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Juliette
Envoyé jeudi 03 mars 2005 - 17h19:   

Cathy Garcia que nombre d'entre vous connaissent de par sa revue "nouveaux délits" vient d'éditer un recueil à compte d'auteur "Jardin du causse" (un long poème reprenant le rythme des mois des saisons)
Je recopie ci-dessous la présentation de son recueil que l'on peut voir sur son site avec un extrait du poème
http://monsite.wanadoo.fr/delitdepoesie
en lui souhaitant bon vent, bonnes récoltes.

***
JARDIN DU CAUSSE vient de paraître (éditions à tire d'ailes), poème de 50 pages écrit de février à novembre 2004, imprimé sur papier recyclé (auto-édition), avec de superbes illustrations originales de Joaquim Hock, illustrateur attitré de la revue Nouveaux Délits.
Vous pouvez vous procurer jardin du causse en le commandant par mail : delit2poesie@wanadoo.fr

PREFACE

Un long poème sur un cycle de l’existence, le déroulement des saisons en parallèle avec le mouvement intérieur des saisons d’une femme et sa richesse de vivre.
En écrivant Jardin du Causse, Cathy Garcia franchit un seuil, une étape importante. Elle sait que dans une vie, plusieurs jardins sont cultivés et aimés. Tous comptent, sont essentiels. Avant de quitter celui-ci, elle note précieusement chaque éclat au fil des jours, patiemment et jusqu’à l’infiniment petit, sachant que ce sont les petites choses qui comptent et que le temps humain est court, la mémoire sélective ou incertaine. Elle écrit des moucherons au soleil car elle possède la connaissance de leur participation à la beauté de l’infime.
Ce beau poème apporte énergie et enthousiasme à celui qui le découvre. Cathy montre - comme il est écrit dans le dictionnaire des symboles (Robert Laffont 1982) - que « le jardin est le lieu de la croissance, de la culture des phénomènes vitaux et intérieurs ».

jardin du Causse
l’enfant
progresse
sans cesse
apprend
à marcher
tourne
autour de la mère

Elle connaît le nom des plantes. La lisant, l’herboriste trouvera son bonheur. Mais également, elle sait retranscrire la magie naturelle du règne végétal et des éléments. Dans le Jardin du Causse on croise la féerie d’un concombre à carapace de dragon, une fée lutine, des fleurs ailées qui enchantent le ciel... le brouillard sorcier, une demi-noix vide devenue berceau de fée, une princesse… tombée de son dragon, et des recettes guérisseuses :

fleurs d’hysope
violet vif
poignée de sarriette
poignée de thym
en tisane du matin
effarouchent le rhume

Une lecture régénératrice et harmonique, reliant la chorale des arbres, à

la fille
une pierre
dans chaque main
retrace les origines

Enfin dans le poème, lieu et temps jumeaux se lisent à rebours, au fil des mois. Cheminant dans ses vers, nous vient le sentiment d’un poème juste et clair, accordé comme une note de musique peut l’être, et la sensation que rien ne se perd puisque tout se transforme, chaque chose – si infime soit-elle – étant écrite et illustrée dans le Jardin du Causse, de Cathy Garcia.

Mireille Disdero
décembre 2004 (dans le jardin de La Barben en Provence).


FÉVRIER


I

jardin du causse
soleil juvénile
la nature
perce l’ombre froide
plantée
au beau milieu je démêle
mes longs cheveux
passe un avion
vitesse méga V
agressif
militaire
un instantané
couleur cauchemar
à faire évanouir
les cloches midi sonnantes
au loin en écho
percussions sourdes
encore l’armée
camp de Caylus

jardin du causse
paisible
vraiment ?

II

jardin du causse
premières fleurs
la véronique
en robe bleue
si menue
si fragile
l’enfant
sa première fleur
entre les doigts
un pissenlit
astre charnu
jouissive découverte
arracher les pétales
désir de goûter
porter le soleil
à sa bouche
l’interdiction maternelle
provoque un sursaut
brise le tête à tête
concentré
enfant nature

jardin du causse
oiseau soliste
aboiements entêtés
ronron de tracteur
mélodie
d’un monde
en paix
cloche
coup solo
la demie
chipotis de mésange
interroge l’enfant
qui répond
par des bisous
applaudit
des deux mains
jacasserie de pie
techno champêtre
l’enfant écoute
la mère nomme
offre un sens


III

jardin du causse
étincelles d’herbe
ciel bleu nu
bout de bois
brindille
feuille
caillou
graines
trésors à foison
richesse de vivre
l’enfant
près de ses mères
ne connaît pas
l’ennui
prend à l’une
pour donner à l’autre
dépose un pétale
dans mes cheveux
arrache un cheveu
le mêle à l’herbe
chaque geste
précieux
terre prodigue
mère comblée
enfant reine
en son royaume
noblesse innée
de l’âme

jardin du causse
en son sein
offrir le sein
nourrir l’enfant
harmonie
plénitude

jardin du causse
calcaire
ossature effritée
une pierre
grosse
entre les doigts
petits
une branche
cachée dans l’herbe
dressée cornue
étrange
l’enfant l’observe
inquiète
s’approche
la branche bouge
l’enfant prend peur
se précipite en pleurs
dans les bras de sa mère
qui rit aux éclats
prend le bois
et le rompt
en petits morceaux
la toute puissance
maternelle
l’enfant rassurée
surmonte sa crainte
prend et frotte
le bois sur la pierre
nul besoin de jouets
l’essentiel est là
l’enfant ramasse
une longue feuille
poireau sauvage
la confronte à la pierre
offre le tout à sa mère

jardin du causse
l’enfant ôte
son chapeau
veut sentir l’air
sur sa tête
mais la mère
ignorante
éternelle
soucieuse
lui remet aussitôt
le soleil jeune
cogne de biais
sans penser à mal

jardin du causse
très haut
passe un avion
la mère se souvient
voyages
une autre vie
elle sourit
regard tendre
l’enfant persiste
à ôter
son chapeau
l’enfant qui se dresse
étudie la verticalité
cherche l’équilibre
entre mère et avion

jardin du causse
le jour gagne
en maturité
éclat de coq
chahut bêlements
retour au bercail
des moutons
je sais
des agneaux
nouveaux-nés


IV

jardin du causse
notes
rondes et souples
des tourterelles
matin mûrissant
tracteur au labeur
pépites d’oiseaux
soleil
chaque jour plus
téméraire
linge à sécher
dehors
premier de l’année
les chiens du voisinage
échangent
les nouvelles
les arbres nus
dorent leurs branches
le fil d’araignée
joue à cache-cache
avec la brise
passe papillon brun
premier aussi
tout est neuf
au regard qui s’éveille
est-ce une linotte
qui rode devant le seuil
à l’affût du blé
que j’y ai lancé ?
nourrir les oiseaux
nourrir
son âme


V

jardin du causse
s’étendre
les yeux agrandis
embrassant le ciel
aujourd’hui
bleu lacté
une merlette
dans le lierre
espionne
la mère et l’enfant
bouts de bois
les mettre en ligne
alphabet des signes
arbres
leur calligraphie
s’orne
d’imperceptibles
rondeurs
en silence
les timides
bourgeons
crèvent l’écorce

jardin du causse
coquille brisée
vestibule
palais rose
miniature de nacre
au centre colonne
de colimaçon
passe un cherche-midi
première rencontre
enfant insecte
l’enfant
envoie un bisou
le cherche-midi
poursuit sa quête
la mère offre
trois coquilles
deux d’escargot
une demi-noix vide
berceau de fée
l’enfant toujours
veut porter le monde
à sa bouche
connaître
c’est manger
pies chiens
tourterelles
concerto
et ma belle enfant
évidence de vie
danse danse
dans sa paume
agite les coquilles
musique !

VI

jardin du causse
si mignon
rouge-gorge
lancer le blé
devant la porte
soleil timide
nuages voguant
la linotte est un pinson
pinson des arbres
tout une bande
casques gris bleuté
joues et poitrines
rosées
picorent en chœur
les ailes
barrées de blanc
festin de blé


VII

jardin du causse
journée fraîche
malgré le bleu
soleil
avion passe
sans bruit
sans sillage
l’enfant retrouve
ses coquilles
un autre avion
vient du nord
trace d’écume fine
à fleur de ciel
faire face
à l’astre du jour
sa bonne chaleur
regard sur le potager
feuillage pendouillant
soucis que le gel
n’a pas brûlé
vigoureux buissons
verte sauge
squelettes noircis
d’échinacée
à leur pied
petit figuier
de barbarie
racines enfouies
en terre lotoise
a triomphé
de l’hiver
thym
lavande
encore en sommeil
l’hysope
invisible

jardin du causse
tout en haut
la serre
abrite un air
de méditerranée
palmier
yucca
figuiers barbares
quelques cactées
et le cyprès
l’arbre de l’enfant
planté racines
dans placenta
ils grandiront ensemble
chacun élancé
vers sa part de ciel
d’espace
sa part de rêve
dans la serre encore
l’absinthe tarnaise
émigrée sur le causse
un brin d’amertume ?
potager somnolent…
y aura t-il cette année
semis ?
récoltes ?

jardin du causse
l’œil attentif
surprend une
deux trois quatre
fleurs étoilées
sur les pruniers
étonnés
sans doute
de leur propre audace
bien des bourgeons
ont revêtu leur robe
de lait
précoce

jardin du causse
la mère frissonne
l’enfant éternue
l’air est encore
d’hiver
mais le soleil
est charmeur
l’enfant se cache
derrière sa mère
les polypodes vulgaires
rampent sur la crête
des murets de pierres
ce sont des fougères
pas si vulgaires
puisque dotés
de vertus curatives
encore faut-il
qu’on s’en souvienne…
se partagent les lieux
avec la sphaigne
tapis moussu doré
la mère
offre une touffe
à l’enfant
qui l’émiette
avec joie
l’enfant marquée
du troisième œil
coup de crayon
accidentel…

jardin du causse
la vieille ronce
s’empourpre
dans l’herbe jaunie
la ficaire
jadis employée
contre le scorbut
bouquet de feuilles
rondes vernies

jardin du causse
poireaux sauvages
vert bleuté
en touffes échevelées
fruits noirs
étincelants
pendus
en grappes lourdes
au bras du lierre
grimpant

jardin du causse
le cerisier dégaine
ses bourgeons effilés
laqués
de rouge sombre
un vieux chien
bougonne
quatre coups
frappent
les cloches
danse
des moucherons au soleil
beauté de l’infime


VIII

jardin du causse
l’enfant
progresse
sans cesse
apprend
à marcher
tourne
autour de la mère
une tourterelle
l’encourage
bavardages de chiens
tracteur au champ
douceur du quotidien
quand le soleil
s’en mêle

jardin du causse
euphorbe
plantain
potentille rampante
la mère joue
les botanistes
la fille
une pierre
dans chaque main
retrace les origines
l’enfant
naturellement
primitive
graine de chaman
pas encore corrompu
par la modernité
vol souple
de la pie
yin et yang
quatre coups
au clocher
l’enfant tète
trois pies
volent vers l’est
une s’en retourne
par dessus les têtes
repasse encore
la même ?
avec trois autres
où vont-elles ?
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Cat
Envoyé jeudi 10 mars 2005 - 22h14:   

merci Juliette pour la pub ;-) j'espère que ce jardin va te plaire
juste une précision, me suis trompée sur le nombre de pages et pas qu'un peu, il y en a 112 en fait...
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Juliette
Envoyé samedi 12 mars 2005 - 11h48:   

effectivement pour le nombre ;-)
mais heureusement !
je l'ai bien reçu, tout juste hier (j'espère que mon chèque est arrivé à bon port)
ça me semble très prometteur et j'adore les illustrations
c'est d'après ce que j'ai compris l'illustrateur de la revue "nouveaux délits"
si tu veux parler de cet illustrateur te prive pas ;-)
poéticamitiés
juliette

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