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  Cécile
  | | Envoyé mercredi 21 juillet 2004 - 23h10:    |  |  
  Coucou !!!!    je suis passionnée par la poésie algérienne, j'ai pensé qu'en parler un petit peu serait une chouette idée. Je vous présente tout d'abord un grand écrivain, disparu trop tôt : Tahar Djaout    Tahar Djaout était né en janvier 1954, dans un petit village, sur la  grande côte de grande Kabylie, appelé Azzefoun. Il avait orienté  ses études vers les sciences exactes , mais dès sa licence de  mathématiques obtenue à vingt ans, il s'orienta vers le  journalisme et la littérature.  poésie d'abord, comme L'Arche à vau-l'eau publiée en 1978  puis des oeuvres romanesques, l'Expropriée en 1982, des  nouvelles , le Rêts de l'oiseleur (1984) et trois romans en moins  de six années, Les chercheurs d'os, l'Invention du désert, les  Vigiles .  La poésie demeure pourtant pour lui une préoccupation  majeure et s'il compose une anthologie de la poésie algérienne  en 1984, il n'en poursuit pas moins son oeuvre poétique  personnelle avec Pérennes qu'il termina en 1993...quelques  jours avant sa mort. Les balles d'une arme, l'ont frappé à la tête,  à Alger, le 28 mai 1993. Il n'était pas le premier dans la longue  suite des violences et des attentats contre des enfants, des  femmes, des hommes , mais le premier des "intellectuels" ,  comme on dit, dans cette guerre à l'intelligence et à la lucidité.        JOURS ADVERSES     le jour naît justement  de ce pilon familier,  d'une meule dont j'ai souvenance  qui marie le grain au chant.     l'eau et la femme se réveillent,  dénouent un rire bleu qui rejoint  l'oiseau jamais assoupi.     la conjugaison du cristal.     les jambes de l'enfant jaillissent  dans un élan qui les grandit ;  les bêtes harcèlent l'aube  d'un métal intarissable.     Tahar Djaout dans Des chèvres noires dans un champs de neige ? 30 poètes et 4 peintres algériens contemporains, Bacchanales n°32, revue de la Maison de la poésie Rhone Alpes, Marsa éditions, page 78 
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  Cécile
  | | Envoyé dimanche 25 juillet 2004 - 14h17:    |  |  
  Parler de poésie algérienne sans parler de Mohammed Dib serait un grand oubli. Il nous a malheureusement quitté en mai 2003... Un peu trop vite je crois...    Auteur de recueils de poésie mais aussi de romans empreints de poésie, Mohammed Dib mérite le détour. Il a aussi écrit un roman en vers (L.A TRIP)    Je vous présente donc ici un petit aperçu de son oeuvre.    La Grande Ourse fait route à tue-tête  Au coeur d'un brouillard de sang opaque  Un monceau de cuivre sans mémoire    Une mine chanteuse d'oiseaux  Qu'une pluie invincible environne  Gardent le baobab de l'enfance.    Et la voix d'un minotaure las  Depuis longtemps égare la plainte  D'une ville plus vide, plus sourde.      Mohammed Dib, Ombre gardienne   (Editions Gallimard, 1961, pour la première édition)  (La Différence, pour une réédition, voir la fiche de l'éditeur sur   <http://www.ladifference.fr/fiches/livres/ombregard ienne.html>)    Une étoile qui chante à l'orée  Du monde et rutile comme un mort  Vient fouiller la terre quand je dors.    Jadis une femme toue pâle  Un blanc polypier sur la poitrine  Etait assise au seuil du pays.    Son ennui ouvrait de grandes paumes  Sur la prairie un enfant aveugle  Pleurait, sommeil de mon propre corps.    Du recueil "Ombre gardienne".    PAYSAGE    C’était dans l’évier.  Il se lavait les mains.    Il baissa les yeux.  Un ruisseau y coulait.    Pourvu que les arbres  Entrent aussi, dit-il.    Et les oiseaux, dit-il.  Et même les collines.    Mohammed Dib dans L’enfant-Jazz, éditions de la Différence, page 33.     GRAVITATION SEDENTAIRE    vogue   soudain la liberté  sur le sein retrouvé    tourne en ailes  la patience d’une ogive  sur l’aile étendue    l’espérance atteint  deux fois un baiser d’eau  en découvrant les yeux    l’arbre se déshabille  et ne croit adorer que  cette transparence.    Mohammed Dib dans Feu beau feu, éditions du Seuil, page 61    au plus vide    continue dans la flambée  par un bruit d’insectes  une imperceptible poussière  une figure bien que chaleur    par une énigme qui te fait  geste sous la stérile voix  et continuant prends feu  immobile sur une arête    reçois un lieu de veille  et finis en nuit en crue  ou sang comme une clameur  hors de portée des mots    Mohammed Dib dans Omneros, éditions du seuil, page 89    Ces choses américaines     Les choses ouvrirent   d'elles-mêmes les yeux.     Il s'émut en silence  de leur silence. Lui,  en mourrait d'envie.     Ces choses présentes.  Lui qui leur était étranger,  qui leur rôdait autour. Non,   pas chagrin. Silencieux.     Puis d'inconnues  elles se firent proches  pour son envie de vivre ici.  Il s'émut en silence.    Extrait de L.A TRIP, éditions de la différence.      « Oui, me disais-je, et un mirage de mer m’a remplie. Un mirage où les couleurs du ciel et de l’eau s’inversaient : bleu-noir pour l’azur et, toute claire en dessous, une pâleur illuminée pour la mer, la seule source où le jour puisait son éclat. Une mer arrêtée, qui suspendait son souffle, à l’exception d’une longue frange agitée d’imperceptibles frissons. »   Extrait du roman Le sommeil d’Eve, éditions la différence (page 25)      pour en savoir un peu plus sur lui, connaître sa bibliographie, voici un bon lien :  http://www.limag.refer.org/Volumes/Dib.htm 
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  Ali
  | | Envoyé dimanche 25 juillet 2004 - 15h57:    |  |  
  Merci Cécile pour ces beaux poémes algériens . on aimerait en connaitre plus.Sénac,jean Amrouche,kateb et les autres . |  
      
  Cécile
  | | Envoyé dimanche 25 juillet 2004 - 16h28:    |  |  
  oui !!!! Peut-être en as-tu toi aussi dans ton panier ? Je n'ai pas encore commandé le recueil que je t'ai promis, tape moi sur les doigts et tire moi les oreilles ! |  
      
  Hélène
  | | Envoyé dimanche 25 juillet 2004 - 17h40:    |  |  
  je voudrais partager  quelques poèmes d'un  poète d'origine algérienne que j'ai eu le plaisir de rencontrer .   Peu connu  pourtant  heureusement que quelques petits éditeurs l'ont parfois publié .   voici déjà la dédicace qu'il m'avait  laissée : je l'ai trouvée si belle :  " Un chant extrait de ma chair  cri absolu d'amour  pour que les enfants ne pleurent plus  que si l'envie leur en prend        c'etait à Chambéry en 1998.    le recueil s'appelle Chant triste pour une Algérie défunte.     Deux cent silences  rejoignent le silence    Deux cent regards  à jamais pétrifiés    Des millions de mutismes  froids de ne vouloir  sauver le juste de l'injuste  le vivant de l'innommable  absolvent les bourreaux    C'est la mémoire indifférente  abdiquant la puissance du verbe  devant mille girons maternels  spoliés de leur douceur .       ***    O peuple de l'arrière-monde du monde  existe-t-il un présent à l'impensable  verras-tu un lendemain à l'obscur    Où dormiras-tu du sommeil des morts apaisés  si nul ne prononce ton nom  ni ne calme les gerçures de tes mains  ni ne convie au banquet de midi  la fraîcheur de l'ombre que tu aimas               ***    Sache qu'ici les morts sont moins morts  leur poids fustige toute mesure    Ils cessent même d'être morts  à leur guise se fabriquent les légendes    Un seul corps éteint sous les feux de la rampe  efface des monceaux de cadavres .       Abdelkader Zibouche  
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  Ali
  | | Envoyé dimanche 25 juillet 2004 - 20h45:    |  |  
  Très belle poèsie! Merci à vous deux. Ne t'en fais pas ma chère Cécile!! y a du temps encore devant nous,je te taperai pas sur les doigts ni sur les oreilles au contraire tu as une très belle place dans mon coeur ;je t'embrasse fortement ; oui moi aussi je publierai qlqs textes de poètes algériens;ce soir ou demain.C'est une littèrature que j'aime bcp.L'Algerie aussi je l'aime bcp bcp c'est mon deuxième pays.J'ai plein d'amis(es) là bas. |  
      
  Cécile
  | | Envoyé dimanche 25 juillet 2004 - 21h49:    |  |  
  Très belle poésie Hélène et en effet je ne doute pas que la dédicace a fait son effet !    Je vous présente un poème de Monsieur El Medhi Chaibeddera... j'ai posté ce même poème un jour sur mon groupe voixdumonde et il s'est avéré qu'un des membres est le collègue de ce monsieur. Il m'a donc mis en contact avec lui... celui-ci m'a fait sa biographie ! La voici suivie du poème :     El'Mehdi CHAIBEDDERA. Professeur de lettres françaises au lycée zerrouki de mostaganem. né le quatre février I953 à Mostaganem; plus de 8OO poèmes, nouvelles, essais, entretiens publiés en journaux et revues internationaux Afrique,Europe,Asie,USA.   editioins: Enchatonnement -' haiku,tanka, renga tercets quatrains editions An-amzer Bretagne I989/ Grand Prix International de Poésie de la ville de Plouzané 89  au détroit d'etre: ed. Les Amis de la Poésie Bergerac I99I  Au bunker de mon coeur Imprimerie Alawia Mostaganem I99I  le chinois d'Algérie ed. l'Albatroz Paris I994  Perles ed. EDITINTER 2OOO Prix de l'éllipse poétique CEPAL  L'épopée diabolique ed.Associatives Clapas 2OOI  SEPTEMBRE 2OOI à ma grande stupeur, je reçois le prix du meilleur poète et écrivain algérien   je suis membre depuis I99I de l'Académie de lettres de sciences et d'arts di Pontzen de Naples Italie  la majeure partie de mon oeuvre est encore reléguée dans l'inédit  ceci pour vous donner une meilleure vue d'ensemble        A ton Isérance (extrait)    "Mademoiselle  aux yeux de pluie  au rire orangeade glacée    Je n’ai que mon cœur  là  sous la main  en gouttières  en mascarons  à offrir en partage  en refuge  en point d’appui  aux chats de nos chagrins  aux chinchillas des nostalgies  qui nous cherchent  déjà  tout fébriles  autour des boîtes aux lettres  et des cartons qui s’accumulent  sous les chants des chardonnerets  des sifflements des primeuristes  et des pincements de guitare    Je n’ai pas de moyens  aucun de vos moyens  de communication  sophistiqués    pas d’adresse électronique  pas d’ordinateur  pas de minitel  pas de portable  pas de fax    Je n’ai que mon cœur  mon tamtam d’Afrique  mon tambour du dedans"    El-Medhi Chaibeddera, Poète Algérien cité dans Bacchanales, revue de la Maison de la Poésie Rhône-Alpes, n° 20 Poésie Amour, juin 2000, p. 26. (proposé par escarbille)    El Mehdi Chaïbeddera / Enchatonnements(1989) / Grand Prix Plouzané 1989  "Il faut un courage à ce professeur de Mostaganem pour oser écrire comme on dresse le poing. Ecoutons cet excellent poète que les revues de France se disputent." (J.Y. Le Guen)  <http://poesiepremiere.free.fr/sommaires.html>  L'éditorial de Jean L'Anselme pour le numéro 13. Patience patience, jeunes poètes...  <http://poesiepremiere.free.fr/lanselme.html>     
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  jml
  | | Envoyé lundi 26 juillet 2004 - 02h50:    |  |  
  3 autres poèmes de Tahar Djaout    GÉOGRAPHIE    L'espoir  et son cou longiligne  de bête insatiable.    La promesse  et son savon  qui oint les plaies.    Le discours  et son glossaire  de vitamines.    La patience  et les salles d'attente  encombrées..    La ville se tient immobile  de crainte de brusquer ses ministères  et la quiétude de ses stèles.      JE SAIS L'OISEAU    Je sais l'oiseau, rire embusqué  au coeur de chaque saule qui tremble.    Je sais l'oiseau sur l'olivier  et la bigarrure de sa queue.    Je sais l'oiseau  - ma main s'y brûle -  fléché comme une flamme dans l'azur.    Je sais l'oiseau au coeur qui bat,  l'oiseau posé comme une plainte  sur l'arbre assaiili de chasseurs.      HISTOIRE    Régler la parade des squelettes.    Refaire la parade à sa guise.    Retoucher les biographies.    Effacer le précédent.    Le patriotisme est un métier.               
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  Cécile
  | | Envoyé lundi 26 juillet 2004 - 21h21:    |  |  
  Les poèmes Géographie et Je sais l'oiseau sont parmi mes préfèrés de Djaout. Bon choix !    voici un extrait de Jean Senac    DISQUES DE L'ENFANT PRODIGUE     1      La dure vie le gai refrain  qui moud sa poisse dans les reins  tu n'oses plus dire je t'aime  il est trop tard le bruit s'éteint     La dure vie le mot d'un gosse  on court on court la piste est fausse  la borne s'arrête au matin     La dure vie le pur instinct  elle réclame ton visage  son oeil a trouvé dans le tien  la clé pour voir enfin les choses  qui donc t'a mis dans le pétrin     La dure vie la lèvre offerte  ton refus dans la rue déserte  lézard au mur et dans le dos     La dure vie le rire étrange  si tu voulais on veut tout change  la nuit bascule avec la voix     La dure vie la vie à suivre  quelle insolence te délivre  un doigt qui s'ouvre sur le givre  cette fleur d'ongle cette croix     La dure vie la vie à vivre     Jean Sénac dans Bacchanales N°32, Revue de la Maison de la poésie Rhone Alpes, Marsa éditions, page 130 |  
      
  Ali
  | | Envoyé lundi 26 juillet 2004 - 21h46:    |  |  
  Merci Cécile pour ce beau poème de Sénac. Si je ne me trompe pas Tassadit Yacine à résérvé tout un numéro de la revue "Awal" à la poèsie de Sénac et à son combat en guise d'hommage à ce grand poète algérien.  Et dis moi Cécile il me semble que t'as choisi ce poème seulement parce que le lézard y figure "le lézard au mur et dans le dos";)merci chère Cécile |  
      
  Cécile
  | | Envoyé lundi 26 juillet 2004 - 22h14:    |  |  
  Tiens je savais que le lézard ne t'échaperait pas ! Sacré Ali ! |  
      
  Cécile
  | | Envoyé jeudi 29 juillet 2004 - 22h14:    |  |  
  Et voici DJAMAL KHARCHI !    TON REVEIL EN SIX ELOGES    Tes paupières s'ouvrent comme une braguette  Sur la maturité du jour  Tes yeux fécondent la lumière    Ton regard naissant secoue  A grands coups de paupières les murs de la chambre  Sur lesquels s'est déversée l'ombre battante de tes rêves    Tes yeux s'agrippent au balancier de l'horloge  Pour essuyer le gras de la nuit sur ton visage  Qui s'adapte à tous les âges    La mer sourit librement sur tes lèvres  Le soleil éclate dans tes prunelles  Comme un fruit trop mûr qui rejette un excédent de saison    Les poches du jour sont pleines d'étoiles  Et cette brise matinale qui te frictionne la peau  Te souffle leur appel de gisant  Comme un espoir  Chacun de tes réveils en entame un autre.    Djamal Kharchi dans Anthologie de la nouvelle poésie algérienne, par  Jean Senac, Poésie I - N° 14, page 98. 
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  Cécile
  | | Envoyé jeudi 12 août 2004 - 22h21:    |  |  
  LE COMBAT ALGERIEN (extrait)    "A l'homme le plus pauvre   à celui qui va demi-nu sous le soleil dans le vent   la pluie ou la neige   à celui qui depuis sa naissance n'a jamais eu le ventre plein   On ne peut cependant ôter ni son nom   ni la chanson de sa langue natale   ni ses souvenirs ni ses rêves   On ne peut l'arracher à sa patrie ni lui arracher sa patrie   Pauvre affamé nu il est riche malgré tout de son nom d'une   patrie terrestre son domaine   et d'un trésor de fables et d'images que la langue   des aïeux porte en son flux comme un fleuve porte la vie.     Aux Algériens on a tout pris   la patrie avec le nom   le langage avec les divines sentences   de sagesse qui règlent la marche de l'homme depuis le berceau   jusqu'à la tombe   la terre avec les blés les sources avec les jardins   le pain de bouche et le pain de l'âme l'honneur   la grâce de vivre comme enfant de Dieu frère des hommes   sous le soleil dans le vent la pluie et la neige."    Jean Amrouche, Espoir et paroles, Seghers, 1963, s.p. 
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  Ali
  | | Envoyé jeudi 12 août 2004 - 23h25:    |  |  
  Merci chère Cécile pour ce poéme de Almouhoub Jean Amrouche! Il serait trés interessant aussi de nous parler un petit peu de la vie de ce géant de la litterature algerienne ! Il est difficile d'en parler sans évoquer la vie de toute la famille des Amrouches ! Fadhma N'ayt Mansour, Taos Amrouche ,Marcel Amrouche..etc Merci |  
      
  Cécile
  | | Envoyé jeudi 12 août 2004 - 23h36:    |  |  
  Jean Amrouche est né le 7 février 1907 à Ighil Ali, en Petite Kabylie. On peut parler à son propos de "cas culturel particulier". En effet, comme il le dit lui-même :    "Kabyle de père et de mère, profondément attaché à mon pays natal,  à ses moeurs, à sa langue, amoureux nostalgique de la sagesse et des vertus humaines que nous a transmises sa littérature orale, il se trouve qu'un Hasard de l' histoire m'a fait élever dans la religion catholique et m'a donné la langue française comme langue maternelle."    Il est donc kabyle d'origine et de culture, mais les circonstances coloniales lui attribuent le français comme langue et le christianisme comme religion. Cette situation le met en porte-à-faux par rapport à l' Islam et à la langue berbère qui prévalent dans sa société. Ce drame social et intime contribuera à mettre en place chez le poète une conscience aiguë de l' isolement et de l' exil, d'une solitude fondamentale et irréductible.    Il quitte très jeune l' Algérie pour la Tunisie. Il y enseigne puis rentre dans le monde de la culture française à partir de 1943. Il collabore notamment aux rubriques culturelles des grands journaux comme Le Monde, Témoignage chrétien, L' Express et L' Observateur. Il travaille également à la Radiodiffusion française. Vivant à Paris, il ne cessera de suivre les événements d'Algérie. Il meurt à Paris le 16 avril 1962.    Il a publié à l' âge de 27 ans (en 1934) son premier recueil de poésies intitulé Cendres puis, trois ans plus tard, un second recueil intitulé Etoile Secrète. Ce sont ses principales productions poétiques en dehors de quelques textes publiés dans des revues. Il a également traduit en français les Chants berbères de Kabylie, publiés à Tunis puis réédités en France (Editions Charlot, 1947).    Les thèmes développés dans Cendres et Etoile Secrète se rattachent tous au vécu de l' isolement et de la séparation. Dans Cendres particulièrement, la parole poétique est dominée par la rupture et la culpabilité, comme en témoignent quelques titres comme "Brisure", "Arrachement". Cette sensation première et fondatrice, génératrice de douleur, produit chez le poète une double attitude vis-à-vis de la vie et des événements. En même temps que l' appétit de vivre et l' appel à la joie, la hantise de la mort est toujours présente. Dans "Angoisse de la jeunesse" (in Cendres), la question vitale ouvre le poème :    "Aurai-je la vie de l' âme et le temps de créer,                 Aurai-je la force d'agir et de donner?"    Et  la fin du poème apporte la réponse :    "Viens, nuit,               Ensevelisseuse aux doigts doux         ................................................    Dormir, noyé, sur un lit d'algues couleur de mer,            Fondre dans la nuit simple ma chair qui pleure              .................................................    Ce vécu double et douloureux induit chez le poète la reconnaissance de la faiblesse de l' homme et de la difficulté de réalisation de l' idéal qu'elle entraîne :    "Lumière!   C'est toi que nous voulons    Mais......................  Quand à peine tu transparais               ..........................          Nous n'avons pas la force     De te voir   ........................."    Pour ce poète, une coupure insupportable règne dans sa vie, malaise fondamental qu'il traduit par la quête inquiète de son lieu :    "Mais ma place,        ...............      Où, où est-elle?"    A cette inquiétude indépassable qui se formule dès son plus jeune âge, il va tenter de répondre en recherchant un principe d'unité qu'il formulera en termes spirituels et religieux. Sa recherche prendra forme autour du thème d'une enfance idéale, angélique et presque céleste, qui se confond avec l' image d'un éden perdu (notamment dans Etoile Secrète) : pays de la purification fondamentale, du rétablissement de la communication avec la spiritualité, qu'il formule en termes chrétiens.    Mais une telle contrée ne saurait exister car le conflit historique s' est installé en même temps que le drame personnel. La poésie permet néanmoins de l' inscrire, de le garder en soi comme une mémoire toujours vivace :    "Je veux aller trouver les Anges, mes frères,                    Dans le pays muet que renferme mon coeur"    Car :    "Je suis orphelin, nous sommes des orphelins. A petit bruit, pleure ma détresse, une flamme qui va mourir et que nourrit sa propre mort, une détresse sans aucun nom, une détresse d'orphelin parmi les hommes orphelins, qui ont perdu leur Enfance au vent de la terre orpheline."    Drame du dédoublement culturel et ontologique, la poésie de Jean Amrouche laisse percevoir quelquefois de véritables accents baudelairiens, à travers le vécu intense du désir de lumière lié inextricablement à la corruption et à la faiblesse. La forme poétique en est très libre, le travail du poète oscillant entre le vers libre et la prose rimée ou assonancée. Toute sa poésie est traversée par le rêve d'un langage primordial, principe d'union de soi-même avec le monde et écho aux exigences de fidélité et de pureté que suppose cette quête presque mystique.    j'ai trouvé ceci ici : http://sir.univ-lyon2.fr/limag/Textes/Manuref/poes ialg.htm |  
      
  Cécile
  | | Envoyé jeudi 12 août 2004 - 23h37:    |  |  
  Ali, je ne connais pas les gens de sa famille. Pourras-tu à l'occasion nous en parler ?   
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  Ali
  | | Envoyé vendredi 13 août 2004 - 00h45:    |  |  
  Voici un texte chère Cécile qui relate un peu la vie douleureuse de cette fameuse famille des Amrouches : Fadhma Ait Mansour la mère et ses fils Jean Amrouche,Taos Marguerite Amrouche ,Marcel Amrouche tous des écrivains .Sans oublier aussi la fille de Taos ;Bourdil Amrouche écrivain et comédienne ..etc  **********************    La Nouvelle République 9 et 13 avril 2003                 La saga des Amrouche   Par Djamal Amrani     Fadhma Aït Mansour, originaire de Tizi Hibel, est née présumée en 1882. Sa mère était de Taourirt Moussa dans les proches environs.     Leur histoire est douloureuse, voire dramatique. C'est un cas des plus aigus et des plus pénibles de la colonisation française en Algérie. La conversion au christianisme, l'exil, le déchirement et la mort vont parsemer, ponctuer son itinéraire.     C'est en 1946 que Fadhma écrit son livre Histoire de ma vie qui sera publié en 1968 chez Maspero à Paris. Elle meurt le 9 juillet 1967 en Bretagne. Son mari, lui, était issu d'Ighil Ali en petite Kabylie. Mais, écoutons. La mère de Fadhma avait épousé un homme plus âgé qu'elle : il avait un frère beaucoup plus jeune, sans enfant, qui voulait léguer ses biens à sa propre femme. Le frère aîné tend une embuscade à l'écart du village à son cadet et le tue. Il y a refus par l'aîné que le patrimoine familial passe à une autre branche. Mais, tendons l'oreille à ce que nous raconte Fadhma elle-même.   "L'année de sa mort, disait ma mère, il y eut une récolte miraculeuse. De mémoire d'homme, on n'avait vu les figuiers si chargés de fruits, les treilles de grappes, ni les épis si beaux."   Quand nous allions aux champs, il disait en soulevant les branches : "Regarde, femme, regarde tous les biens que Dieu nous donne !"   Et moi de répondre doucement : "Ma ne der !" (si nous vivons).   Il ne devait pas voir mûrir les figues, ni les raisins. La moisson était à peine rentrée qu'il mourut."   Après la mort de son mari, ce frère aîné de Fadhma veut alors que sa sœur vienne habiter chez leur mère avec ses enfants. Elle refuse. Son frère la renie publiquement. "Son mari n'était encore pas mis en terre que mon oncle maternel, Kaci Aïth Larbi u Saïd, venait trouver ma mère et lui ordonne :   "Quitte cette maison. Viens chez nous avec tes enfants. Notre mère les élèvera et toi, tu te remarieras."   "Je resterai avec mes enfants dans ma maison", lui répondit-elle, bravant ainsi son frère et la coutume. Mon oncle qui était très grand arracha une tuile du toit et la lui lance, heureusement sans l'atteindre. Il alla droit à la Tajmaât et, prenant l'assistance à témoin, il déclara : "A dater de ce jour, je renie ma sœur Aïni. Elle est exclue de notre famille : quoi qu'elle fasse, quoi qu'il advienne d'elle, nous nous désintéressons de son sort. Elle nous est étrangère."     Quand la mère, autrement dit la grand-mère de Fadhma, meurt, on interdit à sa fille de la voir une dernière fois.   La mère est veuve et elle vit avec ses deux enfants. "Quand elle avait besoin de l'aide d'un homme, elle devait le payer bien cher. L'hiver, au temps des olives, elle rendait cinq journées de ramasseuse pour une seule de gauleur. Mais elle était jeune, imprudente. Dans sa propre cour habitait un jeune homme de la même famille de son vieux mari. Il l'aimait et elle l'aimait. Et ce qui devait arriver arriva." "Elle fut enceinte et l'homme nia être le père."     Tout se fait sous le signe du code coutumier du groupe. La sanction de la transgression est la mort, soit physique, soit par exclusion. "La nuit de ma naissance, ma mère était couchée seule, avec ses deux petits ; personne auprès d'elle pour l'assister ou lui porter secours ; elle se délivra seule et coupa le cordon ombilical avec ses dents. Une seule vieille vint le lendemain avec un peu de nourriture."   "Le neuvième jour après ma naissance, ma mère me mit dans son giron contre sa poitrine, car il avait neigé, prit ses enfants chacun d'une main et elle alla déposer une plainte contre mon père entre les mains du procureur de la République, elle voulait que mon père me reconnaisse et me donne son nom. Lui refusait, car il était fiancé à une fille du village d'une puissante famille qui le menaçait de le tuer s'il abandonnait cette fille et il avait peur."   Des parents, les frères de son mari, vont essayer de chasser la mère de Fadhma du village, de garder les enfants et leur future succession. La justice va finalement protéger les biens qui restent à la mère et aux enfants. La recherche de paternité étant interdite à l'époque, la mère va essayer de se débarrasser de Fadhma. Fadhma est une fille illégitime. Elle va en souffrir dès sa prime enfance.   Le monde est méchant, et c'est "l'enfant de la faute qui devient martyr de la société, surtout en Kabylie. Que de coups, que de bousculades, que de souffrances n'ai-je pas subies ! Il arrivait, lorsque je sortais dans la rue, que je sois renversée et piétinée".   Ce sont la misère et la souffrance qui amènent la mère de Fadhma à rechercher quelque aide dans le contact avec les sœurs blanches. Fadhma est confiée vers 1885-86 aux religieuses des Ouadhias. Sa mère la retire, car elle y subira les pires sévices.   "De toute cette époque de ma vie, je vois surtout une image affreuse : celle d'une toute petite fille debout contre le mur d'un couloir. L'enfant est couverte de fange, vêtue d'une robe de toile de sac, une petite gamelle pleine d'excréments est pendue à son cou, elle pleure. Un prêtre s'avance vers elle : la sœur qui l'accompagne lui explique que la petite fille est méchante, qu'elle a jeté les dés à coudre de ses compagnes dans la fosse d'aisance, qu'on l'a obligée à y entrer pour les y rechercher ; c'est le contenu de la fosse qui couvre son corps et remplit la gamelle".     La mère de Fadhma se remarie à un jeune et vaillant homme. En 1886, Fadhma ira suivre des cours dans une école de filles à Fort-National qui devient Cours normal.   En 1892, Fadhma obtient son certificat d'études, une Algérienne de région obtient son Brevet élémentaire. Quand sa mère meurt, c'est la rupture totale avec le village natal. Elle va travailler à l'hôpital des Sœurs blanches de Aït Mangueleth. L'emprise des missionnaires, en grand partie catholiques, est forte dans la région. Elle ira à la messe. Elle se marie alors qu'elle est toujours chez les sœurs. Elle est baptisée dans la religion catholique le jour même de son mariage, en 1899. Elle a 16 ans, son mari 18. La famille Amrouche est originaire de Ighil Ali. Les rapports de Fadhma avec sa belle-mère ne sont pas toujours aisés.     "Nous étions en 1906. Il avait beaucoup neigé et il faisait très froid. Nous habitions la maison aux provisions qui était maintenant vide. Je me demande comment nous avons pu subsister cette année-là, car nous n'avions aucune ressource. Mon beau-père s'était fâché avec nous parce que mon mari lui avait refusé le droit de faire circoncire mes enfants. Belkacem (c'est le mari) s'était plaint à l'Administrateur et celui-ci, par la voix du caïd, avait intimé l'ordre à mon beau-père de laisser les enfants tranquilles. A la suite de cet affrontement, il avait voulu nous chasser de la maison".     La vie de Fadhma est alors ponctuée de naissances, d'exil et de déménagements. Avec son mari, elle s'installe à Tunis. Souvent aux vacances, la famille retourne à Ighil Ali. Elle a eu quatre garçons et une fille. Elle commence par en perdre deux de tuberculose. Son mari meurt.     C'était un samedi soir, le 27 décembre 1958. Je m'étais endormie, il était (son mari) rentré de bonne heure, mais c'était au moment des courtes journées; nous avions reçu des lettres de bonne année : il y en avait une qui lui avait fait de la peine et il se mit à pleurer d'une façon désespérée. Quand j'essayais de le consoler, il me dit : "laisse-moi pleurer ça me soulage !".   ... Le 3 janvier 1959, c'était un samedi. Le soir, mon mari avait achevé la lecture de son journal devant le poêle, à la lueur de la petite lampe à pétrole, car on avait abattu les poteaux électriques. Toute la journée, il avait été dehors, chez les marchands du village, chez Hubert. Au moment du couvre-feu, il était venu m'embrasser pour me dire bonsoir et il se mit au lit en me disant : "je vais vite m'endormir...".   Au bout de deux heures, je l'entends se lever et me dire : "j'étouffe, j'étouffe". Je lui répondis : "sors prendre l'air sur le balcon". Je l'entendis encore me dire : "j'étouffe".   Il alla du côté de l'escalier, au cabinet; je l'entendis encore, puis plus rien... Et je m'inquiétai, je me levai en chemise et pieds nus pour savoir la raison de ce silence. Je le trouvai assis sur le siège. Je criai "Amrar ! Amrar !". Pas de réponse. Je le tirai par les mains et essayai de le soulever, mais il était trop lourd. Je le lâchai et courus à la fenêtre de la cuisine en appelant René Zahoual. "René viens vite ! Amrouche se trouve mal, j'ai peur !" René fit le tour et j'allai lui ouvrir la porte de la rue. Il prit mon mari dans ses bras et le coucha dans son lit. "Faut-il aller chercher le docteur militaire ?" Mais, il avait senti que le cœur avait cessé de battre. Il appela sa mère qui me tint compagnie. Pendant la nuit, je me levai plusieurs fois pour voir s'il avait froid, et je tirai sur lui les couvertures, mais il n'avait plus besoin de rien. "     C'est en 1930 qu'elle entreprend, avec Jean et Marguerite Taos, de fixer et de traduire ses chants, hérités des ancêtres qui, dit-elle "m'avaient permis de supporter l'exil et de bercer ma douleur. "   En 1940, elle a perdu ses trois fils : Louis, Paul, Noël. C'est alors qu'elle composa 7 poèmes, dont 5 à la mémoire de ses garçons disparus et 2 autres destinés à Taos, alors pensionnaire à la Casa Velasquez. Ce sont ces poèmes qui seront publiés 25 ans plus tard en appendice dans Le Grain magique.   Fadhma s'éteint le 9 juillet 1967.     Je suis comme l'aigle blessé   L'aigle blessé entre les ailes   Tous ses enfants se sont envolés   Et il ne cesse de pleurer   Pitié ô Maître des vents   Venez en aide à ceux qui souffrent   Je suis comme l'aigle des montagnes   Sur la roche la plus, haut, dressée   Il passe ses nuits à observer le ciel   Espérant découvrir parmi les étoiles   Le visage de ceux qui se sont envolés   Je prie Dieu et les amis de Dieu   Pour que lui apparaissent en rêve   Les enfants qui s'en sont allés   Pour qu'il les voie dans l'autre vie   Alors, peut-être, il connaîtra la paix.  |  
      
  Cécile
  | | Envoyé vendredi 13 août 2004 - 08h34:    |  |  
  Merci Ali pour cette tragique histoire... On a envie de lui tendre la main à cette femme. |  
      
  yh
  | | Envoyé vendredi 13 août 2004 - 16h15:    |  |  
  Et dire que nous nous pressons le citron et l'intellect pour trouver des thèmes de romans. Oh la la. |  
      
  Cécile
  | | Envoyé vendredi 13 août 2004 - 18h43:    |  |  
  Tu l'as dit Yves !!! Il y en a ils ont juste à vivre pour être un roman... |  
      
  Cécile
  | | Envoyé samedi 14 août 2004 - 14h36:    |  |  
  PAPILLON     Quand j'étais enfant,  Fasciné par les couleurs,  J'ai couru derrière un papillon,  Partout, jusqu'à oublier, derrière moi, mon village.  De village en village,  J'ai traversé tous les âges,  Sur le fil d'un rêve.  J'ai demandé après mon papillon,  La source m'a dit, et les fleurs de grenade aussi,  "Il est passé par là..."  Et m'invitent à suivre les mûriers,  Sur la branche la plus haute,  Je l'ai vu suspendu sur un fil en train d'agoniser  Aujourd'hui, je m'agrippe toujours à l'arbre,  Et la vie passe.     Hamri Bahri dans La poésie algérienne, images de Rachid Koraïchi, éditions Mango jeunesse (institut du monde arabe), dans la collection "il suffit de passer le pont" (tiré en 50 exemplaires = et j'en ai un !!!!)     Hamri Bahri est né en 1947 à Sour-el-Ghouzalan. Considéré comme l'un des meilleurs poètes des années 70. Poésie libre. Mots simples. Pour dire la solitude, la déception et le mal de l'absence.  Bibliographie : Planche, quel tord le clou a-t-il commis ? (1982) et Les cloches du girofle (1986) |  
      
  Anonyme
  | | Envoyé dimanche 10 avril 2005 - 15h49:    |  |  
  slt moi je suis algerienne et je n'ai jamais entendu de poesie algerienne mais d'apres ce que je viens de lire ca doit etre bien |  
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