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jml
| Envoyé vendredi 26 novembre 2004 - 04h43: | |
GÉRARD LE GOUIC (Bretagne) Né en 1936 à Rédéné. Il a passé son enfance entre la Bretagne et Paris où il eut pour professeur Maurice Fombeure. Il a travaillé une dizaine d’années en Afrique équatoriale avant de retourner vivre et écrire près de Quimper où il tient un commerce de faïences et dirige ses éditions, Telen Arvor. Il a publié entre autres : Poèmes de mon vivant, Telen Arvor L’Ossuaire de sable, Telen Arvor Poème de l’île et du sel, Telen Arvor Géographie du fleuve, Telen Arvor Les bateaux en bouteilles, Telen Arvor Fermé pour cause de poésie, Écrits des Forges Hasards de mer, Écrits des Forges et Le Temps des Cerises Le Marcheur de rêve, Écrits des Forges et le Dé Bleu La poésie s’exerce Tel un petit métier d’antan Qu’on apprenait sur place Au jour le jour de la vie. La poésie passe comme le vitrier, L’affûteur de couteaux, On l’écoute de loin, On l’oublie aussitôt, Mais quand on souffre d’une absence, Quand on perd toute raison d’aimer, Vers elle on s’incline, Devant elle on s’efface Comme au passage d’un enfant sans fortune Né de prince inconnu. * Chemin faisant Le temps s’en va De son pas de silence Que le nôtre rejoint. Nous nous accompagnons sans fin Comme des buveurs de rencontre Inséparables soudain, Si bien qu’on ne reconnaît plus Dans ces aller-retour La barrière de notre jardin Déformée par les haltes amicales. Ce qui nous apparaissait, Entre les arbres de nos certitudes, Comme d’incandescentes fenêtres Ouvertes sur l’amour Nous offre des peintures murales Que le temps écaille, Qu’un simple regard vieillit. * On finit par habiter Les mansardes des jours, Puis plus tard Quand ne tournent plus au-dessus de nous Que les salles communes du ciel, On s’installe dans le grenier de soi-même. Le bureau, la bibliothèque, On les conçoit pour que rien Ne favorise le sommeil, ni le travail, Mais les échanges de regards avec les meubles, Mais la lecture des manuscrits de la pluie, Les chuchotements d’église avec le vent. * Comme aux enfants Les lieux sans grâce Nous sont les plus chers. Une faim de poésie Nous intercepte Parce que les lieux sans bonheur La contiennent toute. Leur anonymat, Quand la beauté décline Sans manières son identité, Nous protège des empreintes des autres, Des rechutes en nous-mêmes, Nous étreint d’un désespoir Délicieusement lancinant. * Des pans de futaies, Des pointillés de clôture Descendent le grand escalier de la brume, Étonnés par leur propre apparition Telles des bêtes perdues en plaine Qui fuient la fumée de leurs naseaux… Voici l’heure des retours en arrière Vers les aubes lasses de l’enfance, Légères comme un thé à la cannelle, L’heure des rêveries Sur les marches usées d’un poème inhabitable Comme les chambres humides d’un château Où s’interroge notre histoire. * (inédits en recueil)
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