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mary
| Envoyé jeudi 05 février 2004 - 13h58: | |
Verbe et Chair I. Que le verbe se fasse chair Et qu'il habite parmi nous Je nourris mon corps insatiable avec des verbes et des fruits Je les bois telle l'eau fraîche avec les mots, les lèvres, les gorgées. Je les inspire comme le beau temps. Je les écrase comme les bourgeons. Je les répands en les aromatisant *** Le verbe est le vin et le miel, le verbe est la viande et le pain Avec les verbes je dirige mes yeux sur les sentiers étoilés du ciel - la joie, le cadeau saint, Oh ! éternelle miséricorde ! Seigneur, donne-moi aujourd’hui notre verbe quotidien. II Je ne suis qu’un désœuvré : je ne suis que le pêcheur des mots alerte et attentif originaire du monde des mots. Les instants volent avec les mots tout ce que j’aimais et je ressentais bourdonnent des jours entiers, fourmilière des abeilles ensoleillées. Ils me frôlent avec leurs ailes Piquent avec leur dard jusqu'au sang, percé, empoisonné je ressent la douleur ! Dans mon cœur enfermé battent les mots C'est pourquoi le cœur palpite autant. Ensorcelé de miel la tête saoule, c'est pourquoi - les rêves. III Chaque mot a sa racine dans la terre noire et profonde, quand il surgit sur la surface – en verdure glissante, tresse avec elle les nouvelles fibres qui poussent vers le haut ensemble en une branche végétale Le sang doré jaillit la tête jusqu'aux épaules Il nous ouvre les bras la lumière inonde le crâne Ah ! dans le battement printanier, comme la densité du bois Sur deux branches un oiseau comme le cœur chante Le jour sort du ventre comme la noirceur accouchée Et tous les jours recommence à vivre, jeune et élancé ! Il nous attrape quand il veut comme une étreinte d'amour, et embrasse l'essence des mots comme le jus dans la bouche. Ainsi dans le martyre et la jouissance, criant, saignant, frappé par la foudre de Dieu comme par la césarienne : les têtes avec la lance solaire fracassées, le ventre déchiré par les mots comme une mère enfantant. IV. Tu es mon pourpre Tu es ma verdure Le cerveau dans les nerfs des minuscules branches La plantation des incarnation vivante. Le poids de la sévérité du monde Les élans terrifiants de Dieu Le bruit empoisonnant dans le crâne La démence et l'essence de mots Mon sang- ma parole De la terre la chaude poulpe - enrougissez, everdourez les paroles avec des hymnes rebelles ! V Non gratuitement avec le chant se rime le sang, Non gratuitement détonne la colère Le mot sait quel son il sonne ! Le sang - avec la rage - chante Notre rage déchire la voûte céleste Les mots fondent en enflammé alliage. Et les illuminations nous éclaire, Dieu redevient divin, les poètes ! Julian Tuwim (1894-1953) |
   
Rob
| Envoyé jeudi 05 février 2004 - 14h25: | |
J'ai horreur de ces imprécations avec du dieu partout, c'est de la caricature poétique, le genre de texte que je déteste, un truc qui sortirait de la vie, une tricherie qui poserait l'écrit comme la seule solution ou alors il faut savoir le faire avec l'oubli de sa petite tronche, ici c'est un carnaval grotesque et pourtant élagué il pourrait rester quelques affirmations à sauver. |
   
J-p
| Envoyé jeudi 05 février 2004 - 16h06: | |
dieu..............;-) http://www.geocities.com/clemenconjp/itemloeil.htm l |
   
mary
| Envoyé jeudi 05 février 2004 - 17h24: | |
Chacun ses goûts !!! La figure de dieu peut être interprété indéfiniment. La magnifique création de Jean-Pierre le prouve ! Julian Tuwim était juif et athée. Entre parenthèse même si vous n'aimez pas le poème, c'était un poète reconnu : "Le plus fécond et le plus virtuose était Julian Tuwim (1894-1953), fasciné par la musique de la langue, à la recherche du contenu spirituel enfoui dans ses sonorités. Il excellait aussi dans la poésie pour enfants et dans la satire" "Universalis" Je suppose qu'être reconnu ne veut rien dire… peut-être tout simplement ma traduction est mauvaise ! Mais autrement il n'est pas disponible…
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aar
| Envoyé jeudi 05 février 2004 - 19h02: | |
Tuwin est polonais, Mary a traduit ce poème. bien sûr la musique de la langue originale n'est plus, bien sûr il n'es pas possible de traduire l'atmosphère culturelle et historique qui entoure ce texte. Bien sûr... bien sûr... c'est quand même pas très gentil pour le quelques heures de travail de Mary, qui est polonaise et exilée politique et qui voulait partager un plume de son pays. Continue Mary, on lit ton pays.
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Rob
| Envoyé jeudi 05 février 2004 - 19h16: | |
Il m'était difficile de savoir que Mary avait fait la traduction et si on doit toujours déployer de la"gentillesse" on s'en sort plus, merde! on peut plus rien dire alors. |
   
Hélène
| Envoyé jeudi 05 février 2004 - 19h34: | |
tiens Aaron il vient de m'arriver la même mésaventure qu'à toi. j'avais mis un message ici et Pfft! c'est toi qui me l'a sucré (;-))) ??? j'ai du faire une fausse manoeuvre. en fait je disait que Erri de luca se dit athée et lit pourtant chaque jour un passage de la bible il a pour cela appris l'hébreu en autodidacte. Il dit qu'il s'en inspire pour écrire Il dit aussi que l'écriture lui permet de s'isoler du monde tourmenté actuel. mais là je sors du sujet. Rob tu as raison je crois que chacun a le droit d'énoncer sa pensée quand il le fait gentiment ce qu'il me semble que tu as fait. si pour sembler genrtil il faut tout aimer je crois qu'alors nous serions hypocrites c'est impossssssiiiiible et tu vois je suis venue répondre . tivati té fâcher ??
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Mary
| Envoyé jeudi 05 février 2004 - 20h17: | |
Pour Rob Bien sûr que tu peux dire merde, tu ne seras ni le premier ni le dernier. Voici un poème de Raymon Queneau : « Ce soir si j’écrivais un poème pour la postérité ? fichtre belle idée je me sens sûr de moi j’y vas et à la postérité j’y dis merde et remerde et reremerde drôlement feintée la postérité qui attendait son poème ah mais »
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Leezie
| Envoyé jeudi 05 février 2004 - 21h29: | |
Mary, Rob n'a pas écrit "merde" au poème que tu as posté, il me semble qu'il a exprimé une profonde réaction de rejet à une certaine expression du côté divin de la poésie Il n'aime pas ce poème, violemment, plus pour ses idées que pour sa forme, c'est son droit, il ne s'en prend pas au poète, et pas non plus à toi Je pense qu'il aurait plus fait attention s'il avait su que c'était ta traduction, de manière à ne pas te blesser. Et entre parenthèse, celle-ci me paraît éminemment poétique à bientôt |
   
so-so
| Envoyé jeudi 05 février 2004 - 21h51: | |
"et si on doit toujours déployer de la"gentillesse" on s'en sort plus, merde! on peut plus rien dire alors." :-))))) |
   
flo
| Envoyé vendredi 06 février 2004 - 13h25: | |
d'autant plus que si on lit bien ce texte, bien de chez bien, on s'aperçoit qu'il est moins conventionnellment religieux qu'il n'y apraît et qu'au contraire il y a un formidable appel de vie et de revendication derrière. Je l'ai relu plusieurs fois, Mary, après la réflexion de Rob, et me suis aperçue que la rage et le baroque était bien plus présent que l'adoration aveugle et le consensuel ;-)) Bisatoi Mary !! flo |
   
Hélène
| Envoyé vendredi 06 février 2004 - 14h12: | |
en réalité je ressens un hymne au verbe et à l'écriture bien plus qu'à Dieu !! le poète a seulement repris quelques citations cueillies dans des évangiles et les a transformées il a du avoir envie de transcender l'art poétique. Rob a du être arrêté dès le début parce qu'il a un à priori à propos de la religion. Surtout avec ton titre de présentation (:-) Il a oublié le poème . Je parie que s'il lisait tout avec attention son point de vue serait différent. je crois que tu as très bien traduit Mary ;
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