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baltazaar
Envoyé vendredi 12 novembre 2004 - 16h40:   

Je suis assis à la proue
une langue de bois au milieu de la mer
une feuille de thé
et le cosmos pour tout béret

il fait nuit
le vent est sucré
la lune roule sa goupille de vieil or entre mes doigts

de temps en temps un aileron de requin reflète un rayon de lune
comme une lame d’opinel
hier soir on leur a donné du mouton à la coriandre
et des crêpes au miel d’abeilles
depuis ils tournent autour du bateau
comme les jours autour de l’année.

il fait nuit,
si j’étais poète j’écrirais un poème du tonnerre de Dieu
à vous couper le souffle
je le mettrais dans la rubrique « textes » de Francopolis
au milieu des poètes soyeux et élégants qui molletonnent ce forum
mais je n’ai que de l’encre de sèche pour écrire
et une étamine de gentiane

La Mer Rouge est un dé à coudre sur la carte du monde
où viennent boire les oiseaux
où l’horizon s’essuie les pieds avant d’entrer.
Son nom vient de sa couleur bleue-verte
qu’elle a trouvée dans l’orge des yeux de Catherine Hepburn

Hier tel un ange
j’ai sauté dans le bleu
dans cette eau si légère et facile à respirer
Aussitôt, ce furent les retrouvailles :
les poissons accoururent de la mer entière pour me saluer
tous en costume de fête,
les uns taillés dans une peinture de Chagall,
d’autres dans Caravaggio
Un seul, le pauvre, portait la bure du caporal Napoléon.
On a fêté nos retrouvailles
en partageant la bouteille de champagne que je portais sur le dos.

Ma tresse, elle, s’en est trouvée toute ragaillardie.
Elle flottait dans l’eau telle une danseuse andalouse
Les poissons la suivaient en ribambelles joyeuses.
Parfois, à âme défendante, il m’a fallut leur rappeler
mes droits de propriété.

Un matin, très tôt, avant que les yeux n’ouvrent le monde,
nous fîmes une rencontre peu ordinaire. Dieu !
seul au bord de la mer, en train de se laver,
tranquillement, comme tous les cent ans,
en sifflotant un air de Franck Sinatra
(habituellement on pense que Dieu est une créature invisible des yeux
qui habite quelque part dans le Sinaï, entouré de désert si redoutables
que pas même une pensée peut y accéder)
On se salua, puis notre continua son vaillant petit chemin.
Pour cette raison, le matin, la mer a parfois ce relent presque imperceptible
de savon de Marseille.

il fait nuit
rien ne tangue
sous mes pieds l’océan dort
comme un enfant endormi.
mille minuscules silences s’appellent
les étoiles sont descendues goûter le corail
les petits poissons dorment
emmitouflés dans les rochers
les gros poissons viennent les manger.

hai

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jml
Envoyé vendredi 12 novembre 2004 - 17h10:   

on se réconcilierait presque avec Dieu. il est charmant son vieux pote Baltazaar.

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