Guy Goffette - Un peu d'or dans la bo... Log Out | Thèmes | Recherche
Modérateurs | Fiche Personnelle

66 zone franche - Le forum de Francopolis » Poésie du monde » Guy Goffette - Un peu d'or dans la boue « précédent Suivant »

Auteur Message
Top of pagePrevious messageNext messageBottom of page Link to this message

Juliette
Envoyé lundi 18 avril 2005 - 14h56:   


Un peu d'or dans la boue

I
Je me disais aussi : vivre est autre chose
que cet oubli du temps qui passe et des ravages
de l'amour, et de l'usure - ce que nous faisons
du matin à la nuit : fendre la mer,

fendre le ciel, la terre, tout à tour oiseau,
poisson, tauoe, enfin : jouant à brasser l'air,
l'eau, les fruits, la poussière ; agissant comme,
brûlant pour, marchant vers, récoltant

quoi ? le ver dans la pomme, le vent dans les blés
puisque tout retombe toujours, puisque tout
recommence et rien n'est jamais pareil
à ce qui fut, ni pire ni meilleur,

qui ne cesse de répéter : vivre est autre chose.

II
Le temps qu'on se lève vraiment, qu'on se dise
oui de la pointe des pieds jusqu'au sommet
du crâne, oui à ce jour neuf jeté
dans la corbeille du temps, il pleut.

Ô l'exacte photographie de l'âme, ces deux mots
qui nous rentrent les yeux comme les ongles
dans la chair : il pleut. Le sang de l'herbe
est vert insupportablement et c'est en nous

qu'il pleut, en nous qu'une digue rompue
voit s'effondrer peu à peu, derrière la vitre
et parmi les voilures, avec des pans de vieux
regrets, d'attentes fatiguées,

les raisons de partir et d'habiller le froid.

III
Encore, si le feu marchait mal, si la lampe
filait un miel amer, pourrais-tu dire : j'ai froid,
et voler le coeur du noyer chauve, celui
du cheval de labour qui n'a plus où aller

et qui va d'un bord à l'autre de la pluie
comme toi dans la maison, ouvrant un livre,
des portes, les repoussant : terre brûlée, ville
ouverte où la faim s'étale et crie

comme ces grappes de fruits rouges sur la table,
vie étrange, inaccessible, présent
à celui qui n sait plus désormais
que piétiner dans le même sillon

la noire et lourde argile des fatigues.

Guy Goffette
poème cueilli dans "La vie promise" précédée d'"Eloge pour une cusine
de province"
éditions poésie/gallimard

pour lire sa biographie et sa bibliographie je vous conseille le site
de Lire.fr (où vous trouverez aussi quelques entretiens)
http://www.lire.fr/xp_recherche.asp#

découvrez dans "L'âme de fond" "Dites que la nuit reste ouverte" ce
beau poème (faisant partie du recueil "Don de simple vue" où en
prélude, des passages de "la pleurante des rues de prague" de Sylvie
Germain sont déposés) de Florence Noël inspirée par "Un peu d'or dans
la boue" avec une création de Florence Dervily
http://users.skynet.be/amedefond/don/nuit.htm"

et ces deux articles autour de Guy Goffette
sur le site "esprits nomades"
http://www.espritsnomades.com/sitelitterature/goffetteguy.html

et sur le site de jean michel maulpoix
http://www.maulpoix.net/goffette.html

belle journée

mon blog Les reflets de clochelune
http://spaces.msn.com/members/clochelune/


Le postage de nouveaux messages est actuellement désactivé dans cette catégorie. Contactez votre modérateur pour plus d'informations.

Thèmes | Depuis hier | La semaine dernière | Vue d'ensemble | Recherche | Aide - Guide | Crédits programme Administration