Gérald Godin, poète québécois Log Out | Thèmes | Recherche
Modérateurs | Fiche Personnelle

66 zone franche - Le forum de Francopolis » Poésie du monde » Gérald Godin, poète québécois « précédent Suivant »

Auteur Message
Top of pagePrevious messageNext messageBottom of page Link to this message

jml
Envoyé lundi 12 juillet 2004 - 20h20:   

Gérald Godin est né à Trois-Rivières en 1938.Il a participé à la fondation de la revue Parti Pris et a dirigé de 1969 à 1976 les éditions du même nom. Il a fait paraître depuis 1960 sept recueils de poésie dont les plus connus sont Les Cantouques, Sarzèneset Soirs sans Atout. Il fut élu député pour le Parti Québécois en battant le premier ministre de l'époque, Robert Bourrassa, dans son propre comté. Victime d'une tumeur au cerveau, il surmonta son handicap et devint ministre peu après. Les poèmes qui suivent datent de sa période de réhabilitation.

PARCE QUE
Parce que chaque atome de chaque objet
le fait exprès pour le contredire
manche de manteau manche de veston
chaque atome de chaque bouton de chemise
chaque atome de chaque noeud de cravate
chaque atome de chaque lacet de bottine
parce que chaque logiciel
de chaque geste de la vie quotidienne
a explosé dans son planétarium
parce qu'il frappe
tous les cadres de porte
avec son épaule gauche
parce que les neurones qui règlent le traffic des mots
lui font des embouteillages
et que souvent ses mots sortent
bumper à bumper comme les chars à cinq heures du soir
quand il veut parler
parce que la commisure gauche de sa bouche
ne retient pas son manger
parce qu'il passe sa journée
à chercher des choses
qu'il n'a même pas perdues


LAISSEZ-LE

Et celui qui
pas pour mal faire
pas pour mal faire
prononce à sa place le mot qu'il cherche
eh bien ! il retarde sa guérison
pas pour mal faire
pas pour mal faire
car quand il cherche ce maudit mot
quand ce qu'on appelle un cérébro-lésé cherche un mot
ses neurones tendent les bras dans le vide
branches d'arbre agité par le vent
ses neurones tendent les bras dans le vide
pour poigner à pleines mains
le mot qui est là sur le bout de sa langue
et quand il l'attrape
quelle joie !
j'm'en viens ben

laissez-nous donc tranquillement chercher nos mots
laissez-le donc
bégayer


TON NUMÉRO

- Quoi tu te souviens plus de mon numéro ?
- Écoute mon vieux moi tu sais
on m'a enlevé une tumeur au cerveau
de la grosseur d'une mandarine
eh ! bien
ton numéro il était dedans
Top of pagePrevious messageNext messageBottom of page Link to this message

yves
Envoyé lundi 12 juillet 2004 - 23h43:   

Merci de nous parler de ce poète et de nous donner deux poèmes où il joue à la fois des mots et de sa maladie. Je suppose qu'il a été quelque temps aphasique et que son disque dur mental a été un temps effacé ? je pense aussi qu'il a fait une tumeur bénigne comme cela arrive parfois et non un glyome ou un glyo blastome. (J'ai été pendant mes études assistant d'un chirurgien spécialiste des interventions cérébrales, car j'étais totalement ambidextre. J'en ai vu, de la matière grise...et j'en ai fait des noeuds sur des vaisseaux gros comme du vermicelle. . Je vous donnerai une nouvelle sur ce sujet, mais pas ce soir. Ma matière grise demande des ondes beta (:-)
Top of pagePrevious messageNext messageBottom of page Link to this message

jml
Envoyé mardi 13 juillet 2004 - 03h05:   

Gérald Godin a été emprisonné sous la Loi des Mesures de Guerre lors de la Crise d'Octobre 1970. Ce poème a été écrit à cette occasion.

LIBERTÉS SURVEILLÉES

Quand les bulldozers d'Octobre entraient
dans les maisons à cinq heures du matin

Quand les défenseurs des Droits de l'Homme
étaient assis sur les genoux de la police
à cinq heures du matin

Quand les colombes portaient fusil en bandoulière
à cinq heures du matin

Quand on demande à la liberté de montrer ses papiers
à cinq heures du matin

il y avait ceux qui pleuraient en silence
dans un coin de leur cellule
il y avait ceux qui se ruaient sur les barreaux
et que les gardins traitaient de drogués
il y avait ceux qui hurlaient de peur la nuit
il y avait ceux qui jeûnaient depuis le début

Quand on fait trébucher la Justice
dans les maisons pas chauffées
à cinq heures du matin

Quand la raison d'état se met en marche
à cinq heures du matin

il y en a qui sont devenus cicatrices
à cinq heures du matin
il y en a qui sont devenus frisson
à cinq heures du matin

il y a ceux qui ont oublié
il y a ceux qui serrent encore les dents
il y a ceux qui s'en sacrent
il y a ceux qui veulent tuer

Gérald Godin
"Ils ne demandaient qu'à brûler"
l'Hexagone
Rétrospectives
1987







Top of pagePrevious messageNext messageBottom of page Link to this message

karl
Envoyé lundi 06 décembre 2004 - 18h29:   

Ah!

Tu imagines Jean-Marc, à quel point ils étaient en tabarnak c'est gars-là en ce mois d'octobre 70?

Dans ce poème-ci en tout cas, ça ne fait aucun doute.

salut merci de mettre ces textes ici

karl
Top of pagePrevious messageNext messageBottom of page Link to this message

karl
Envoyé lundi 06 décembre 2004 - 18h30:   

erratum

"ces" gars-là

Le postage de nouveaux messages est actuellement désactivé dans cette catégorie. Contactez votre modérateur pour plus d'informations.

Thèmes | Depuis hier | La semaine dernière | Vue d'ensemble | Recherche | Aide - Guide | Crédits programme Administration