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jml
| Envoyé mercredi 24 novembre 2004 - 04h39: | |
MICHEL GARNEAU (Québec) Poète, dramaturge, chanteur, animateur radiophonique. C'est lui que Léonard Cohen a sollicité pour la traduction de ses poèmes et chansons qui viennent de paraître en France. Ce texte a été écrit à l'occasion de la Nuit de la Poésie à Montréal. La poésie c’est la cousine germaine de l’imprévisible Et, de l’imprévisible, il en faut des paniers Et des tonnes À déverser en secret dans nos révolutions Qui sécrètent des bombes imaginaires du pouvoir, Du pouvoir de dire autre chose Que la guerre et les petits partis Qui se passent des petits paniers Aux barbes hirsutes Pour une libération de demain. La poésie, c’est ce qui nous reste Quand les grands manitous de la fatalité Se sont prononcés contre la vie. La poésie, c’est la lune penchée comme un canot Qui chavire son gréement Dans nos nuits d’attente. La poésie, c’est la manière de s’habiller Quand on ne peut pas parler. C’est la manière de parler Quand on ne peut pas écrire. C’est la manière de regarder Quand on ne peut ni parler ni écrire. C’est la manière de penser Quand on ne peut ni parler, ni écrire, ni regarder. Mais laissez-nous la poésie. Elle entrera forte, comme une fleur fille. Elle tapissera nos murs de visages d’hommes anciens Qui ont dévisagé la folie, la mort, la solitude. Plus jamais elle ne perdra le nord. La poésie, elle aura des enfants qui auront des enfants Qui auront des enfants. Elle fera tomber les drames psychologiques des prélarts, Du quotidien, des buildings, des photos de riches blasés. Elle remontera l’horloge de la fable, des contes, des légendes, Des histoires à vivre debout au grand soleil. Elle injectera la dignité archaïque dans les générations Qui ne font que commencer À recevoir des balles de plomb dans les ailes, Elle fera un mariage de raison, Aussi paradoxal que cela puisse paraître, Avec un homme d’affaires qui rendra la poésie populaire. La grande vie, que je te dis ! La poésie, elle s’écrira, elle s’imprimera, Elle se dira, elle se chantera, Elle se taire et elle naîtra Dans nos vêtements, dans nos logis, Dans notre nourriture, dans nos fêtes, Dans nos relations humaines, Dans nos relations inhumaines. Elle corrigera l’obséquiosité hiérarchique Pour ceux qui n’ont pas de compte en banque Et, si jamais, elle pleure, la poésie, Ce sera pour inventer des criques d’eau salée Avec ses larmes, Pour que les hommes se baignent au chaud.
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jml
| Envoyé mercredi 24 novembre 2004 - 05h06: | |
http://lapoesiequejaime.net/mgarneau.htm |
   
piou piou
| Envoyé mercredi 24 novembre 2004 - 05h54: | |
Tout le soleil couché dans nos épaules les pluies géantes les matins pulpeux notre haut chant de loup à la lune dans l'ombre les nuages de nuit sentant la ciboulette l'océan des sources et le ciel et toute l'eau qui nous berce dans l'herbe gracieuse et les saisons mes quatr'incomparables et tout ce qui se mange et nous mange et le feu les animaux le vent d'automne et les amis ne sont rien ne sont rien ne sont rien à côté de l'incandescence des amours qui nous mènent qui nous mènent en haut de la vie même
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jml
| Envoyé mercredi 24 novembre 2004 - 06h28: | |
merci piou piou |
   
piou piou
| Envoyé mercredi 24 novembre 2004 - 07h17: | |
merci à toi jml, j'ai découvert cet auteur grâce à ce lien |
   
jml
| Envoyé jeudi 25 novembre 2004 - 04h46: | |
Les choses de la terre J’aime les choses de la vie sur la terre C’est désespérant vraiment De penser que dans la mort Il n’y aura pas de café J’aime les choses de la vie sur la terre C’est désespérant vraiment De penser que dans la mort Pas de crème à glace Pas de bière pas de vin Pas de pomme pas de ciboulette Pas de musique Oh pas de musique Pas de goût des lèvres sur les lèvres Oh papa J’espère bien que le rien est sans faille Et qu’il n’y a pas une petite craque Qui fait qu’on s’ennuie De la crème à glace De la bière et du vin Des pommes et de la ciboulette Du café de la musique Et du goût des lèvres sur les lèvres Et des enfants
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jml
| Envoyé jeudi 25 novembre 2004 - 04h59: | |
Aux patenteux Les poètes qui ne niaisent pas Et les patenteux on t en commun Le goût de toucher la réalité Jusqu’aux caprices de la nature Et de la singer dans sa vie de vivant Et ainsi l’embrasser la « sainte réalité » Et la travailler Par en dedans comme par en dehors Et la décorer personnellement Et en ramasser les images Et les déshabiller Les érafler les gosser Et trimer et retrimer Pour faire des beautés Les poètes qui ne niaisent pas Et les patenteux ont en commun De chérir les cossins du réel De respecter toutes les bébelles qui règnent Joyeusement au milieu des choses Sans avoir peur de ce qui est toujours Dans le genre d’un commencement De quelque chose et picoteux Et débrouilleur s’imaginer soi-même Et tirer les choses de sa tête En explorer le bric-à-brac Pour fricotant Jonglant calculant figurant Amancher Se fabriquer Soi-même un oiseau assez spécial Avec plus d’imagination que d’outils Le contraire d’ailleurs assez triste Beaucoup d’outils et peu d’imagination Emprisonne le vivant Et lui cache Ce que la vieille personne nomme Les jouets de Dieu Que sont les colombes Le soleil la lune les arbres Toutes choses qui donnent De ne jamais être sans connaissance Sauf la nuit quand on dort Et encore
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