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Message | 
 
      
  de la part d'Umar Timol
  | | Envoyé jeudi 09 septembre 2004 - 18h25:    |  |  
  Le monde est bordélique  mon fils  et tout fout le camp    ce putain de Putin  qui exerce  l'allégresse et l'appétit  des monstres en chaleur  massacre  comme bon lui semble  les pauvres tchétchènes    mais    alo    alo    on n'en parle pas    la conscience supérieure de nos intérêts prime    et faut savoir  mon fils  que si on veut exhiber  son crâne bousillé aux news  et empocher sa dose rituelle de compassion  faut d'abord croupir  dans les pays bien comme il faut    et les autres alors  et les autres alors    ben les autres  sont-ils seulement humains ?  sont-ils seulement comme nous ?    et c'est comme ça  qu'on est tous devenus des 'ricains  après le 11 Septembre    pour les Rwandais faudra repasser    le monde est bordélique  mon fils  et tout fout le camp    et puis il y a l'autre con  mais con c'est trop l'honorer    allez vite trouve moi un autre mot dans le dictionnaire    je parle bien sûr  de  l'unique  de l'extraordinaire  du fabuleux    The One and Only    Mr Bush    le boucher de Washington    lui  nous demande un truc  vraiment pas simple  vraiment pas clair  vraiment pas honnête  il nous demande de choisir entre le Bien et le Mal    je te vois intrigué  mon fils    je te vois sceptique    mais le Bien, papa, c'est être gentil  et sympa avec les autres  n'est-ce pas ?    figure toi, mon fils, que le Bien  selon la version de W.  c'est sucer la moelle des pauvres  c'est exploser des Irakiens  pour leur soutirer un peu de pétrole  c'est être le lèche-bottes  de ce vieux débile qui a sur les pattes  le sang des enfants de Sabra et Chatilah  et qui est selon le jargon des 'ricains  je te prie de ne pas rigoler  our close friend  our ally    le monde est bordélique  mon fils  et tout fout le camp    et puis  il y a encore l'autre  Ben la haine  mais n'en parlons pas  car je sens que je vais gerber    disons quand même  que c'est un maître-escroc  qui envenime  la toute-puissance de la haine    et qu'il est  le frère siamois du con en puissance  le seul  l'unique Mr Bush    on aimerait bien  les ressouder ces deux là  ensuite les exiler sur une île ou une planète    mais de grâce  loin, très loin, des hommes    le monde est bordélique  mon fils  et tout fout le camp    ne crois pas qu'ici c'est mieux  comme le dit si bien mon ami, Alex, le poète,  ici tout est à vendre    allez viens, je t'invite à la foire du fric  on y trouve de tout  c'est un bon cari mélange bien à la mauricienne    les créatures fardées  ce sont  évidemment  nos politiciens  qui ont été  à toutes les sauces merdiques    ils ont  couché découché recouché  avec l'annuaire complet  des démarcheurs du pouvoir    ennemis, amis, amants, ex-amants, gauche, droite  tout est de travers    et après le fiel de la séparation  on s'embrasse à nouveau fougueusement  et les ex-communistes se pavanent aujourd'hui en BMW  on ne s'y retrouve plus  on n'y comprend plus rien    ils font toujours le trottoir  car sait-on jamais  que voici, que voilà  et on te catapulte dans le siège de ministre    et puis  un peu plus loin  tu verras les faces  carnassières, corrompues et corruptrices  de nos élites    oublie un instant les titres ronflants  les missiés, madames, les courbettes  et les mimiques de la respectabilité    ceux là sont les héros d'une farce    intitulé    A l'assaut, a nous le fric    je te le répète, mon fils  ici tout s'achète  ton âme, ta conscience, ta probité  tout, mon fils  absolument tout    tout a un prix    et le peuple dans tout ça  tu me demandes    et bien le peuple  il est bien obligé de trimer    il y a la flambée des prix  la ménagère  elle  ne comprend  rien  à la géopolitique  et au baril à $50  mais tout ce qu'elle sait  c'est que tout est plus cher  et qu'il faut s'éreinter pour nourrir ses enfants      et puis  il y a des usines qui ferment  on parle de rationalisation, de globalisation  de sauvegarder l'entreprise  tous les gros mots qu'on a appris dans les écoles de gestion  et c'est vrai  que rien n'est simple de nos jours  mais au bout du compte ce sont toujours les mêmes qui se retrouvent sur le   pavé    allez on ne va  parler de la Complexité  mais pas besoin  d'avoir été a Oxford ou Harvard  pour se demander  si c'est bien légitime et juste  qu'une Ile fomente de telles inégalités    sais-tu  que dans notre l'Ile-paradis  il y a des enfants qui cessent d'aller  à l'école  parceque leurs parents  ne peuvent leur payer le ticket d'autobus    le monde est bordélique  mon fils  et tout fout le camp    je te vois bien pessimiste  mon enfant  et tu demandes ce qu'il faut faire    je ne sais franchement pas    nous, les adultes  nous sommes plutôt prévisibles  notre grand rêve, notre nirvana  c'est de devenir un petit-bourgeois encroûté  avoir l'appart à 2.2 millions  le 4/4  2.2 enfants  2.2 portables  mais bon parfois  on se donne la peine de penser aux plus démunis  ça fait chic  et après tout on des humanistes  on est des gens bien  très bien  alors qu'au fond  on s'en tape complètement    on est comme des bolides dans la course  ready, get set, go, c'est ce qu'on disait dans la cour de l'école primaire  réussir  faut réussir    c'est fou ce qu'on peut faire pour être quelqu'un    et quand on a un peu marre  le hollywood-bollywood, les paraboles et le canal plus ou moins  cons  s'attèlent à nous soûler les méninges    pauvre Baudelaire    si seulement il savait    ici tout n'est plus que bêtise, fric et fric    le monde est bordélique  mon fils  et tout fout le camp    et  mon enfant  tu me demandes ce qu'il faut faire    et bien  tiens très ferme à ton sourire angélique  morceau de bleu, morceau de lagon, morceau de lune  ne lâche pas prise  surtout pas  résiste  résiste de toutes tes forces  c'est ce sourire qui t'empêchera  d'être comme eux  d'etre comme nous  cadavres ambulants que la cupidité bouffe à petits feux    ce sourire  morceau de bleu, morceau de lagon, morceau de lune  sera ton gage  de liberté  et de spiritualité    tu t'évertueras à sourire  mon enfant  encore et encore    résiste    Umar    cet auteur  a été publié dans le dernier numéro de  nouveaux délits  de Cathy Garcia  et a été tout récemment édité aux éditions l'Harmattan  |  
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