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ali
Envoyé jeudi 20 janvier 2005 - 01h55:   

Les chants et contes de Mririda, jeune hétaïre berbère, ont été recueillis en 1927 par un instituteur français René EULOGE et publié dans un ouvrage intitulé "Les Chants de la Tassaout - Mriridi Naït Attik" paru à Casablanca en octobre 1986.( asays.com )




Mririda

On m'a surnommée Mririda, Mririda,
Mririda, l'agile rainette des prés...
Je n'ai pas, je n'ai pas ses yeux d'or
Je n'ai pas, je n'ai pas sa blanche gorge,
Je n'ai pas, je n'ai pas sa verte tunique.

Mais ce que j'ai comme elle, Mririda,
Ce sont mes zerarit, mes zerarit
Qui volent jusqu'aux bergeries,
Ce sont mes zerarit, mes zerarit
Dont on parle dans toute la vallée
Et de l'autre côté des montagnes,
Mes zerarit qui émerveillent et font envie...

Car dès mes premiers pas parmi les champs,
J'ai pris doucement les rainettes agiles,
Craintives et frissonnantes dans mes mains,
Et j'ai pressé longtemps leur gorge blanche
Sur mes lèvres d'enfant et puis de jeune fille.

Ainsi m'ont-elles transmis la vertu merveilleuse
De cette baraka qui leur donne un chant,
Un chant si clair, si vibrant et si pur
Par les nuits d'été baignées de lune,
Un chant pareil à celui du cristal,
Pareil au bruit clair de l'enclume
Dans l'air plus sonore qui précède la pluie...

Et grâce au don que m'a fait Mririda
On me nomme: ... Mririda, Mririda...
Celui qui me prendra pourra sentir
Dans sa main, dans sa main battre mon coeur,
Comme souvent sous mes doigts j'ai senti
Battre le coeur affolé des rainettes...

Dans les nuits baignées de lune,
Il m'appellera Mririda, Mririda,
Le doux sobriquet qui m'est cher.
Pour lui je lancerai mes zerarit aiguës,
Mes zerarit stridentes, prolongées,
Qu'admirent les hommes et jalousent les femmes,
Et telles que jamais n'en connut la vallée...
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La fibule

« Grand-mère ! Grand-mère ! depuis qu’il est parti,
Je ne songe qu’à lui et je le vois partout…
Il m’a donné une belle fibule d’argent,
Et lorsque j’ajuste mon haïk sur mes épaules,
Lorsque j’agrafe le pan sur mes seins,
Lorsque je l’enlève, le soir, pour dormir,
Ce n’est pas la fibule, mais c’est lui que je vois !
-Ma petite fille, jette la fibule et tu l’oublieras
Et du même coup tu oublieras tes tourments…
-…Grand-mère, depuis bien des jours, j’ai jeté la fibule,
Mais elle m’a profondément blessé la main.
Mes yeux ne peuvent se détacher de la rouge cicatrice,
Quand je lave, quand je file, quand je bois…
Et c’est encore vers lui que va ma pensée !
-Ma petite fille, puisse Dieu guérir ta peine !
La cicatrice n’est pas sur ta main, mais dans ton cœur »

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