Poésie amazighe. Afulay: Je suis parti Log Out | Thèmes | Recherche
Modérateurs | Fiche Personnelle

66 zone franche - Le forum de Francopolis » Poésie du monde » Poésie amazighe. Afulay: Je suis parti « précédent Suivant »

Auteur Message
Top of pagePrevious messageNext messageBottom of page Link to this message

ali
Envoyé dimanche 07 novembre 2004 - 02h35:   

Voici un poéme du poéte amazigh Abu lkacem Al khatir dit Afulay du titre "Ddigh" (je suis parti)traduit par le poéte lui même

Version amazighe

Ddigh

Ddigh
Felgh imula llif d nlul
Willi yi iqqis baba
Urta ggizen akal
Willi sul ifsan
Gh umettâ lli d kkusigh


Ddigh
Ur dari mad akkagh i ugharas
Zêrigh ayt dar
Mdin d ifassen ar allan
Ran ad sul mdîgh
Gh ighd s d tefl takat nnegh !


Mmzern imedla
Inigh nekk is sul nman !


Ddigh
Mas righ, nekk, a t sul kkus ?
Iz d nekk imdêln
Gh tgharrayin n wattân
Negh imadaghen n twurga
Reggh tent akw i tniriwin
Gent in gh iserbi n tarut
Ur nkki man i tarir
Usin d ad sfêdnt i ugitûn
Magh tersrus i tefrghiwin


Ddigh
Îd inu ddemn sul i tillas
Ur usigh dar immi
Amer arra mas nttelgh
Is ufan inefrad
Ad sul ngin
Timektit nnegh.

Afulay
*************************

Version française


Je suis parti

Je suis parti
Quittant les ombres
Embrassées par ma naissance,
Et que mon père racontait
Avant de mourir
Et qui raisonnent encore
Dans mes larmes héritées !


Je suis parti
Sans avoir d’offrandes
Pour mes chemins,
J’ai vu mes proches tendant leurs mains
Suppliant
Que je goûte encore
Des cendres du foyer !

Toutes les ombres se sont dispersées
Et moi, je songe encore à leur compagnie !


Je suis parti
Je ne sais de quel héritage
Pourrai-je m’enchanter ?
De soi-même
enterré dans la tourmente des douleurs
Ou du fagot des rêves
Que j’ai offert
Aux premières festivités du désert !
Celles-ci
M’ont pris et mis
Dans le berceau du néant,
Là où l’ogresse-dévoratrice
Caresse les piliers de sa tente,
Pour y installer le fardeau de sa solitude !


Je suis parti
Ma nuit ne fait qu’embrasser ses ténèbres
Je n’ai pris des "archives" de ma mère
Que de quoi me couvrir,
Ainsi les abeilles-ouvrières
Pourront un jour
Sillonner ma mémoire.

Afulay


Top of pagePrevious messageNext messageBottom of page Link to this message

lafourmi
Envoyé dimanche 07 novembre 2004 - 12h56:   

c'est très beau.
cette phrase surtout
Top of pagePrevious messageNext messageBottom of page Link to this message

ali
Envoyé mardi 23 novembre 2004 - 00h53:   

Voici un autre poéme de Afulay traduit par le poéte lui même du berbère vers le français,poéme en hommage à l'un des monuments de la poésie amazighe moderne feu Ali sadki Azaykou..


I Timektit n Dda Ali Azayku.


Kigan n tmitar
Ad irêzan Ddaw uzâzu n ussan ;
Xs adrar ad d ighaman
Igûdi
Mnid timlillay n twragiwin.
Yusi igêzazen nnegh
Gen as aydid inuflen
Wad d ikkan azemz iqbren n imnniren !
Izug gh imi n tmdêlt nnes
Izug gh tgharayin n wawal
D waman llid sul ikkis i izughar,
Mkan af ibedd
Mnid n tisitin irêzan
Ad ifcêd iman nnes.
Lligh ttun titrit mucêttab n wuluy
Ad ikkes aydid
Ig tin f tlghemt
Ad ighwi abrid
Gh ulus n tnezruft
iddem zun d allas
Gh ul idûrdren n uzwag.
Ar ttuska tzeddught nnes
Teg abrid d ittawin ikettayen
Negh illighen tenmuggurent turarin agharas
Mkan af ittnulfu ufeccad
Zun baqqin igêrdan ittafûden
Gh igenzi iqqjren n tmettant.
Nettat ad yulsen ;
Gh imula n umwan igûdin,
Amuddu iggurzan n ugzâz
Mnid allen ibukêden
N igenwan iqquren.
Iggiwer
G imriri n wawal
Ar ittemnid amuddu
N umezwag
Gh iberdan n ifess.

Bariz, 2004.

****************
version française

En hommage à Ali Azayku.


Tant de symboles
S’écrasent
Sous la pression des jours.
La montagne reste,
Seule, angoissée
De la tourmente des rêves.
Elle porte notre souffrance
une poutre effrayante
de l’ancien âge des pierres tombales!
Réfugiée au seuil de sa propre tombe
au tourbillon de la parole
et des eaux,
récupérées de la plaine,
elle se dresse
à la face des miroirs brisés
pour s’en remettre à son propre deuil.
Au crépuscule de l’étoile filante de l’errance
Il avait arraché la poutre
il l’a mise
sur le dos de la chamelle,
marchant sur l’écume du désert
Il s’enfonce
tel un récit
dans l’enceinte sourde de l’exil.
Sa demeure
Se construit,
une contre-allée des souvenirs,
un croisement des chants
Ainsi le deuil se renouvelle
Comme un éclatement des voix filantes
sur le front turbulent
de la mort.
Elle raconte
dans les ombres d’un
automne gris
le départ silencieux
de la douleur,
sous les regards aveugles
des cieux taris.
Assis,
Au seuil de la parole,
Comme une monte-religieuse,
J’esquisse ce voyage douloureux,
D’un exilé,
Dans les voies du silence.




Top of pagePrevious messageNext messageBottom of page Link to this message

Cécile
Envoyé mardi 23 novembre 2004 - 08h31:   

Il a une très belle écriture ce poète... Le thème est grave et je suis touchée par ces mots :

"Elle porte notre souffrance
une poutre effrayante"

Je crois qu'il ne pouvait trouver mieux pour exprimer le poids de cette souffrance.

Merci mon Ali.
Top of pagePrevious messageNext messageBottom of page Link to this message

ali
Envoyé mercredi 24 novembre 2004 - 14h11:   

Voici un autre poéme de Afulay traduit par lui mème du berbère vers le français..

Version amazighe

Zêrigh tt lligh tezri



Zêrigh tt lligh tezri
Tkrukêd, zun d talidcint
Ixef, idêr d gh waddag
Tferd gh tagûdi n ussan
Zêrigh tt ass an
Lligh llix gh imi n tfeghnit
Ass ssighargh tiwargiwin
Lli yi ugint tiggura n useggwas
Zêrigh tt ghas nettat
îd ad as izwaren
S ughbalu n uluyen
Ur sul ssengh man tawargit
As tid ifkan i wass
Negh d man abrid as tid
Yiwin ar tama nu
Dis tt ka zêrigh ; tezri
Tessurf tifghnit inu
Ar tsiggil,
Gh tguriwin iguddin,
Iberdan s wawal agh nnan nela t.

Bariz, ghuct 04.
***************

version française

Je l’ai vue passer


Je l’ai vue passer
Toute timide
Comme une orange
La tête, tombée de son arbre
Elle glanait la tristesse des jours.
C’était une fois,
Au bord de ma solitude
Quand je desséchais
Mes rêves
Refoulées aux portes de l’année
Que je l’ai vue seule
La nuit la guidait
Vers la source des errances
Je ne sais plus
De quel rêve
Est-elle sortie
Ni par quel chemin est-elle arrivée
Je l’ai vue juste passer
Enjambant ma solitude
Elle cherchait,
Dans les verbes entassés,
Les voies de
La parole promise.

Top of pagePrevious messageNext messageBottom of page Link to this message

jml
Envoyé mercredi 24 novembre 2004 - 16h45:   

Merci beaucoup Ali. Je vais me mettre à l'amazighe.
Top of pagePrevious messageNext messageBottom of page Link to this message

jml
Envoyé mercredi 24 novembre 2004 - 16h47:   

on dirait du aarmazighe
Top of pagePrevious messageNext messageBottom of page Link to this message

ali
Envoyé mercredi 24 novembre 2004 - 21h53:   

Merci Céci voici un peu de la vie et de l'oeuvre de feu Azaykou..dans mondeberbere.com.

Ali Sadki, dit "Azayko" parce que ses parents sont originaires de la tribu berbérophone des Izyouka (entre Agadir et Tiznit), est né en 1942. Sa première scolarité s'est faite à Tafinegoult, au sud du Tizi n Test, avec des maîtres français. Il a ensuite fréquenté l'École du Pacha, à Marrakech, un établissement nationaliste. Vers dix-huit ans, dans le milieu de l'École régionale d'instituteurs de la même ville, un peu comme sortant d'une hypnose, il se ressent "berbère". À la rentrée scolaire 1962, on l'envoie faire classe à Imi n Tanout.

Ayant décroché le baccalauréat en candidat libre, il intègre à la fois la Faculté des lettres et l'École normale supérieure, pour obtenir en juin 1968 la licence d'histoire-géographie et le Capès. Ali Azayko enseigne alors deux ans dans le secondaire, à Rabat. La seconde année (1969-70), il participe en sus, avec Brahim Akhyat, Ahmed Boukous, Abdallah Rahmani "Jichtimi" et quelques autres à un programme de soutien éducatif pour les étudiants et les commerçants que leurs origines berbères handicapent. Abrités par la Chambre de commerce, ces cours bénévoles seront pourtant interdits au terme du premier exercice.

Azayko gagne alors Paris où il fréquente l'École pratique des hautes études et l'enseignement de berbère de Lionel Galand à Langues O. De retour à Rabat, il enseigne l'histoire en Faculté et se montre actif dans le cadre de l'Association marocaine de recherches et d'échanges culturels (Amrec), née des cendres du programme de soutien éducatif. Sous son impulsion débute le périodique Arraten, "Scriptions" et paraît Imouzzer, "Cascades", une anthologie poétique révélant de lui quatre pièces. Car depuis sa vingt-cinquième année, Azayko a entrepris d'amener la lyrique berbère au stade de l'écrit. Autres fruits de la créativité, sa fille Tilila et son fils Ziri naissent en 1973 et 1975, porteurs de prénoms audacieux comme une novation de style.

S'étant éloigné de l'AMREC, Azayko fonde en 1981, avec Mohammed Chafik, de l'Académie royale, l'Association culturelle Amazigh où prédominent les gens du Moyen-Atlas. La conférence-débat sur la civilisation berbère organisée autour de Léopold Sédar Senghor (avec Mahjoubi Aherdane, ministre d'État, Chafik, Chaouki, Moatassime, etc.) connaît un retentissement certain. L'éphémère organe de l'Association publie d'Azayko, sur la place qui devrait revenir à la langue berbère, la première partie d'une étude dont la suite, imprimée en avril 1982 dans la revue d'Aherdane, allait valoir douze mois de prison à l'historien-poète sorti du giron chleuh. Ce sera dans sa vie un tournant: il y laisse de sa santé mais la fibre poétique se renforce, des amis assidus le soutiennent; au sortir de l'épreuve, l'universitaire retrouve son poste.

Ali Sadki Azayko a publié deux volumes de vers transcrits en caractères arabes: en 1989 Timitar, "Tessères", avec 33 pièces; en 1995 Izmoulen, "Cicatrices", riche de 19 poèmes; pour ce dernier recueil, il a raté d'un souffle le Prix marocain de la création littéraire.

Une vingtaine de ses textes ont bénéficié des compositions musicales et des interprétations du refondateur de la chanson berbère marocaine, Ammouri Mbarek.

Claude Lefébure
Paris, juillet 1999
Méditerranéennes n°11
Voix du Maroc
Hiver 1999-2000


Top of pagePrevious messageNext messageBottom of page Link to this message

ali
Envoyé mercredi 24 novembre 2004 - 21h55:   

Merci bcp à toi Jml t'es le bienvenu dans notre amazighité..
Oui ,peut être que t'as raison; y a du Aar chez Afulay..exemple de ce poéme ci-dessus où l'on trouve d'abord ces termes comme "l'oeil""orange","les voies";..ensuite il y a chez les deux ces images qui nous plongent dans un abîme de rêverie où l'on ressent ce vertige des cieux internes et externes..

Le postage de nouveaux messages est actuellement désactivé dans cette catégorie. Contactez votre modérateur pour plus d'informations.

Thèmes | Depuis hier | La semaine dernière | Vue d'ensemble | Recherche | Aide - Guide | Crédits programme Administration