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jml
| Envoyé mercredi 16 mars 2005 - 22h06: | |
ANDRÉ VELTER (France) Parler d’or À Claude Lucas Le zinc le cuivre l’étain Tant que vous voudrez La fonte le fer l’acier Tant que vous voudrez Le plomb l’alu le chrome Tant que vous voudrez Et même le nickel Toujours si impeccable L’antimoine si cassant Le baryum assoiffé Le césium comme un spectre Le cobalt qui hésite Entre l’aube et la bombe Le titane qu’on étend Le tantale qu’on titille Le tungstène le lithium Et même le manganèse Et même le molybdène Et sodium ou gomorrhe Ravagés par le feu Étouffés par le soufre Et même le zirconium Qui blanchit et s’encroûte Lentement sous la terre… Enfin le beau mercure Tant que vous voudrez En billes et en colonnes En vapeurs en poisons Voire dessous les miroirs, Mais remballer le bronze L’airain me fait tiquer Avec sa vieille loi Et ses foutues trompettes, Mais disperser les diams Piétiner le platine Et toute la quincaillerie Pour marquises à cinq heures Matrones à faux culs Fiancées poitrinaires Jeunes gens sous tous rapports Ou mandataires aux halles, Mais perdre perdre surtout La moindre révérence Le plus frêle désir De collier de gourmette De broche de clip de boucle De tocante et d’alliance, Laisser l’or aux gogos Laisser l’or au décor Aux fesses des angelots Au dôme des Invalides Aux dos des doryphores, Laisser l’or aux émois Des honnêtes esclaves Qui se carrent les carats D’une aura toute en frime, Laisser l’or à l’ordure Motus et monétaire Qui fait de l’or avec De la sueur de sang – La vie en dansant Gallimard ISBN 2-07-075763-3
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