mon paysage et de mon terroir d'âme.


Une manière de me livrer aussi, puisque ses chansons me sont chères... et de rencontrer des connivences avec d'autres puisque ses chansons son chères à beaucoup.

Tout simplement.


Et la rangaine du jour, qui dénoncent, comme toujours, les apparences :

" Pourtant les villes sont tranquilles
Où temblent cloches et clochers
Mais le Diable dort-il sous la Bible ?
Mais les rois savent-ils prier ?
Pourtant les villes sont tranquilles
De blancs matins en blancs couchers
Pourquoi faut-il que les hommes s'ennuient?"
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Aglaé
Envoyé mercredi 23 avril 2003 - 16h27:   

Pour Jean Guy

Je suis très frappée de ton analyse sur Brel. Je n'y avais jamais pensé sous cet angle-là et je sens que c'est tout à fait ça...Il nous rend une part de nous-mêmes que nous refoulons dans notre vie d'adulte pour nous conduire plus"normalement", plus "platement", plus"socialement correcte"...Il nous rend la folie, la démesure,et je ressents, moi perso, que j'en ai absolumment besoin...
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Aglaé
Envoyé mercredi 23 avril 2003 - 16h31:   

Aglaé
bat sa coulpe...
"Je ressens" et "Absolument"
dans le post précédent
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Leezie
Envoyé mercredi 23 avril 2003 - 17h06:   

pourquoi exactement en as-tu absolument besoin? peux-tu le définir? (si tu veux)
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jean guy
Envoyé jeudi 24 avril 2003 - 16h43:   

Encore quelques mots sur Brel si vous le voulez bien.

Je crois qu’il y a deux publics historiques de Brel, l’un, grosso modo, d’avant 1968 et celui qui le découvre vraiment à la sortie de son dernier disque en 1977 car entre temps Brel ne s’est pas vraiment beaucoup montré même si « L’homme de la Mancha » a connu le succès, ce n’est pas vraiment une œuvre personnelle et peu de gens ont vu ses films qu’il tourne comme acteur (à part peut-être Mon Oncle Benjamin et l’Emmerdeur que la télé a plusieurs fois diffusés) et encore moins ses films qu’il réalise, Franz et le Far West. J’oserais presque dire que son public d’avant 1968, celui qui a grandi avec lui ne s’est pas vraiment retrouvé dans son aventure cinématographique. Il me semble que peu de gens l’ont découvert comme chanteur pendant cette période.

Son deuxième public c’est la majorité des gens qui ont aujourd’hui moins de 40 ans qui n’ont jamais pu le voir sur scène et qui ne le découvre vraiment qu’à l’occasion de la sortie de son dernier disque en 1977– près de 10 ans après son précédent disque, (celui de 1972 ne faisant que reprendre des chansons des années 56 à 61) - disque dont la mise en place chez les disquaires fit l’objet d’une campagne médiatique sans précédant avec jour précis et heure précise de mise en vente simultanée sur l’ensemble du territoire français et dont des extraits sont alors, à la même heure, diffusés sur toutes les radios françaises (je ne sais pas s’il en fut de même en Belgique).

Mais la campagne médiatique qui a précédé la parution de l’Album et s’est prolongée bien après n’a pas uniquement concerné l’album mais, et peut-être surtout, l’homme, sa vie, son bateau, son avion, sa compagne, la fuite vers cette sorte de paradis qu’on a fait des Iles Marquises et bien sûr sa maladie.

A partir de ce moment ses deux publics vont se retrouver dans une même ferveur quasi religieuse. L’un retrouvant son Brel, l’autre le découvrant mais les deux maintenant unis par ce mythe en train de se fabriquer, mythe de l’homme jeune encore qu’on sait gravement malade – on raconte les prises uniques lors de l’enregistrement de l’album - de cet homme qui a fui le monde des préjugés, de l’argent, de la magouille showbusinesque, de l’hypocrisie petite bourgeoise pour se réfugier avec un nouvel amour quelque part loin, de l’autre côté de la terre dans cet espèce de paradis que sont, pour tous, devenu alors Les Marquises.

Sa mort l’année suivante à 49 ans ne faisant que sur dimensionner ce mythe de cet homme qui était parti mais a su, l’espace de quelques jours, revenir vers nous, pauvres créatures, pour nous offrir un peu de sa vie.

Oui, je crois qu’il y a aussi beaucoup de mythique dans l’attachement du public à Brel.

Faisant partie de son premier public - j’ai eu la chance de le voir lors de l’une de ses tournées provinciales des années 1954, 1955, il chantait encore seul avec sa guitare - j’ai bien sûr accueilli ses « Marquises » avec toute la ferveur requise mais les années passant et réécoutant ses chansons et surtout en lisant et relisant ses textes j’ai petit à petit découvert son côté « éternel adolescent qui ne veut pas grandir », et dont l’un des aspects peut très bien se résumer dans sa relation haine/amour qu’il entretient avec la femme, amour de la femme idéale (image de la mère) sorte de vierge pure immaculée « d’inaccessible étoile », mais haine envers celle, bien concrète, bien vivante, coupable d’avoir commis le péché originel celui de rendre l’homme toujours et finalement malheureux.
Thème qui court au long de ses albums jusqu’au dernier avec « Le lion ».

Et si je pense que Brel a joué dans les années 60 un rôle majeur face à la déferlante yéyé, je crois que dans bien des aspects il avait en commun avec ceux-là, cette hantise de grandir.

Oui, j’avoue qu’au fil des ans tout en continuant à aimer le chanteur, l’incomparable et formidable interprète, et quelques merveilleuses chansons, j’ai voulu grandir en ne le suivant pas dans sa peur de l’age adulte qui ne me semblait pas, comme il nous l’a si bien chanté, forcément être celui de la bêtise et que décidément, j'en suis convaincu maintenant, il n'est pas.
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jean guy
Envoyé jeudi 24 avril 2003 - 16h51:   

Au fait, oui, Florence, je suis Français de Schaerbeek et travaille en Flandres. Je suis arrivé en Belgique, tiens tiens, 2 ou 3 semaines avant la mort de Brel en 1978.

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Leezie
Envoyé jeudi 24 avril 2003 - 17h49:   

je mets ici un message de Jordy posté sur le bleu à la suite du message de Flo que j'avais mis là-bas



"Brel a été très important pour moi, essentiel, même. Je lui dois TOUT (et c'est pas grand chose, car je ne suis pas grand chose! )
N'empêche. Il y a 4 mecs (désolé, pas de femmes!) qui ont été déterminants dans ma vie de chanteur (c'est à dire dans ma vie tout court) :Brel, Ferré, Vasca, Bertin.
Brel et Bertin pour le chant, Vasca et Ferré pour l'écriture (surtout Vasca)

Revenons au sujet. Voici 3 textes que j'ai écrit sur le principal monument belge.

TES DENTS

Tes dents
Ont mordu dans ma vie
Et réveillé mes veines
Dont le fleuve endormi
Charriait trop de moraines

Tes dents
Ont mordu dans le fruit
Des chansons en fredaine
Ont mordu dans la nuit
Du noir polystyrène

Tes dents

Ont craché le venin
Que tu portais en toi
Et ce foutral levain
A engrossé le froid

Don Quichotte égaré
Sous l'œil cyclopéen
Du projecteur braqué
Quand tu dardais tes mains

Grand Jacques
Il fait grand froid
Pourquoi es-tu parti?

Tes dents
Crépitantes de mots
Eclaboussaient la nuit
Et c'étaient des sanglots
Des rires et des cris

Tes dents
Ont mordu dans la chair
Des ripailles flamandes
Ruisselantes de bière
Et saoulées de légendes

Tes dents
Ont mordu le bourgeois
La dame patronesse
A mort les rabat-joie
Et vive la kermesse

Don Quichotte égaré
Sous l'œil cyclopéen
Du projecteur braqué
Quand tu dardais tes mains

Grand Jacques
Il fait grand froid
Pourquoi es-tu parti?



Enfant d'Amsterdam

Parfois déferle en ma mémoire
Un souvenir d'outre- chanson
Du temps du vieil électrophone
Où tournaient en rond les frissons
Du temps de cette chambre ardente
Où tonnait toujours cette voix
Qu'on écoutait toujours debout
Exacerbés mon frère et moi

Parfois déferle en ma mémoire
Cette marée ce continent
Pour réveiller des souvenances
Enterrées au fond des vingt ans

Des vingt ans des premières armes
A s'acharner sur la guitare
A crier la force et le verbe
Sur un décor de port du Nord

Il n'aura pas suffi carcasse
Pour te fermer ta grande gueule
Que la maladie te terrasse
Là où tu choisis d'être seul

Il n'aura pas suffi carcasse
Que la Bête te troue la panse
C'est à poumons demi- rongés
Que tu déchiras le silence

Je suis fils des terres occitanes
Et des sarments et des grands vents
Mais nul n'a soufflé tramontane
Comme la voix de ce géant

Je suis du Sud et du plein Sud
Comme le cœur bleu de la flamme
Mais quand de front j'entre en chanson
Je suis un enfant d'Amsterdam

CE PROJO CRU

Le projo cru crève le temps
Sur deux grands bras dardés en torches
Sur l'émacié et sur les dents
Crachant un incendie de forge

Plongée plein chant des deux enfants
Doigts crispés au velours des loges
Regard écarquillé béant
Le cœur battant en fond de gorge

Le projo cru crève le temps
Trou de clarté dans nos grisailles
Avec ce rond blanc rémanent
D'où jaillissaient les mots tripaille"

Comme un violent torrent tordu
Eclaboussant le roc pentu
Il dégueulait son verbe cru
Agité d'orages de crues

Ce projo cru crève le temps
Sur deux grands bras dardés en torches
Qui ont allumé dans mon sang
Des envies de feux et de forges



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florence
Envoyé jeudi 24 avril 2003 - 17h54:   

Marrant... Moi je fais partie d'un troisième public... Celui qui a découvert tout brel d'un coup après sa disparition "musicale", puisque je suis née en 1973. Pour moi, brel, c'est un tout.

je me souviens avoir vu les films où il jouait en même temps que j'ai écouté ses chansons. j'ai vu Franz lorsque j'étais adolescente, vers mes 14 ans. j'avais déjà vu l'emmerdeur et bien sûr l'aventure c'est l'aventure...

A ce moment-là je connaissais sa voix des disques que ma mère écoutait, car elle avait toujours aimé brel, tout brel, des années 50 où il venait faire des tournées dans les écoles ( dont la sienne) aux années 70 où elle aimait toujours tout ce qui sortait;

Je comprends mieux ton analyse de "l'adolescent" Brel, pusique visiblement tu as grandi avec lui, et donc tu as mûri pendant qu'il veillissait et encore après sa mort.

pour moi, Brel, c'est un tout très varié, c'est l'univers que je retiens, la place brûlée de soleil, la mer, les ports, les blés mûrs d'aout, les bars, Paris, Bruxelles, les images plein la vie.

C'est aussi les personnages, des tas de personnages (qui dépassent largement ceux de l'amant ou de l'amante), c'est un homme de théâtre chantant, un metteur en scène : des personnages des bonbons, du père qui attend avec son jeune fils la silhouette qui vient au loin, de l'homme de la mancha, du jeune homme amoureux de "chez ces gens là", des amants de la séparation d'Orly, .. c'est aussi un extraordinaire peintre de caractères: la parlottes, les flamandes, jeff l'ivrogne, la galerie d'"un soir d'été"... Un grand conteur d'histoires...

c'est un homme hanté de paysages Brugheliens, de mers emportées, d'îles douces. Et qui le dit avec une incomparable poésie vivante, surprenant sans cesse par ses réflexions(m'en vient une à l'esprit)

"désespérance ou désepoir
il nous reste à être étonné"

par sa syntaxe volontairement floue, par son sens du néologisme par sa manière de faire jouer les verbes, et les sentiments.

Par sa critique empreinte d'une indéfectible tendresse pour tous ces personnages et pour le monde. Et d'un grand humour. Et c'est cette tendresse malgré la révolte et cet humour qui fait qu'il va pour moi, bien plus loin que la rébellion et l'emportement adolescent...

J'y vois plutôt le regard en décalage. Et peut-être qu'on a lu dans les contradictions entre ses chansons les contradictions à l'intérieur de Brel. Mais pour moi, il n'y en a pas plus qu'un acteur qui interprête cent rôles, ou un écrivain qui écrit dix romans différents.
je ne suis pas si sûre que ses chansons décrivent la peur de l'âge adulte... j'ai toujours perçu qu'il a poursuivi dans cet âge adulte ses rêves d'enfant et les a projeté dans ses chansons et dans ses films ou ses rôles. Mais une chose dont je suis aussi convaincue, avec le temps, c'est qu'il m'a aidée à grandir. A grandir en gardant en moi-même ce petit quelque chose de Don quichotte.


*

Ah! et où travailles-tu en Flandre?
Moi j'habite Kraainem et je travaille près de la place Bizet.

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Aglaé
Envoyé jeudi 24 avril 2003 - 19h33:   

Moi, nous plutôt, nous sommes le public du premier jour...un peu surpris...J'vous ai apporté des bonbons...J'attends Madeleine...un ton, une voix,Quelque chose de fort, de large, de plein...on respirait...C'est le temps des disques noirs que nous avons encore...Les enfants nous emboitent le pas...on gueule tous pendant les marches-champignons du dimanche...les chefs-d'oeuvre pleuvent...Le plat Pays, Ne me quitte pas,Chez ces gens-là, les autres pareil...

J'en ai besoin pour trouver un air plus pur,une liberté de ton,une violence, une démesure, beaucoup de tendresse par dessous,un homme terriblement séduisant avec sa gueule taillée en coup de serpe...on est soulevé au dessus des petites heures monotones de la journée, je respire mieux à son étage...Je me sens chez moi...

Par contre tout le côté "people' des dernières années nous sont complètement indifférentes et nous suivons de loin le feuilleton d'un derrière distrait...

L'annonce de sa mort nous déchire un grand coup.
Nous écoutons ses chansons pendant des jours et des jours...
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jean Guy
Envoyé vendredi 25 avril 2003 - 12h19:   

Rien n'étant jamais définitif, encore quelques mots sur Brel si ça ne vous ennuie pas.

D’abord bravo à Jordy pour cette strophe

« Tes dents
Crépitantes de mots
Eclaboussaient la nuit
Et c'étaient des sanglots
Des rires et des cris »

qui résume sans doute ce que Brel a été pour beaucoup.
Et aussi pour

« Plongée plein chant des deux enfants
Doigts crispés au velours des loges
Regard écarquillé béant
Le cœur battant en fond de gorge »

Longue, longue soirée Brel, hier soir, jusqu’à tard dans la nuit. Alors un peu mal à la tête ce matin. Pas à cause de lui, non mais la faute à un vin de pays du Roussillon, peut-être un peu trop souffré. Mais je trouve que le vin va très avec l’écoute du Jacques.

Oui, bien sûr il ne faut pas enfermer Brel comme j’ai tendance à le faire dans mes posts dans une sorte de carcan assez réducteur.

Oui, Florence tu as raison, et c’est peut-être une des clés de l’œuvre de Brel, c’est un grand conteur d’histoire, c’est ce que dans un des nombreux chapitres planifiés de mon « œuvre » (ici sourire) sur Brel, toujours recommencée, et qui sera à jamais (sourire encore)) inachevée, je me proposais de montrer. Il possède une fantastique et rare faculté à mettre en scène des personnages en quelques lignes, sur le papier … et bien sûr, après, avec sa voix, avec tout son corps.

Tu cites Breughel à propos de paysages, je dirais qu’il est, cet « homme de théâtre chantant » souvent Ghelderodien, dans sa manière de traiter ses personnages, en les exagérant jusqu’à la caricature, son réalisme outré jusqu’au grotesque, sa truculence, mais aussi dans cette même dualité haine / amour envers la femme mais aussi les gens en général, dans un traitement quasi mystique de thèmes comme l’amour, l’amitié, la générosité impossibles où la réalité ne coïncide avec l’absolu qu’au moment de la mort.

Et comme Ghelderode, il crée des formidables personnages de théâtre mais qui ne sont que des marionnettes avec lequel il joue et joue avec nous.

Et pour revenir à la relation de Brel avec son public, j’ai le sentiment que son public justement manque de distanciation vis à vis de ses personnages et souvent les prennent pour argent comptant, alors qu’ils ne sont non seulement de pure invention – c’est normal pour des personnages de théâtre - mais souvent sans fondement, je veux dire qu’ils sont impossibles autrement que sur une scène de théâtre. Tout comme chez Ghelderode, ses marionnettes lui servent d’exutoire à ses peurs, ses fantasmes, sa soif d’absolu plus, lui servent à créer un autre monde, son monde intérieur dans lequel il nous entraîne plus qu’à nous montrer des gens. Comme chez Ghelderode son réalisme outré n’est qu’une porte ouverte sur un monde fait de symboles.

Ces « Vieux » qu’ils nous montrent dans cette célèbre chanson magnifiquement écrite et magnifiquement chantée n’existent pas, non, non les vieux, s’ils peinent, s’ils souffrent irrémédiablement de l’absence de l’autre, si leurs moyens physiques sont moindres, s’ils sont malades, ils continuent à vivre, à aimer, à souffrir d’aimer, à regarder, à penser le monde, à agir aussi. (à mon age, fréquentant par la force des choses de plus en plus de vieux et de plus vieux encore, je jure que c’es vrai).
Combien de fois ai-je entendu dire que cette chanson est belle parce que « si vraie ». Mais ces vieux n’existent pas et ceux qu’ils nous donnent c’est uniquement ceux de son monde intérieur, c'est la vision de son angoisse à devoir vieillir.

A contrario, une de ses plus belles chansons ne serait-elle pas Jojo, d’une sobriété sans égale chez lui et qui est, on le sait, tout à fait auto biographique – mais qu’importe après tout- où en peu de mots, mais irrémédiablement siens « Six pieds sous terre Jojo tu frères encore » il dit la perte de l’ami intime et peut-être dit-il le seul « Je t’aime » non théâtral de toute son œuvre.

J'ai l'impression de commencer à faire un peu long.

On en finira jamais avec Brel, ça au moins c'est sûr.


===============================

Je travaille à Leuven et j'ai l'extraordinaire chance de voyager à contre courant des flots migratoires journaliers.



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jean Guy
Envoyé vendredi 25 avril 2003 - 13h08:   

Pardon, j'ai parlé de Ghelderode, il s'agit d'un dramarturge belge (1898-1962)qui a assez bien été joué en France dans les années 50. En Belgique il a été redécouvert au début des années 80 où il est maintenant régulièrement joué.
Son piéce la plus classique est "La ballade du grand macabre" dont G.Ligeti a fait un opéra qui fait maintenant partie du répertoire. Ses autres pièces célèbres sont Escurial, Hop Signor, Pentagleize, Fastes d'enfer, Le siège d'Ostende.

A noter que d'expression française, ses pièces ont d'abord été joué en tranduction flamande.
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Leezie
Envoyé vendredi 25 avril 2003 - 13h47:   

Jean, non tu n'es pas trop long, tu es passionnant, continue....
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Aglaé
Envoyé vendredi 25 avril 2003 - 13h53:   

Jean Guy

Merci pour tes reflexions riches de sens.
Peux tu nous donner les paroles de "Jo"...sinon je vais à la pêche dans les disques...
Si tu peux pas, on t'aime quand-même, comme on dit chez nous
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Aglaé
Envoyé vendredi 25 avril 2003 - 15h16:   

Je redescends de la sieste avec une autre reflexion, suite au topo de JG:

Les personnages des chansons de Brel, qui ne sont pas réels, qui relèvent d'un imaginaire,sont en même temps fouillés, détaillés, et c'est d'être si particuliers, même s'ils sont faux, qui les rend universels...ce qui est vrai pour un personnage de roman tout aussi bien... Ses vieux ne sont pas réalistes, il y a des petits vieux méchants et qui ne s'aiment pas, mais ils sont universels, répondent à une image triste et douce de la vieillesse telle qu'elle est inscrite dans nos coeurs....si je déconne, on le dit à vieille Glagla...
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jean guy
Envoyé vendredi 25 avril 2003 - 15h20:   

Jojo,
Voici donc quelques rires
Quelques vins quelques blondes
J'ai plaisir à te dire
Que la nuit sera longue
A devenir demain
Jojo,
Moi je t'entends rugir
Quelques chansons marines
Où des Bretons devinent
Que Saint-Cast doit dormir
Tout au fond du brouillard

Six pieds sous terre Jojo tu chantes encore
Six pieds sous terre tu n'es pas mort

Jojo,
Ce soir comme chaque soir
Nous refaisons nos guerres
Tu reprends Saint-Nazaire
Je refais l'Olympia
Au fond du cimetière Jojo,
Nous parlons en silence
D'une jeunesse vieille
Nous savons tous les deux
Que le monde sommeille
Par manque d'imprudence

Six pieds sous terre Jojo tu espères encore
Six pieds sous terre tu n'es pas mort

Jojo,
Tu me donnes en riant
Des nouvelles d'en bas
Je te dis mort aux cons
Bien plus cons que toi
Mais qui sont mieux portants
Jojo,
Tu sais le nom des fleurs
Tu vois que mes mains tremblent
Et je te sais qui pleure
Pour noyer de pudeur
Mes pauvres lieux communs

Six pieds sous terre Jojo tu frères encore
Six pieds sous terre tu n'es pas mort

Jojo.
Je te quitte au matin
Pour de vagues besognes
Parmi quelques ivrognes
Des amputés du cœur
Qui ont trop ouvert les mains
Jojo,
Je ne rentre plus nulle part
Je m'habille de nos rêves
Orphelin jusqu'aux lèvres
Mais heureux de savoir
Que je te viens déjà

Six pieds sous terre Jojo tu n'es pas mort
Six pieds sous terre Jojo je t'aime encore.


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florence
Envoyé samedi 26 avril 2003 - 11h30:   

"Nous parlons en silence
D'une jeunesse vieille
Nous savons tous les deux
Que le monde sommeille
Par manque d'imprudence "

c'est ausssi pour ce genre de phrases, surtout peut-être, que j'aime infiniment les chansons de Brel.

mais il est vrai qu'au delà de ses chansons, Brel est un personnage, il en a joué... tant et si bien que souvent on imagine mal quelqu'un d'autre chanter ses chansons; les chansons restent, mais Brel n'est plus. Et pour les faire vivre au delà de lui, il faut des interprètes, des vrais, des avec leur coeur et leur corps, des théâtreux fervent ! ;-)

je rejoins out à fait ce que tu dis de Brel et de la correspondance avec Ghelderode. En te lisant, je me suis dit, que pour certains aspects, pas les thèmes, mais un peu l'univers ou les paysages, j'y voyais aussi une correspondance avec James Ensor....

quand aux personnages, oui, ils sont exemplatifs, non ils ne sont pas réels, mais ils ont le souffle, chacun a le souffle tout aussi humble qu'il soit, le souffle d'un vrai personnage héroïque. Même quand il chante "A mon dernier repas", il se met en scène comme il n'est pas. Ce n'est pas Brel qui parle pour lui-même et qui décrit sa mort, c'est quelque chose en lui qui se rebiffe. Et qui dit ses révoltes et ses incertitudes.

cette appréhension de la mort, et à la fois ce défi fait à cette mort, est certainement aussi à la source de la sympathie qu'on lui prodigue naturellement. Comme toutes les failles et toutes les faiblesses qu'il affiche, qu'il distribue dans ses chansons... un homme qui se livre, même au travers de personnages, cet homme suscite inévitablement une affection, une envie de rencontre, un mystère.

Il a si bien décrit, loin de phrases pompeuses, le mystère du genre humain dans tous ses états. A la fois ce sont des personnages, des caricatures, croquées de deux traits de crayon et de quelques notes de musiques, mais ils forment ensemble la comédie humaine. Et c'est peut-être aussi pour cela qu'on l'aime.

**

tu travailles dans quoi à Leuven?




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Aglaé
Envoyé samedi 26 avril 2003 - 12h59:   

Merci pour les paroles retrouvées de cette chanson bouleversante.
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Gert
Envoyé dimanche 27 avril 2003 - 17h14:   

Intéressant ces points de vue sur Brel, vos perceptions de l'homme, du chanteur.
Je ne suis pas d'accord avec Jean pour dire que Brel est un éternel adolescent, non je penche plus du côté Aglaé, et moi je suis de toutes les générations mais de l'autre côté de l'océan et ce Brel ici est des nôtres et entendre Brel est une chose mais le voir sur scène...c'est autre chose, non vous n'êtes pas avec un ado, vous êtes avec un être entier qui se donne totalement, il n'est pas là pour faire le beau, mais il vous séduit par sa rage de vivre, sa passion de la vie, son authenticité, il n'a pas peur de ses émotions. Il n'est pas du genre à avoir avalé ces conneries d'adultes: on ne pleure pas en public, fais un homme de toi, refoule tes émotions, ne dis jamais ce que tu penses, mets des gants blancs et... la vie c'est sérieux.
Brel est une nécessité et je dis comme Aglaé:
"J'en ai besoin pour trouver un air plus pur,une liberté de ton,une violence, une démesure, beaucoup de tendresse par dessous,un homme terriblement séduisant avec sa gueule taillée en coup de serpe...on est soulevé au dessus des petites heures monotones de la journée, je respire mieux à son étage...Je me sens chez moi... "

On respire mieux car il nous donne un espoir: celui de vieillir sans tomber dans le petit confort endormi de l'adulte qui se prend au sérieux dans sa petite vie: maison-boulot-dodo...
C'est le travail... les patrons, la rentabilité, la productivité , ça nous lavent le cerveau si on ne fait pas attention.
Oui, on a peur de devenir des adultes car souvent l'image que nous donne les adultes est assez médiocre: sans émotion, sans passion, sans fou rire... sans étincelles dans les yeux... il y a de quoi avoir peur.
Et quand j'entends ces adultes dire : "Je dois aussi avouer qu’en Belgique l’année Brel prends des proportions énervantes."
hum! ça confirme mes peurs. Un adulte veut que tout soit limité, que tout entre dans des normes...il ne faut pas faire de vaques... pas trop d'éclats... Et là je suis d'accord avec Flo, car les belges sont un peu comme les québécois... ils ont une certaine gêne à s'affirmer, à crier leur fierté, à être et à vivre ce qu'ils sont.
Et je dis qu'il faut que la fête de Brel soit dans la démesure car il était cette démesure... ce plein de vie... il débordait de partout... ça coulait en lui comme un torrent.

Mais je ne suis pas d'accord pour dire que les personnages de Brel sont des fictions,une pure invention oh! que non! ils sont peut-être un peu présentés à l'état brut mais ils sont bien réels...et c'est qui nous touche et qui fait sa force. Et quand , il parle des vieux, c'est une réalité, pas la seule réalité heureusement mais là Brel parle de ses vieux ...
et même si pour beaucoup, vieillir est autre chose, il y a encore de ces vieux qui vivent du tic tac de l'horloge, avançant lentement... cela n'a rien d'exagéré mais bien sûr il ne faut pas généraliser. Et c'est là sa force à Brel, c'est de toujours prendre le personnage minoritaire, caché, celui dont personne ne parle et ne voit mais qui existe à côté de nous.
Brel, ça réveille la vie qui dort en nous.

Et comme dit Flo: "A la fois ce sont des personnages, des caricatures, croquées de deux traits de crayon et de quelques notes de musiques, mais ils forment ensemble la comédie humaine. Et c'est peut-être aussi pour cela qu'on l'aime.

La vie est cette comédie humaine quand on ouvre les yeux non pas sur nous mais sur l'autre. Et vous savez tous, vous qui êtes sur le Net qu'au fond , nous sommes tous des volcans d'émotions... et qu'un volcan ça se réveille ... ;-)
Je dirais que Brel était et est ce ramoneur de volcan.
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jean Guy
Envoyé lundi 28 avril 2003 - 16h37:   

Gert,

Il ne faut pas avoir peur mais je maintiens mon "Je dois aussi avouer qu’en Belgique l’année Brel prends des proportions énervantes".

Enervantes, parce que justement cette année Brel va ignorer Brel plus qu’elle ne le fera connaître. Par connaître je veux dire aller plus avant dans son œuvre, en comprendre le pourquoi et le comment, sa structure, ses sources d’inspiration, sa manière d’écrire, son style, ses thèmes familiers, ses récurrences, la relation textes/musique, l’apport de la musique aux textes, à son travail de chanteur etc, etc, qui font que depuis près de 50 ans des générations d’hommes et femmes trouvent chez lui, dans ses chansons quelque chose qui fait que… Un anniversaire doit, à mon sens servir à ça aussi plus en tout casqu’à élever des statues dont il n'a pas vraiment besoin.

Enervantes parce que justement cette fête à Brel ne se fait pas dans la démesure brélienne, mais bien au contraire tout à fait dans la mesure du juste milieu antibrélien, il faut plaire à tout le monde, surtout ne pas choquer, bon père, bon mari, n’en dire surtout que du bien, le réifier plus que de le faire vivre et surtout, surtout dans la bonne mesure de ce qu’elle pourra rapporter.

Cette année Brel est une simple tentative de promotion touristique pour la ville de Bruxelles, mais aussi de récupération style « sans nous Brel ne serait rien », alors c’est à qui dégottera, pour les vendre, les cafés bréliens, les rues et les places bréliennes, les atmosphères bréliennes autour de ces 3 ou 4 chansons « bruxelloises » dans lesquelles il fait référence aux places Ste.Catherine et De Brouckere, au tram 33, au canal.

Mais sur le fond, rien, rien…

Ceci a très bien été exprimé par le ministre bruxellois de la culture lors d’une allocution présentant l’année Brel en décembre 2002

« La programmation des festivités s’inscrivant dans le cadre de cette commémoration des 25 ans du décès de Brel constituera immanquablement l’événement phare de l’année touristique 2003 en Belgique. Organiser pareils événements est d’ailleurs devenu indispensable si l’on veut faire progresser Bruxelles au hit-parade des destinations touristiques incontournables./…/ Alors si, aujourd’hui, l’année Brel semble être une évidence pour tout le monde, c’est bien parce que cela fait plus de deux ans maintenant que nous y travaillons…/... Une structure permanente « Brel à Bruxelles » a, par ailleurs, été créée pour les besoins de cette opération…. /…

« Avant de lever le voile sur la programmation, je souhaite mettre en évidence le travail de fond mené sur les marchés étrangers par nos offices du tourisme et notre réseau d'attachés économiques et commerciaux depuis plusieurs années. Cette partie invisible de l'iceberg représente la part la plus importante de l'action menée afin de faire venir des touristes à Bruxelles, ce qui, dans le cadre de notre politique touristique, reste est un objectif central. Depuis de longs mois, Bruxelles ne se présente plus à l’étranger qu’à travers l’image de Jacques Brel…. »

Car il faudra bien et surtout rentabiliser le 1 500 000 Euros investis dans cette opération par la région bruxelloise.
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Jean Guy
Envoyé lundi 28 avril 2003 - 17h04:   

Pour revenir à Brel, oui, je trouve avec Florence que sa peur de la mort et le défi qu’il lui jette constamment et qu’il chante avec tant de hargne, tant de colère, nous rapprochent de l’homme tout comme ses contradictions, ses failles qui sont nos contradictions, nos failles. « A mon dernier repas » est d’ailleurs depuis la première écoute, avec « J’arrive » une de ses chansons qui me tient le plus à cœur, à tripes plutôt. Mais cela ne doit pas ni ne peut m’empêcher de penser que sa référence à « mes vaches et mes femmes » est une faiblesse qui n’apporte rien au thème de la chanson.

Tiens à propos de sa relation avec « la » femme, sa fille France Brel dit dans une interview qu’il n’était pas misogyne mais que surtout il avait peur des femmes. C’est intéressant car j’ai l’impression que cette peur est une des sources de son inspiration. On sait aussi, alors qu’il parle souvent dans ses chansons de celles qui s’en vont (infidèles) après avoir attisé les feux de l’amour, que dans sa vie privée c’est lui qui est toujours parti et de nombreuses fois. Cette peur de la femme ne peut-on pas en voir l’origine dans l’éducation très catholique du jeune Brel et la fréquentation active de milieux très catholiques jusqu’à plus de 20 ans, éducation dont une des bases est justement la dévotion à la femme idéale, pure, vierge, et la peur, presque le rejet de la femme réelle de chair et de sang, impure, pécheresse par excellence.

Or cette thématique, opposition femme idéale / femme réelle traverse entièrement l’œuvre de Brel de « Sur la place » qui met en scène la femme idéale qui est flamme représentant l’amour, la bonté, la charité et même le Bon Dieu jusqu’au « Lion » de son dernier enregistrement qui met en scène cette lionne, la femme réelle qui va délaisser le vieux lion qui en mourra pour
« Un qui est jeune qui est beau
Qui danse comme un dieu
Qui a de la tenue
Un qui a de la crinière
Qui est très intelligent
Et qui va faire fortune
Un qui est généreux
Un qui que quand elle veut
Lui offrira la lune »

Cette opposition est également présente à l’intérieure d’une même chanson comme dans « le dernier repas » justement ou après avoir fait venir ses vaches et ses femmes il chante qu’après avoir brûlé ses souvenirs d’enfance, ses rêves inachevés, il ne veut garder pour habiller son âme «Que l'idée d'un rosier / Et qu'un prénom de femme"

BREL a aussi écrit et si bien chanté cette merveilleuse « Chanson des vieux amants » qui est, je crois, une espèce d’exception dans son œuvre mais quelle exception !

Bon voilà que je fais encore long, sacré Jacques..

Tiens un trait du caractère de Brel chanteur et son rapport à son métier et à son public, à propos du fait qu'il ne bissait à la fin de ses spectacles. A son frère (Pierre Brel) qui lui demandait pourquoi il avait répondu :

"Quand tu vas à un match de boxe, que le combat fini l'arbitre fait venir les deux boxeurs, leur lève les bras à l'un et à l'autre, pour signifier qu'il y a match nul et que leur prestation est longuement applaudie, imagines-tu l'arbitre les faire revenir afin qu'ils se tapent sur la gueule pendant trois minutes de plus, pour faire plaisir à ce public? Non? C'est pareil. Pour moi, non plus!"


===============================

Florence, je... (j'espere que Gert ne m'en voudra pas) je travaille et j'ai aussi des soucis de rentabilité car je dirige une PME (plus P qu'M)de diffusion de livres scientifiques et médicaux.

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jean guy
Envoyé lundi 28 avril 2003 - 18h15:   

En remontant le fil, d'abord dire à Aglaé que bien évidemment,elle ne déconne pas à propos des personnages de Brel.
Et puis je me rends aussi compte que dans mes quelques lignes sur Ghelderode il me semble bien avoir fait une espèce de belgicisme (pas une faute) quand j'écris à propos de ses pieces qu'elles on été "assez bien" jouées. J'ai l'impression qu'outre Quiévrain (en France pour les belges) on aurait plutôt dit "pas mal" jouées ou "assez" jouées mais pas "assez bien" non.
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Leezie
Envoyé lundi 28 avril 2003 - 21h48:   

Pardon de m'immiscer pour ne rien dire d'intéressant, mais vos discussions à tous autour de Brel sont un immense plaisir à lire et relire. Merci beaucoup, Jean, d'avoir répondu si précisément et avec tant de coeur (euh je ne dis pas ça pour que tu t'arrêtes, au contraire...)
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Gert
Envoyé mardi 29 avril 2003 - 07h14:   

Cher Jean,
je comprends ton idée de fête, ton goût de vouloir creuser dans la vie de Brel mais moi je te parle de la FÊTE de Brel et une fête ça ne doit pas être sérieux... je suis pour qu'on entende les chansons de Brel, qu'il y est cette magie de la fête et que la fête attire du tourisme à Bruxelles et bien tant mieux, cela veut donc dire que ce grand Jacques a assez d'admirateurs qui sont prêts à se déplacer pour revivre ces instants et que chacun oublie un peu le sérieux toujours trop sérieux de la vie.

Toi, tu me sembles assez sérieux mais comme on dit ici, lâcher son fou ça fait un bien énorme. Le propre de la fête est de s'amuser, de vibrer et toi ce dont tu parles est à mon sens trop sérieux, non que cela soit mauvais mais dans ce que tu dis: "aller plus avant dans son œuvre, en comprendre le pourquoi et le comment, sa structure, ses sources d’inspiration, sa manière d’écrire, son style, ses thèmes familiers, ses récurrences, la relation textes/musique, l’apport de la musique aux textes, à son travail de chanteur etc, etc," ça c'est ce qui découle de la fête. En fêtant Brel, oui cela va apporter des réflexions, nous en avons la preuve ici, sans cette fête, qui aurait lancer un tel sujet de discussion.
Et si je n'étais pas engagé dans un autre voyage, oui je me déplacerais pour vivre à l'heure de Brel...pour vibrer à ses chansons et à mon retour, oui j'aurais peut-être l'envie d'en savoir plus et je suis sûr que les retombées de la fête vont éveillées cette cusiosité dont tu parles.

Que la fête commence !
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gert
Envoyé mercredi 30 avril 2003 - 04h21:   

désolée pour les fautes...
elles me sautent toujours aux yeux, une fois bien installées.
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jean Guy
Envoyé mercredi 30 avril 2003 - 17h33:   

Ne m'en veux-pas Gert et comprends-moi ça fait 41 ans que j'ai commencé à écouter Brel, pardonne-moi alors de ne pas attendre les feux d'artifices musicaux et sons et lumières programmés quelque part à Bruxelles en juillet et août et pour ajouter quelques reflexions personnelles.
De toute façon j'aime pas tellment les séances sons et lumières
M'enfin !

===============

Encore une longue soirée Brel hier soir - vin toujours aussi souffré, je dois revenir aux Côtes du Lubéron - par documents vidéo interposés, dont l’excellent « La valse à mille temps » de Claude Jean Philippe, et le « Jaques Brel à Brugge » de Claude Santelli (interview de 1968) qui formèrent un Théma d’Arte il y a tout juste 10 ans, chansons en studios, sur scène, récitals de 1961, 1962 jusqu’à l’Amsterdam de 1964 à l’Olympia interviews etc…

Intéressant de revoir l’évolution de l’interprète, des chansons, de l’interprète chantant ses chansons, de voir l’extraordinaire métamorphose opérée à partir de l’arrivée de ses deux musiciens, compositeurs, arrangeurs, accompagnateurs, chef d’orchestre Rauber et Jouannest.

Evolution des ses textes d’abord. Sur ceux des débuts 54 / 58-59 pèsent, de toute évidence, l’ influence de son éducation – religion, scoutisme, mouvements caritatifs catholiques -, textes qui empruntent à ces milieux un vocabulaire bien typique, où les mots joie, cité, espoir, lumière abondent, dans lesquels le sens du péché, le sentiment de culpabilité, présence du diable (La bêtise, Qu’avons-nous fait bonnes gens…) affleurent constamment; textes dans lesquels la femme et l’amour y sont présentés de manière totalement a-historique, abstraite où le charnel totalement absent n’est évoqué que par des « Ma mie » des « Donne-moi ton cœur » « glaner le bonheur » « émoi », textes dans lesquelles et en opposition à la ville, la campagne, les blés, la moisson sont allégoriquement signe de pureté et bonheur à venir – thème d’ailleurs très proche de celui du retour à la terre prôné par les régimes des pays occupés entre 1940 et 1945. Point de théatre, point de personnages dans ces textes, la chanson y est plutôt quasiment prédication sous forme de cantique avec accompagnement minimaliste à la seule guitare ou presque, le chant y est sobre, les yeux se lèvent souvent vers une sorte d'horizon lointain comme en recherche .

Curieuse destinée qu’auront les chansons de cette époque, car celles qui suivront ne seront qu’un sorte de démenti apporté souvent avec colère à ses croyances (mais a-t-il cessé d'y croire ?), ses rêves de pur amour, de lumière qui jaillira, d’homme dans la cité qui apportera la paix car, à part la célèbre (trop ?) « Quand on a que l’amour », jamais reprises en concert ou sur des enregistrements postérieurs elles étaient néanmoins à être, il y a peu encore, au hit parade des soirées catéchèses, des camps scouts et autres journées de retraite spirituelle et de préparation chrétienne au mariage.

Et puis apparaît la mort comme thème majeur qui traversera le reste de son œuvre (La mort m’attend, 1959) et des personnages mis en scène (Le colonel 1958). En 59 il enregistre aussi ce qui est une rareté dans son œuvre une chanson clairement antimilitariste et sans doute une des moins connue de Brel et qu’en dehors de ceux qui possèdent le disque original ou l’intégrale bien peu ont pu entendre à la radio et que je l’avoue, j'avais moi-même oubliée, « La colombe ». Les rares autres chansons sur les militaires (Le colonel Casse pompon) étant plus des chansons anti-cons qu’antimilitaristes.

"Pourquoi cette fanfare
Quand les soldats par quatre
Attendent les massacres
Sur le quai d'une gare
Pourquoi ce train ventru
Qui ronronne et soupire
Avant de nous conduire
Jusqu'au malentendu
Pourquoi les chants les cris
Des foules venues fleurir
Ceux qui ont le droit de partir
Au nom de leurs conneries

Nous n'irons plus au bois la colombe est blessée
Nous n'allons pas au bois nous allons la tuer"

Quelle métamorphose en une quinzaine de mois. Ses bras, ses jambes, ses pieds, ses dents, s’allongent, le geste s’amplifie, se saccade, il se met à gesticuler, à sauter, à jouer avec ses yeux, sa bouche, il abandonne sa guitare et c’est alors tout le théâtre de Brel qui apparaît, La dame patronnesse, Les bigotes, L’ivrogne, Les Bourgeois, Les paumés du petit matin, Le moribond, Les timides, Jeff, Les vieux, Ces gens-là, Mathilde, Les bonbons, Madeleine, Bruxelles etc… avec quatre thèmes majeurs constamment entremêlés, l’amitié, la vieillesse ou plutôt le vieillir, la mort et la femme qui loin d’être l’avenir de l’homme n’en est que le porte malheur. A ce propos, et curieusement, alors que la hantise de vieillir le poursuit, dans une chanson il appelle la vieillesse au secours mais il la met dans la bouche d’une femme, c’est dans Vieille :

"C'est pour cela jeunes gens
Qu'au fond de moi s'éveille
Le désir ardent
De devenir vieille
C'est pour pouvoir au jardin de mon cœur
Ne soigner que mes souvenirs
Vienne le temps où femme peut s'attendrir
Et ne plus jalouser les fleurs
C'est pour pouvoir enfin chanter l'amour
Sur la cithare de la tendresse
Et pour qu'enfin on me fasse la cour
Pour d'autres causes que mes fesses"

Mais c’est sans doute aussi afin de lui faire dire :

"C'est pour pouvoir enfin oser lui dire
Un soir en filant de la laine
Qu'en le trompant mais ça oserai-je le dire
Je me suis bien trompée moi-même"

Cette chanson unique, puisque c’est apparemment la seule dans laquelle le « je » est féminin, l’utilise-il pour mettre, enfin, des mots de regret dans la bouche d’une femme ?

Et parmi ces chansons théâtre dont certaines, avouons-le tiennent surtout du pur music hall comique, (Les bonbons 67) apparaissent des chansons questions, presque à caractère ontologique, qu’est-ce que vivre, à quoi sert de vivre, comment vivre ? (Vivre debout, Les bergers, Au suivant) comme si au moment d’atteindre la gloire, de devenir riche la question, ignorée jusqu’alors, se posait du rapport entre vivre et pourquoi vivre. Des chansons aussi où l’adulte revient sur son enfance / adolescence comme la fabuleuse et parmi les plus belles « Mon enfance passa ».

Et puis ce sont alors les grandes chansons, les toutes grandes, Mon père disait, Le plat Pays, J’arrive, Le dernier repas, On n’oublie rien, La chanson des vieux amants, Voir un ami pleurer, Jojo, écrites semble-t-il mais sûrement chantées hors de toute colère, hors de tout effet théâtral avec même une sorte de calme profond, de paix intérieure, de sérénité douloureuse et authentiquement humaine.

Je me rends, bien sûr compte que j’ai évité de parler de « Ne me quitte pas » mais je préfère de loin, de très loin :

« Ni même ce temps où j'aurais fait
Mille chansons de mes regrets
Ni même ce temps où mes souvenirs
Prendront mes rides pour un sourire
Ni ce grand lit où mes remords
Ont rendez-vous avec la mort
Ni ce grand lit que je souhaite
A certains jours comme une fête »

De « On oublie rien » qui sur le fond m’est beaucoup festif au :

« Laisse-moi devenir
L'ombre de ton ombre
L'ombre de ta main
L'ombre de ton chien »

Qui m’est à coup sûr mortifère.

Amitiés.

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Gert
Envoyé jeudi 01 mai 2003 - 04h33:   

Ne m'en veux-pas Gert et comprends-moi ça fait 41 ans que j'ai commencé à écouter Brel, pardonne-moi alors de ne pas attendre les feux d'artifices musicaux et sons et lumières

Tout excusé Jean, au fond ce n'est pas Brel qui te dérange, c'est la fête... ce n'est pas l'âge non plus... tu es sérieux , tu n'aimes pas les fêtes... moi, je suis assez vieille pour comprendre que la vie n'a rien de sérieux... à son deuxième souffle on la prend plus légère...
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flo
Envoyé vendredi 02 mai 2003 - 14h14:   

Oui, Jean, c'est vrai que la chronologie des oeuvres de Brel est très intéressante à revoir, et de s'apercevoir ainsi que beaucoup des chansons que j'aime absolument se trouvent dans la partie centrale et surtout la partie finale de son oeuvre. L'homme qui se réaproprie une certaine spiritualité de l'humain et de la nature au delà des canons imposés par une religion. L'homme qui va vers le plus qu'humain et dépasse les grands principes catéchistes des premières années. Pour moi qui ai tout connu d'un coup, j'ai parfois du mal à démêler les époques.

Voici une des chansons de la dernière période ( j'ai vérifié la date : 1977, que j'ignorais alors) qui reflète pour moi les magnifiques visions de Brel, mais aussi son caratère contradictoire, comme ces vers sur les femmes qui font taches, malheureusement, à la fin du texte. Sinon, ce chant est un hymne à l'humaine vie avec ses illumination et ses lassitudes, une vie qui nous est proche, un peau que l'on peut revêtir sans se sentir trop trahis dans ses émotions quotidiennes, une critique parfois dure, mais toujours en tendresse... Comme celle que l'on se fait à soi-même. Et peut-être est-ce cela que j'aime chez Brel, cette manière de dire, qui est toujours un peu s'en prendre à soi, à ses faiblesses propres à ses petitesse, et prendre le monde non pas comme il vient mais comme on est.


La ville s'endormait


La ville s'endormait
Et j'en oublie le nom
Sur le fleuve en amont
Un coin de ciel brûlait
La ville s'endormait
Et j'en oublie le nom
Et la nuit peu à peu
Et le temps arrêté
Et mon cheval boueux
Et mon corps fatigué
Et la nuit bleu à bleu
Et l'eau d'une fontaine
Et quelques cris de haine
Versés par quelques vieux
Sur de plus vieilles qu'eux
Dont le corps s'ensommeille

La ville s'endormait
Et j'en oublie le nom
Sur le fleuve en amont
Un coin de ciel brûlait
La ville s'endormait
Et j'en oublie le nom
Et mon cheval qui boit
Et moi qui le regarde
Et ma soif qui prend garde
Qu'elle ne se voit pas
Et la fontaine chante
Et la fatigue plante
Son couteau dans mes reins
Et je fais celui-là
Qui est son souverain
On m'attend quelque part
Comme on attend le roi
Mais on ne m'attend point
Je sais depuis déjà
Que l'on meurt de hasard
En allongeant les pas

La ville s'endormait
Et j'en oublie le nom
Sur le fleuve en amont
Un coin de ciel brûlait
La ville s'endormait
Et j'en oublie le nom
Il est vrai que parfois près du soir
Les oiseaux ressemblent à des vagues
Et les vagues aux oiseaux
Et les hommes aux rires
Et les rires aux sanglots
Il est vrai que souvent
La mère se désenchante
Je veux dire en cela
Qu'elle chante
D'autres chants
Que ceux que la mère chante
Dans les livres d'enfants
Mais les femmes toujours
Ne ressemblent qu'aux femmes
Et d'entre elles les connes
Ne ressemblent qu'aux connes
Et je ne suis pas bien sûr
Comme chante un certain
Qu'elles soient l'avenir de l'homme

La ville s'endormait
Et j'en oublie le nom
Sur le fleuve en amont
Un coin de ciel brûlait
La ville s'endormait
Et j'en oublie le nom
Et vous êtes passée
Demoiselle inconnue
À deux doigts d'être nue
Sous le lin qui dansait

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Jean Guy
Envoyé vendredi 02 mai 2003 - 18h17:   

Oui, bien sûr celle-là fait, pour moi, partie des grandes, malgré, malgré......comme tu dis et j'aurais du la citer aussi comme telle en compagnie du dernier repas etc....





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Aglaé
Envoyé samedi 03 mai 2003 - 16h10:   

Pour Gert

Peut-être qu'il est moins difficile de transmettre des connaissances que de faire partager une jubilation...
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gert
Envoyé dimanche 04 mai 2003 - 03h09:   

Pour ça oui Aglaé, et c'est aussi pour ça que j'aime Brel... lui il sait me partager sa jubilation et toutes ses émotions....il vit avec ses tripes, pas avec sa tête... et c'est tout ce que je demande... ;-)
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Jordy
Envoyé vendredi 24 octobre 2003 - 21h21:   

On va se faire un Brel en Mars,à l'Espace Magnan.
Vu que je suis le plus brélien du groupe "chants mêlés", je vais faire 15 chansons.Rob sans doute quatre(Je suis un soir d'été","le plat pays","j'aimais" et peut-être "le moribond" (il est pas très chaud), Claude, à déterminer.
...et Leezie...si elle accompagnait un peu au piano...mmh? ça serait pas de refus! :-))

salut à tous
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Leezie
Envoyé vendredi 24 octobre 2003 - 21h57:   

euuuh, vu comme je joue du piano en ce moment (à cause du violoncelle, que je ne joue pas encore bien évidemment, donc je suis nulle en tout) je ne crois pas que ce soit vraiment votre intérêt...............

ah ah j'imagine très bien Claude, Rob et Nadine en train de pique niquer au sandwiche saucisson/Bordeaux pendant que tu chantes tes quinze chansons...
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Rob
Envoyé vendredi 24 octobre 2003 - 22h24:   

Le Bordeaux étant trop cher nous nous contenterons d'un vulgaire Bergerac en carton de cinq litres.
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Jordy
Envoyé vendredi 24 octobre 2003 - 22h42:   

Qu'est-ce que ça veut dire? il resteront stoïquement à écouter,sur la scène, et au garde à vous, encore! :-))
Non, sérieux...c'est vrai que ça va poser un problème de présentation. je crois que le mieux c'est qu'ils restent "par là", autour, et qu'ils viennent chanter quand le filage le demande. D'autant qu'il y aura aussi Françoise et Roger qui diront deux trois textes.On sera autant d'acteurs que de spectateurs!
En principe, c'est Claude qui devrait me faire "et moi je suis Sancho" dans "Don Quichotte".
On a pas fini de rigoler, ça va ressembler à un spectacle des branquignols.
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Aglaé
Envoyé samedi 25 octobre 2003 - 12h00:   

Leezie

Tu as écrit "vu que je joue du piano" au lieu de "vu que je ne joue pas du piano en ce moment"...sauf si je me trompe...j'en conclus par révélation de lapsus, que tu as plutôt envie de les accompagner...bisou...
Professeur Glaé, psy de mes deux
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Jordy
Envoyé samedi 25 octobre 2003 - 14h02:   

Non Aglaé. ca veut dire qu'en ce moment elle joue mal du piano ("vu comme je joue du piano en ce moment", vu ma manière actuelle de jouer du piano)
Enfin...c'est ce qu'elle prétend!
Moi, je suis sûr que c'est toujours excellent.C'est comme le vélo, ça s'oublie pas!
bisous
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Aglaé
Envoyé samedi 25 octobre 2003 - 16h54:   

Cette fois j'ai compris...tu voudrais qu'elle vous accompagne en vélo?

Je t'embrasse au passage, mon petit Jordy
A.
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Jordy
Envoyé samedi 25 octobre 2003 - 18h17:   

gros bisous aussi,Aglaé!
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Noel
Envoyé lundi 15 mars 2004 - 17h14:   

je reprends un fil de discussion ancien , mais tjs d'actualité , j'aime passionnement l'album " j'arrive " " les marquises " et " olympia 1964 " ...
dans mon tiercé de tete , je vois " le tango funebre " " regarde bien petit " , " les vieux " ...
c'est trés restrictif et trés frustrant , Brel c'est un puit sans fond pour y trouver mille mondes ...
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VERO
Envoyé mardi 01 juin 2004 - 22h47:   

bonjour, j'aide un étudiant mexicain à analyser 2 chansons de Brel : le plat Pays et Amsterdam, je dois dire que je planche sur le vent du Nord qui s'écartèle et les fils de novembre qui nous reviennent en mai, sans parler de l'Italie qui remonte l'Escaut...si l'un de vous dispose de quelques minutes pour me donner un indice...ou deux?
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Hélène
Envoyé mardi 01 juin 2004 - 23h15:   

mes souvenirs datent de plusieurs dizaines d'années .
dire que le vent du nord semble tirer les branches à l'infini comme les écarteler de leur tronc , les emmener je ne sais ou . sirtout quand il est en compagnie de la pluie
dire qu'en mai parfois la pluie peut être glaciale comme en novembre nous pénètre jusqu'aux os
Il dit plutôt de l'Italie qui descendrait l'Escaut
je pense aux journées chaudes de l'été et qui fait parfois fumer l'eau
mais il y a bien longtemps que j'ai vécu là bas.

J'espère que Flo ou Jp viendront en dire davantage eux qui y vivent.
c'est une des plus belles chansons de Brel pour moi. le Nord et la Belgique sont vraiment comme il le décrit. brume, pluie ciel parfois d'un bleu délavé, peut être des coulenrs de Toscane
de temps en temps.
et la gaîté expansive des Belges qui savent vraiment faire la fête . là aussi comme les italiens peut être.

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jp
Envoyé mercredi 02 juin 2004 - 00h47:   

Le plat pays
Avec la mer du Nord pour dernier terrain vague
Et des vagues de dunes pour arrêter les vagues
Et de vagues rochers que les marées dépassent
Et qui ont à jamais le coeur à marée basse
Avec infiniment de brumes à venir
Avec le vent de l'est écoutez-le tenir
Le plat pays qui est le mien
Avec des cathédrales pour uniques montagnes
Et de noirs clochers comme mâts de cocagne
Où des diables en pierre décrochent les nuages
Avec le fil des jours pour unique voyage
Et des chemins de pluie pour unique bonsoir
Avec le vent d'ouest écoutez le vouloir
Le plat pays qui est le mien
Avec un ciel si bas qu'un canal s'est perdu
Avec un ciel si bas qu'il fait l'humilité
Avec un ciel si gris qu'un canal s'est pendu
Avec un ciel si gris qu'il faut lui pardonner
Avec le vent du nord qui vient s'écarteler
Avec le vent du nord écoutez-le craquer
Le plat pays qui est le mien


le coeur à marée basse
avec infiniment de brumes à venir
............tout est dit!!

Avec un ciel si gris qu'un canal s'est pendu
Avec un ciel si gris qu'il faut lui pardonner
............pire, fatal jusqu'au pardon!!!!


avec des cathédrales, pour uniques montagnes
et de noirs clochers comme mâts de cocagne .....même les rêves sont les bricolages
de quelques croyances ...........si c'est pas "dépri" tout ça!!!!!!!;-))

et puis ya Frida qu'est belle comme un soleil (chez ces gens là monsieur..........) c'est dans une autre chanson, mais c'est la même , LA FEMME!!


DU concentré de Brel!!!!!!


Avec de l'Italie qui descendrait l'Escaut
Avec Frida la blonde quand elle devient Margot
Quand les fils de novembre nous reviennent en mai
Quand la plaine est fumante et tremble sous juillet
Quand le vent est au rire quand le vent est au blé
Quand le vent est au sud écoutez-le chanter
Le plat pays qui est le mien.




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jp
Envoyé mercredi 02 juin 2004 - 00h58:   

ce qui est amusant, tout le texte est une acceptation avec....avec.....jusqu'à l'arrivée
de l'idée de Frida où là les vers commencent pas Quand .....
avec la présence magique de la femme il existe peut-être une possibilité de transcender le fatal du gris.??????
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jp
Envoyé mercredi 02 juin 2004 - 01h21:   

il faut voir les choses en face, nous sommes tous des marins et les "Frida " restent de rêve...
il faudra se payer un succédané d'amour et beaucoup boire pour l'avaler......

Enfin ils boivent aux dames
Qui leur donnent leur joli corps
Qui leur donnent leur vertu
Pour une pièce en or



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mary
Envoyé mercredi 02 juin 2004 - 09h06:   

Juste pour rappeler :

nous sommes tous des marins et les "Frida " restent de rêve...
tous des marins,
tous des marins
tous des marins !!!!!

il nous faudra à tous se payer un succédané d'amour et beaucoup boire pour l'avaler......

car....... Rien ne nous est offert


Rien ne nous est offert, seulement prêté.
Et moi, je me retrouve criblée de dettes
qu’il me faudra payer :
payer mon moi de mon moi
ma vie de ma vie.

Il me faudra rendre
mon coeur, mon foie
tous mes doigts
et mes orteils aussi.

Trop tard,
je ne peux plus rompre le contrat.
Tout doit être remboursé
jusqu’au dernier lambeau de peau.

Je suis sur cette planète
au milieu d’une foule d'endettés.
Les uns ont des ailes à crédit
d'autres des feuilles.
A rembourser, de gré ou de force.

Tout est sur un compte crédit.
Pas un cil, pas un grain de beauté
sur un compte épargne.

La liste sur ce compte est infiniment longue.
A l'échéance, il ne restera que mains vides
ou plutôt, plus de mains.

Je n'arrive pas à me rappeler
où, quand, pourquoi
et qui ai-je pu autoriser
a ouvrir ce compte à mon nom.

Protester contre cela
veut dire avoir une âme.
Seul objet non inclus sur ce compte.

Wislawa Szymborska (trad.aar)
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mary
Envoyé mercredi 02 juin 2004 - 09h08:   

Juste pour rappeler :

nous sommes tous des marins et les "Frida " restent de rêve...
tous des marins,
tous des marins
tous des marins !!!!!

il nous faudra à tous se payer un succédané d'amour et beaucoup boire pour l'avaler......

car....... Rien ne nous est offert


Rien ne nous est offert, seulement prêté.
Et moi, je me retrouve criblée de dettes
qu’il me faudra payer :
payer mon moi de mon moi
ma vie de ma vie.

Il me faudra rendre
mon coeur, mon foie
tous mes doigts
et mes orteils aussi.

Trop tard,
je ne peux plus rompre le contrat.
Tout doit être remboursé
jusqu’au dernier lambeau de peau.

Je suis sur cette planète
au milieu d’une foule d'endettés.
Les uns ont des ailes à crédit
d'autres des feuilles.
A rembourser, de gré ou de force.

Tout est sur un compte crédit.
Pas un cil, pas un grain de beauté
sur un compte épargne.

La liste sur ce compte est infiniment longue.
A l'échéance, il ne restera que mains vides
ou plutôt, plus de mains.

Je n'arrive pas à me rappeler
où, quand, pourquoi
et qui ai-je pu autoriser
a ouvrir ce compte à mon nom.

Protester contre cela
veut dire avoir une âme.
Seul objet non inclus sur ce compte.

Wislawa Szymborska (trad.aar)
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Rémy
Envoyé mercredi 02 juin 2004 - 14h40:   

@VERO
Les fils de novembre qui reviennent en mai, c'est le blé semé qui lève.
L'Italie qui remonte l'Escaut c'est le carnaval.
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Rémy
Envoyé mercredi 02 juin 2004 - 15h56:   

Moi Brel je n'aime pas.

J'ai autre chose à faire de ma vie que de me faire agresser par les oreilles. D'autant plus que tout ce / ceux dont il se moque (systématiquement méchamment) est soit construit de toutes pièces, soit plus à plaindre qu'à blâmer. Même procédés que pour les Bidochon, de Binet.

Et puis Brel c'est un cliché, une posture, dont les poètes des forums ont un mal de chien à se débarrasser. Ca n'est même pas l'adolescent, c'est l'adolescent-tel-qu'il-doit-absolument-être. Pour le spectateur : ooh quel frisson délicieux dans cette rebellitude, comme il se fait bien souffrir !

Et à part ça, ses accompagnements sont kitschissimes et ses singeries sur scène étaient entre le grotesque et le dégoûtant.


Restent les exceptions qui confirment la règle : le plat pays, et puis des phrases ici et là qui sont belles quand on les extrait de leur contexte.

Oh je ne dis pas qu'il était malhabile, je dis que je n'apprécie pas. Tout le monde n'aime pas les épinards, n'est-ce pas.
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flo
Envoyé mercredi 02 juin 2004 - 16h12:   

Rémy? d'où sors-tu cette explication???

C'est original, mais je dois dire que ça ne me laisse sceptique. Disons que ca ne cadre pas trop avec le style de métaphore de Brel. Mais pourquoi pas pour la première. Mais l'italie qui se change en carnaval!!? ca ne va pas du tout, le carnaval se fête à la mi-carême. Ce n'est donc pas la bonne saison (puisque chaque couplet rappelle une saison). Et pourquoi l'Escaut?

Les fils de novembre il peut y avoir plusieurs explications:

Deux trouvées sur le net à approfondir :

"il s'agirait des pêcheurs, qui partent en novembre et reviennent six mois après de la mer..."

"Il s'agirait des soldats de novembre 1918 qui reviennent en mai 1940. Cette explication est soutenue par un historien mais me paraît moins crédible que celle sur les pêcheurs. Néanmoins continuez à chercher car il me semble me souvenir que de son vivant Brel lui-même avait donné l'explication. Peut-être en écrivant à la fondation Jacques Brel ? Merci de me faire savoir si vous en apprenez plus "

Pour ma part, j'ai toujours pensé en écoutant cette phrase au travail des saisonniers. En Belgique, beaucoup de flamands assez pauvres, ouvriers, allaient faire des travaux saisonniers en Wallonie (récolte des fruits, des betteraves etc... ou travaillaient dans des usines ou dans les mines) et revenaient chez eux pour aider au récoltes et aux travaux des champs à la belle saison.

Cette explication me serait confirmée par ce texte sur l'immigration en Suisse : "Au début du processus d’immigration, dans les années cinquante, les immigrants étaient peu qualifiés, parce que notre économie recherchait ce type de main d’œuvre là. Cette migration, déterminée par la demande, était donc fluctuante, et conduisit à la création du statut de saisonnier, qui n’était pas unique à notre pays. Jacques Brel ne chante-il pas dans le Plat Pays « les fils de novembre qui nous reviennent en mai ? »." cfr :"http://www2.unil.ch/spul/cours_publi_03/1_christen .html"


Pour ce qui concerne "L'Italie qui descendrait l'escaut" on peut aussi y voir une référence à l'immigration italienne qui a sa grande vague après-guerre. Cette phrase a d'ailleurs été reprise comme tite d'un film documentaire de Loredana Bianconi parlant de l'Immigration italienne ne Belgique.

L'escaut est le fleuve qui traverse la Belgique du Sud au Nord, il prend sa source dans le Nord de la France , passe par le Hainaut ( région à grande émigration italienne) et remonte jusqu'Anvers pour se jeter dans la mer en Hollande.

SI l'Italie "descend" l'Escaut, c'est donc qu'elle suit son cours jusqu'à la mer, et vient de Wallonie pour se jeter en Hollande.

Mais l'on peut tout simplement voir une métaphore liée à l'été qui fait le pendant avec le deuxième couplet sur le ciel si bas qu'un canal s'est pendu (hiver).

Les canaux signe de déprime hivernale deviennent des fleuves charriant les joies de l'été, l'Escaut de la Flandre devient l'Italie ensoleillée.

Voici quelques pistes,

Flo
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Rémy
Envoyé mercredi 02 juin 2004 - 23h11:   

Moi je trouve que ça colle pas mal question saison, le carnaval c'est bien en février, non ? C'est le premier signe de joie, et juste après dans l'ordre il évoque mai et puis juillet. Et puis Bruges c'est la Venise du nord, voilà pourquoi l'Italie du carnaval descend l'Escaut. (Sladi je ne sais pas si la rivière qui passe à Bruges c'est bien l'Escaut.)

Par contre les saisonniers qui partiraient en novembre et reviendraient en mai, je ne vois pas trop à la saison de quoi ça pourrait correspondre au juste...

Mais c'est ça le propre des grands textes : ils autorisent plusieurs interprétations.
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jp
Envoyé mercredi 02 juin 2004 - 23h29:   

Perle de pluie, ...........
quel drôle de nom...
pourquoi pas libellule ou papillon?
t'as rien compris .........
faut....
non, faut rien du tout........
.changer de pseudo peut-être ? que dirais-tu de pisse vinaigre , vieil ulcère , ou pluies acides
bon, passons
quand je lis des textes à caractère poétique, mon premier boulot est de me mettre le Q.I.en rase motte *(et ensuite de lire, ......ceci explique celà ) pour relever le Q.I. d'un cran , lire J.B ... il est plutôt bon dans son analyse

*afin d'éviter l'encombrement d'internet je rajoute que la distance à parcourir est minimale
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jp
Envoyé mercredi 02 juin 2004 - 23h51:   

Brugge n'a jamais vu l'Escaut,
ni la moindre rivière
pour améliorer l'trafic
on à creusé un canal
entre les tours de Brugge et Gent

pourquoi chercher la petite b^te
lorsqu'il s'agit d'images simples
laissons à Sigmud ce..........

Quand j'rêve d'un trip en mongolfière
c'est un engin rose et vert,
ya pas le logo "Fortis bank"
ni "jupiler"
ni "Amora"
et pourtant je vole très bien
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Ln
Envoyé jeudi 03 juin 2004 - 00h10:   

Quel âge aurait Brel ? il ne pouvait que décrire ce qui existait à l'époque . les flamandes c'est je crois très vrai . J'ai vécu mon enfance dans le Nord de la France . il y avait des différences de classes marquées l'éducation bourgeoise et souvent hypocrite.
on craignait Dieu on commençait à peine à dire qu'il était bon. Tout ce qu'il décrit est la société d'avant 68
"les bourgeois c'est comme les cochons
plus ça devient vieux plus ça devient bête."
lire aussi " les bigotes " la religion même quand elle existe encore a bien changé . tant mieux.
" ces gens là ! oui avant 68 il ne fallait pas de " mésalliances " les filles qui avaient "péché "on les appelaient filles mères et souvent leur famille les reniait . C'est que la pilule n'existait pas! Cest facile maintnant de faire le malin ! oui direz vous il y a le sida...

mais j'ai envie de retourner le reproche à " perles de pluie " il ne faut pas mettre les oeillères de son époque et oublier de regarder derrière et devant soi.

Que diront de toi , de ce que tu écris peut être , tes enfants et petits enfants enfin tes descendants au cas ou tu aurais envie de répondre que tu n'en veux pas ? La vie aura encore évolué . Dans quel sens?? l'histoire recommence toujours.

Brel pour moi n'a eu qu'un défaut quand j'étais en déprime je ne pouvais absolument pas l'écouter il me fichait le bourdon.
J'imagine souvent qu'il souffrait de ne pas être beau.
il a eu quelques éclairs de joie avec "la valse à mille temps " ou cette merveille " les vieux amants "
de la lumière aussi dans " Isabelle " " au printemps "

Allons s'il a eu ce succès c'est bien qu'il était le miroir de ses auditeurs non?

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Flo
Envoyé jeudi 03 juin 2004 - 10h00:   

Rémy, le Vent du Sud, c'est "la belle saison" et en Belgique, au mieux elle commence en mai jusque août. Donc il y a la saison des brumes, pluies et ciel bas et des vents de l'est, ouest et nord, et puis il y a le final, la saison chaude, si tu veux.

En avril, il fait caillant et même si c'est le carnaval, pour tout le monde c'est une saison de pluie, de froid et de grippe. Le carnaval, c'est le feu qui permet de se réchauffer malgré l'hiver interminable et de commencer à espérer des jours plus doux. Donc, non, "litalie qui descendrait l'escaut" c'est pas le carnaval. C'est sûr. Et puis pourquoi l'Italie? Et puis pourquoi l'Escaut?

Quant au saisonnier flamand, ça fait partie de notre histoire, et je crois que sincèrement c'est l'hypothèse la plus crédible et surtout la plus simple. La moins intello: Les fils de novembre qui reviennent en mai, c'est presque littéral. les garçons en âge de travailler partent en novembre pour des boulots saisonniers d'hiver, on ne les voit pas de tout l'hiver et ils ressurgissent en mai, saison des retrouvailles, des amours et du réveil de la nature profonde des gens: le rire, la vie, la joie.

le dernier paragraphe signe la chanson non pas comme un tableau en demi teinte, un peu amer, mais comme un réveil après une longue hibernation, avec des accents plus lyriques.

c'est ce qui m'enchante dans cette chanson: la poésie des humeurs du temps, changeant et plus profond que les apparences. C'est un chant d enuances d'émotions, c'ets pas d'un bloc, ca comprend quelques vagues à l'âme et une poésie terrestre prononcée, un regard critique et lucide sur notre environnement. Et puis une espérance quand même, c'est ça qui est beau et c'est ça qui est typique de Brel. ( Qu'on aime ou pas)

Flo

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essai
Envoyé jeudi 03 juin 2004 - 12h38:   

essai
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jp
Envoyé jeudi 03 juin 2004 - 20h04:   

bon, j'avoue,
je ne pense qu'à ça ...;-)
mais quand la Madeleine revient ,
elle choisit pas son mois
mais c'est là qu'on change les draps
( (et qu'on ajoute quelques trompettes dans l'orchestre)
entre deux cuillers de soupe froide et quelques grands Slurps Frida entre et le ton change ; là aussi les trompettes n'y vont pas de main morte!!

et puis quand on me mettra dans le trou,
l'ironie du "j'espère qu'il prendra soin d'ma femme " ....cliché de femme poussé à ses extrêmes grincants.........mais qui met le doigt sur ce course au rêve de l'idéal impossible à atteindre
Brel est brel mais pas Zen pour un sou ..;-))

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jp
Envoyé jeudi 03 juin 2004 - 20h04:   

bon, j'avoue,
je ne pense qu'à ça ...;-)
mais quand la Madeleine revient ,
elle choisit pas son mois
mais c'est là qu'on change les draps
( (et qu'on ajoute quelques trompettes dans l'orchestre)
entre deux cuillers de soupe froide et quelques grands Slurps Frida entre et le ton change ; là aussi les trompettes n'y vont pas de main morte!!

et puis quand on me mettra dans le trou,
l'ironie du "j'espère qu'il prendra soin d'ma femme " ....cliché de femme poussé à ses extrêmes grincants.........mais qui met le doigt sur ce course au rêve de l'idéal impossible à atteindre
Brel est brel mais pas Zen pour un sou ..;-))

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soeur aînée. d'espérience ...
Envoyé jeudi 03 juin 2004 - 21h07:   

Jp tu bégayes
c'est pas Madeleine c'est Mathilde qui se glisse dans les draps de Jacques.
Madeleine... ! je ne peux pas oublier c'était le prénom de ma belle mère et mon beau père boudait quand on écoutait cette chanson (;-)))
Madeleine est adolesente et Jacques aussi . un peu radin un peu timide comme le Jacques de "j'vous ai apporté des bonbons "
marrant comme tu es porté sur la chose toi par moments !!
la chose c'est la conclusion . après bof animal triste ... c'est ce que la femme donne gratuitement si le mec vaut la peine
et elle le donne avec tout . son coeur son corps son visage. Une femme ce n'est pas qu'un sexe .
bien sûr qu'il y a des femmes qui cherchent à gagner de l'argent avec leur sexe mais dans leur jardin secret il y a l'homme qu'elles aiment de tout leur être. Une femme qui aime JP c'est pas n'importe quoi . mais une femme qui repère un homme qui ne pense qu'à son sexe oui. elle fait payer et je trouve qu'elle a raison
voilà je parle en femme ce que je suis à 100%
passionnée , entière
tu es un peu Brel toi. jamais confiance en toi jamais croire qu'on puisse t'aimer.
comme tu crois sans doute pas trop à tes fesses tu crois pas vraiment à l'amour voilà ce que j'imagine parfois.
et Brel était comme toi.
il avait tort il avait pas compris



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Ruben le mexicain
Envoyé vendredi 04 juin 2004 - 20h17:   

Merci beaucoup pour tout votre aide, je suis vraiment impresionéé pour la cantité de personnes que sont apportée des idées. J'espere que vous continueront a envoyer plus des idés, lol, non je rigole, si vous voulez bien ça me fairai plaisir ;)

merci de neuveau ciao
Le mexican
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hélène
Envoyé vendredi 04 juin 2004 - 22h14:   

Bonsoir !
Vous êtes l'étudiant dont parlait Véro ,
Nous espérons que Brel a moins de secrets pour vous que Véro a pu vous traduire ce qui, était important dans nos échanges car nous nous sommes laissés aller avec beaucoup de naturel
revenez quand vous le désirez et quand le français vous sera bien familier si vous écrivez quelques textes ce sera gentil de venir les partager.
c'est beau le Mexique!!! et la cuisine .. Mmmm ! je suis gourmande.

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