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  ali
  | | Envoyé dimanche 07 novembre 2004 - 02h35:    |  |  
  Voici un poéme du poéte amazigh Abu lkacem Al khatir dit Afulay du titre "Ddigh" (je suis parti)traduit par le poéte lui même    Version amazighe    Ddigh    Ddigh  Felgh imula llif d nlul  Willi yi iqqis baba  Urta ggizen akal  Willi sul ifsan  Gh umettâ lli d kkusigh      Ddigh  Ur dari mad akkagh i ugharas  Zêrigh ayt dar  Mdin d ifassen ar allan  Ran ad sul mdîgh  Gh ighd s d tefl takat nnegh !      Mmzern imedla  Inigh nekk is sul nman !      Ddigh  Mas righ, nekk, a t sul kkus ?  Iz d nekk imdêln  Gh tgharrayin n wattân  Negh imadaghen n twurga  Reggh tent akw i tniriwin  Gent in gh iserbi n tarut  Ur nkki man i tarir  Usin d ad sfêdnt i ugitûn  Magh tersrus i tefrghiwin      Ddigh  Îd inu ddemn sul i tillas  Ur usigh dar immi  Amer arra mas nttelgh  Is ufan inefrad  Ad sul ngin  Timektit nnegh.    Afulay  *************************    Version française       Je suis parti     Je suis parti  Quittant les ombres  Embrassées par ma naissance,  Et que mon père racontait  Avant de mourir  Et qui raisonnent encore  Dans mes larmes héritées !      Je suis parti  Sans avoir d’offrandes  Pour mes chemins,  J’ai vu mes proches tendant leurs mains  Suppliant  Que je goûte encore  Des cendres du foyer !    Toutes les ombres se sont dispersées  Et moi, je songe encore à leur compagnie !      Je suis parti  Je ne sais de quel héritage  Pourrai-je m’enchanter ?  De soi-même  enterré dans la tourmente des douleurs  Ou du fagot des rêves  Que j’ai offert  Aux premières festivités du désert !  Celles-ci  M’ont pris et mis  Dans le berceau du néant,  Là où l’ogresse-dévoratrice  Caresse les piliers de sa tente,  Pour y installer le fardeau de sa solitude !      Je suis parti  Ma nuit ne fait qu’embrasser ses ténèbres  Je n’ai pris des "archives" de ma mère  Que de quoi me couvrir,  Ainsi les abeilles-ouvrières  Pourront un jour  Sillonner ma mémoire.    Afulay         |  
      
  lafourmi
  | | Envoyé dimanche 07 novembre 2004 - 12h56:    |  |  
  c'est très beau.   cette phrase surtout  |  
      
  ali
  | | Envoyé mardi 23 novembre 2004 - 00h53:    |  |  
  Voici un autre poéme de Afulay traduit par le poéte lui même du berbère vers le français,poéme en hommage à l'un des monuments de la poésie amazighe moderne feu Ali sadki Azaykou..      I Timektit n Dda Ali Azayku.      Kigan n tmitar  Ad irêzan Ddaw uzâzu n ussan ;  Xs adrar ad d ighaman  Igûdi  Mnid timlillay n twragiwin.  Yusi igêzazen nnegh  Gen as aydid inuflen  Wad d ikkan azemz iqbren n imnniren !  Izug gh imi n tmdêlt nnes  Izug gh tgharayin n wawal  D waman llid sul ikkis i izughar,  Mkan af ibedd  Mnid n tisitin irêzan  Ad ifcêd iman nnes.  Lligh ttun titrit mucêttab n wuluy  Ad ikkes aydid  Ig tin f tlghemt  Ad ighwi abrid  Gh ulus n tnezruft  iddem zun d allas  Gh ul idûrdren n uzwag.  Ar ttuska tzeddught nnes  Teg abrid d ittawin ikettayen  Negh illighen tenmuggurent turarin agharas  Mkan af ittnulfu ufeccad  Zun baqqin igêrdan ittafûden  Gh igenzi iqqjren n tmettant.  Nettat ad yulsen ;  Gh imula n umwan igûdin,  Amuddu iggurzan n ugzâz  Mnid allen ibukêden  N igenwan iqquren.  Iggiwer  G imriri n wawal  Ar ittemnid amuddu  N umezwag  Gh iberdan n ifess.                             Bariz, 2004.     ****************  version française    En hommage à Ali Azayku.      Tant de symboles  S’écrasent  Sous la pression des jours.  La montagne reste,  Seule, angoissée  De la tourmente des rêves.  Elle porte notre souffrance  une poutre effrayante  de l’ancien âge des pierres tombales!  Réfugiée au seuil de sa propre tombe  au tourbillon de la parole  et des eaux,  récupérées de la plaine,  elle se dresse  à la face des miroirs brisés  pour s’en remettre à son propre deuil.  Au crépuscule de l’étoile filante de l’errance  Il avait arraché la poutre  il l’a mise  sur le dos de la chamelle,  marchant sur l’écume du désert  Il s’enfonce  tel un récit  dans l’enceinte sourde de l’exil.  Sa demeure  Se construit,  une contre-allée des souvenirs,  un croisement des chants  Ainsi le deuil se renouvelle  Comme un éclatement des voix filantes  sur le front turbulent  de la mort.  Elle raconte  dans les ombres d’un   automne gris  le départ silencieux  de la douleur,  sous les regards aveugles  des cieux taris.  Assis,  Au seuil de la parole,  Comme une monte-religieuse,  J’esquisse ce voyage douloureux,  D’un exilé,  Dans les voies du silence.             |  
      
  Cécile
  | | Envoyé mardi 23 novembre 2004 - 08h31:    |  |  
  Il a une très belle écriture ce poète... Le thème est grave et je suis touchée par ces mots :    "Elle porte notre souffrance   une poutre effrayante"    Je crois qu'il ne pouvait trouver mieux pour exprimer le poids de cette souffrance.    Merci mon Ali.  
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  ali
  | | Envoyé mercredi 24 novembre 2004 - 14h11:    |  |  
  Voici un autre poéme de Afulay traduit par lui mème du berbère vers le français..    Version amazighe    Zêrigh tt lligh tezri        Zêrigh tt lligh tezri  Tkrukêd, zun d talidcint  Ixef, idêr d gh waddag  Tferd gh tagûdi n ussan   Zêrigh tt ass an  Lligh llix gh imi n tfeghnit  Ass ssighargh tiwargiwin  Lli yi ugint tiggura n useggwas  Zêrigh tt ghas nettat  îd ad as izwaren  S ughbalu n uluyen  Ur sul ssengh man tawargit  As tid ifkan i wass  Negh d man abrid as tid   Yiwin ar tama nu   Dis tt ka zêrigh ; tezri  Tessurf tifghnit inu  Ar tsiggil,  Gh tguriwin iguddin,  Iberdan s wawal agh nnan nela t.                            Bariz, ghuct 04.  ***************    version française    Je l’ai vue passer       Je l’ai vue passer  Toute timide  Comme une orange  La tête, tombée de son arbre  Elle glanait la tristesse des jours.  C’était une fois,  Au bord de ma solitude  Quand je desséchais  Mes rêves  Refoulées aux portes de l’année  Que je l’ai vue seule  La nuit la guidait  Vers la source des errances  Je ne sais plus  De quel rêve  Est-elle sortie  Ni par quel chemin est-elle arrivée  Je l’ai vue juste passer  Enjambant ma solitude  Elle cherchait,  Dans les verbes entassés,  Les voies de  La parole promise.   
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  jml
  | | Envoyé mercredi 24 novembre 2004 - 16h45:    |  |  
  Merci beaucoup Ali. Je vais me mettre à l'amazighe. |  
      
  jml
  | | Envoyé mercredi 24 novembre 2004 - 16h47:    |  |  
  on dirait du aarmazighe |  
      
  ali
  | | Envoyé mercredi 24 novembre 2004 - 21h53:    |  |  
  Merci Céci voici un peu  de la vie et de l'oeuvre de feu Azaykou..dans mondeberbere.com.    Ali Sadki, dit "Azayko" parce que ses parents sont originaires de la tribu berbérophone des Izyouka (entre Agadir et Tiznit), est né en 1942. Sa première scolarité s'est faite à Tafinegoult, au sud du Tizi n Test, avec des maîtres français. Il a ensuite fréquenté l'École du Pacha, à Marrakech, un établissement nationaliste. Vers dix-huit ans, dans le milieu de l'École régionale d'instituteurs de la même ville, un peu comme sortant d'une hypnose, il se ressent "berbère". À la rentrée scolaire 1962, on l'envoie faire classe à Imi n Tanout.    Ayant décroché le baccalauréat en candidat libre, il intègre à la fois la Faculté des lettres et l'École normale supérieure, pour obtenir en juin 1968 la licence d'histoire-géographie et le Capès. Ali Azayko enseigne alors deux ans dans le secondaire, à Rabat. La seconde année (1969-70), il participe en sus, avec Brahim Akhyat, Ahmed Boukous, Abdallah Rahmani "Jichtimi" et quelques autres à un programme de soutien éducatif pour les étudiants et les commerçants que leurs origines berbères handicapent. Abrités par la Chambre de commerce, ces cours bénévoles seront pourtant interdits au terme du premier exercice.    Azayko gagne alors Paris où il fréquente l'École pratique des hautes études et l'enseignement de berbère de Lionel Galand à Langues O. De retour à Rabat, il enseigne l'histoire en Faculté et se montre actif dans le cadre de l'Association marocaine de recherches et d'échanges culturels (Amrec), née des cendres du programme de soutien éducatif. Sous son impulsion débute le périodique Arraten, "Scriptions" et paraît Imouzzer, "Cascades", une anthologie poétique révélant de lui quatre pièces. Car depuis sa vingt-cinquième année, Azayko a entrepris d'amener la lyrique berbère au stade de l'écrit. Autres fruits de la créativité, sa fille Tilila et son fils Ziri naissent en 1973 et 1975, porteurs de prénoms audacieux comme une novation de style.    S'étant éloigné de l'AMREC, Azayko fonde en 1981, avec Mohammed Chafik, de l'Académie royale, l'Association culturelle Amazigh où prédominent les gens du Moyen-Atlas. La conférence-débat sur la civilisation berbère organisée autour de Léopold Sédar Senghor (avec Mahjoubi Aherdane, ministre d'État, Chafik, Chaouki, Moatassime, etc.) connaît un retentissement certain. L'éphémère organe de l'Association publie d'Azayko, sur la place qui devrait revenir à la langue berbère, la première partie d'une étude dont la suite, imprimée en avril 1982 dans la revue d'Aherdane, allait valoir douze mois de prison à l'historien-poète sorti du giron chleuh. Ce sera dans sa vie un tournant: il y laisse de sa santé mais la fibre poétique se renforce, des amis assidus le soutiennent; au sortir de l'épreuve, l'universitaire retrouve son poste.    Ali Sadki Azayko a publié deux volumes de vers transcrits en caractères arabes: en 1989 Timitar, "Tessères", avec 33 pièces; en 1995 Izmoulen, "Cicatrices", riche de 19 poèmes; pour ce dernier recueil, il a raté d'un souffle le Prix marocain de la création littéraire.    Une vingtaine de ses textes ont bénéficié des compositions musicales et des interprétations du refondateur de la chanson berbère marocaine, Ammouri Mbarek.    Claude Lefébure  Paris, juillet 1999  Méditerranéennes n°11  Voix du Maroc  Hiver 1999-2000      
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  ali
  | | Envoyé mercredi 24 novembre 2004 - 21h55:    |  |  
  Merci bcp à toi Jml t'es le bienvenu dans notre amazighité..  Oui ,peut être que t'as raison; y a du Aar chez Afulay..exemple de ce poéme ci-dessus où l'on trouve d'abord ces termes comme "l'oeil""orange","les voies";..ensuite il y a chez les deux ces images qui nous plongent dans un abîme de rêverie où l'on ressent ce vertige des cieux internes et externes.. |  
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