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Noel chaque jour
Envoyé dimanche 08 février 2004 - 22h09:   

Ne me pincez
pas,
laissez-moi
rêver.



L’irréalisme à regarder bouche bée.



A déconseiller vivement aux personnes insensibles




( Noir absolu, le rideau reste fermé, en fond sonore le bruit du vent dans les arbres et un son régulier de castagnettes.)

- Le conteur (voix solennelle ) :

- TRIFOULLY LES OIES 0h55.

Par une profonde nuit sans lune où rien ne pousse à être rassuré, une jeune fille est là. Elle attend.

Ce mystérieux personnage de la vie nocturne n’est autre qu’une auto-stoppeuse.

Transie de tous ses membres, le froid impose sur sa mâchoire un air de castagnettes.

(Quatre secondes de silence - hououlement )

C’était l’angoisse. Soudain au loin (bruit de moteur lointain), se fit entendre le son de l’espoir, l’image de la civilisation, de la vie : un bruit de moteur.

( D'une seule traite)

Tout excitée à l’idée de revoir une personne vivante pouvant la conduire vers sa destination, l’auto-stoppeuse s’apprêta instamment à adopter la position type des aventurière de bords de routes accompagnatrices de trajets rendant sa silhouette reconnaissable d’entre mille sur tous les accotements de France et de Navarre.

Les pieds en angle droit, un pour faire face, l’autre pour repartir, le bras au vent, le pouce implorant grâce.

Le dénouement s’approchait de seconde en seconde.


(Quatre secondes de silence - hououlement)

C’était l’angoisse.

(Le bruit d’un bolide s’amplifie, deux phares apparaissent )

- L’homme : Bonsoir, vous allez loin ?

- Elle : Là où l’électricité existe.

- Alors montez, j’y vais aussi.

- C’est que l’endroit n’est pas des plus accueillant.

- Je comprends, (Quatre secondes - hououlement) c’est l’angoisse !

- Que dois-je faire de mes affaires ?

- Les mettre sous le siège, c’est un coupé sport, il n’y a pas de place a l’arrière.

(Bruit de portière)

- Vous permettez que je m’endorme, je suis épuisée.

- Bien sûr, faîtes, à demain matin, bonne nuit.

- Merci beaucoup, vous aussi, ainsi qu’une bonne route.

( Le rideau se lève, la lumière s’allume. Les deux personnages sont assis dans deux caddies de supermarché accoudés. Deux ceintures de sécurité, un pare-chocs, quatre roues, un volant et deux phares équipent le véhicule, attachés par du fil de fer.)

- ( Bâillement ) Bonjour.

- Bonjour, bien dormi ?

- Oui, mais j’ai les reins un peu en compote.

- Ah ! C’est normal un coupé sport c’est conçu avant tout pour la vitesse, le confort est secondaire.

- C’est une décapotable, je vois. (constatant)

- Oui, c’est plus agréable l’été.

- C’est quoi comme marque ?

- Une carrefour dernier modèle, j’en suis très fier.

- Une voiture d’un tel standing , vous ne pouvez pas la garer n’importe où ?

- Aucun problème, je l’ai équipé d’un système d’alarme révolutionnaire et inviolable (il se tourne et secoue le système à jetons sur la poignée du caddy).

- Pour les commissions cela ne doit pas être pratique ?

- En effet, il y a tout juste de la place pour les passagers. Toujours est-il qu’une voiture de cette classe est destinée aux émotions fortes et pas pour faire les emplettes du week-end, sinon tant qu’a faire j’aurais acheté un caddy.

- Bien sûr. Mais au fait vous ne dormez jamais vous?

- Jamais chère. je viens de réaliser que vous êtes une jeune fille charmante , on peut dire que nous venons de passer la nuit ensemble et je ne connais même pas votre prénom , c’est un comble non ?

- Si vous voulez, je me prénomme Cyrielle !

- Charmé et enchanté chère Cyrielle, mais au fait où en étais-je ?

- Je vous demandais s’il vous arrivait de dormir.

- Voilà, je n’y étais plus, j’allais vous répondre que pour moi ces heures d’inconscience vont à l’envers de mon but.

- Quel est donc ce but ?

- De courir incessamment après le temps afin de le rattraper.

- Mais comment vous y prenez - vous ?

-C’est simple, je roule à une vitesse moyenne de 90 km/heure, le temps ne s’arrête jamais bien sûr, mais moi je le poursuis afin de le ralentir. Je tourne autour du globe à son encontre pour me rajeunir le plus possible.

- Mais nous vieillissant tous de secondes en secondes !

- Bien sur, mais comme mon action va à l’inverse de la nature, je vieillis moins, je stationne, du moins je freine l’action du temps.

- Mais il sera toujours plus rapide que vous !

- Sans doute, mais plus tard avec le progrès il ne m’est pas interdit de penser que mes rêves se réaliseront. Alors que les gens de mon age auront déjà un pied dans la tombe, moi j’aurais encore l’âme d’un jeune homme pour profiter enfin des avancées de la science.

- Votre histoire est impossible !

- A cœur vaillant rien d’impossible, vouloir c’est pouvoir !

- Vous vous reposez de temps en temps quand même ?

- Oui, quelques heures par jour. Puisque, qui dort dîne, j’en profite pour me ravitailler.

- Mais de quoi vivez-vous ?

- De ma course contre le temps. Comme le temps c’est de l’argent, je
n’en perds jamais et je cours toujours derrière. Donc fatalement j’en gagne énormément, c’est logique n’est-ce pas ?

- En effet oui !

- Je pense au jour où j’aurai acquis l’expérience des années, la force du vécu tout en ayant les capacités et l’énergie de jeunes muscles. Le monde du logique est truffé de préconçues. Un homme sage et raisonnable ne saura dire avec fatalité, si jeunesse savait, si vieillesse pouvait, ce qui le rendra malheureux et aigri. Jeune il appréhendera le futur, vieux, il regrettera tout ce qu’il a raté tandis que redoublera en lui l’angoisse de sa proche fin.

- Mais que faut-il faire alors ?

- Ne jamais te laisser ronger par le temps, celui qui est vieux est celui qui s’est laissé vieillir...

- C’est tout ?

- Non, il te faudra aussi ne jamais être raisonnable, la raison est écrasante la logique est accablante. Sache te démarquer de tous ces gens qui ne vivent que pour les résultats et ne pensent qu’a écraser leur voisin. Tiens-toi à l’écart de tout cela, Cyrielle, réfugie-toi dans un monde de fantaisie et de rêve. Pour l’homme sans rêve, le temps passe, le temps lasse. Pour le fou rêveur chaque seconde qui passe l’émerveille.. L’homme de raison sentira sur lui le poids des années, son dos se courbera, sa face regardera terre. Le fou rêveur, lui, s’élèvera du lot. Son œil léger saura voir le dessus des nuages. Il sera là, présent au milieu de leurs visages abîmés par la banalité du quotidien, ils le remarqueront, ils deviendront jaloux, ils deviendront méchants, ils le condamneront et le rejetteront, le traitant de fou parce qu’il pas comme eux et seulement parce qu’il n’est pas comme eux. Dans ces moments là, il sera dans son monde, ils ne seront présents qu’artificiellement. Leurs propos corrosifs n’auront aucune importance a son égard puisque lui seul aura le don d’être à la fois partout et ailleurs..

Sache que,
rien n’est plus fou que d’être trop sage ,
Rien n’est plus sage que d’être un peu fou.

- Vous êtes quelqu’un d’ irréel !

- Qui te dit que je suis quelqu’un du réel ? Donne-moi un élément prouvant que ce monde n’est pas un grand rêve de l’échelle d’un géant ? Que le jour de son réveil son illusion nocturne ne s’engouffrerait pas dans une autre réalité ? Qui ne te prouverait pas que ce monde ne serait pas une expérience microbienne d’un savant génial vivant dans une autre unité de temps où chacun de ses millimètres seraient équivalent à une de nos années lumières. Immagine bien le jour où ce savant lassé par son expérience microscopique videra sa découverte dans son lavabo pour involontairement nous faire tous périr dans un gigantesque trou noir qui ne serait en fait que la tuyauterie de ses égouts .

- En effet !

- D’ailleurs penses -tu sérieusement que tu es là ? Tu n’as pas trouvé bizarre ta présence à 0H55 à Trifoully les Oies pour faire du stop ? Que la seule voiture qui passe te prenne ? Qu’une jeune fille comme toi se trouve seule de nuit pour monter sans plus de méfiance dans mon véhicule ? Tu n’as pas trouvé étrange que tu m’entendes arriver dans un boucan d’enfer et qu’a partir de notre départ ensemble le bruit du moteur se tut ? Et surtout cela ne t’a pas choqué que deux caddies te transportent au delà de l’horizon ?

- C’est vrai, je ne m’étais pas posée ces questions.

- Tu veux que je te dise, tu es écrasée par la vie mais tu es rêveuse, tu as besoin de voir autre chose mais la rigueur des jours ne te laisse pas le temps d’imaginer. Tout ce que la vie t’empeche de voir à la lumière des jours ,tu le recherche dans l’ombre de tes nuits . Tu rêves d’insolite, de voyage, d’aventure ? Pourquoi sinon que tu es en manques de tout ces choses que la raison condamne ?
Cyrielle, écoute-moi bien, je fais parti d’un rêve. Tu vas me quitter dans un instant, celui où je vais me tourner vers toi pour te pincer.

- Mais pourquoi dois-je revenir à mes habitudes, je veux rester avec vous. Comprenez--moi, vous me parlez comme si vous me connaissiez depuis dix mille ans. Dans la vie, il est devenu impossible d’avoir des relations comme la notre. Ils se sont tous enfermés derrière des carapaces de méfiance, d’antipathie, de médisance. Laissez--moi avec vous, je vous en prie, ne me pincez pas.

- Il le faut, je suis désolé mais le jour se lève. Je préfère te dire au revoir poliment plutôt que l’on se sépare brusquement lors de la sonnerie de ton réveil.

- C’est inévitable ?

- C’est inévitable.

- Vous reverrais- je un jour ?

- C’est peu probable, si je revenais dans tes songes, tu me reconnaîtrais. Un rêve ne se guide pas, c’est lui qui décide.

- Que puis-je faire alors ?

- Soit simplement un peu plus légère. Une vision plus nuancée de tout tes tracas quotidiens, une attitude moins égocentrique t’ouvriront les yeux et le cœur sur ce qu’il y a de plus beau et de plus chaud. Tu auras la joie t’attirer à toi, tel un aimant, une foule de gens plus intéressants les uns que les autres. N’oublie pas mes paroles, Cyrielle, sache t’en servir.

- Merci.

- Je suis désolé mais il faut que tu partes.

- Si c’est inévitable ?

- C’est inévitable.

- Au revoir.

- Adieu.

( L’homme pince Cyrielle. Rideau.)


.............................

( Cyrielle se réveille dans son lit, bâillement. soupir . Elle vient ouvrir les rideaux de la scène, elle parait éblouie par la lumière de la salle et cours se recoucher dans ses draps douillets. )


- Bouh ! qu’il fait froid ! .... Et en plus il pleut ! .... Cela serait impensable ! .... Cela serait impensable d’avoir fait un tel rêve et de partir travailler tous les jours comme si de rien n’était... Il faudrait que je trouve une solution... (elle bondit du lit ) Je vais téléphoner pour prétexter une maladie. (L’amplificateur du téléphone fonctionne. Elle compose le numéro....... ) Allô , bonjour pourrais-je parler au patron s’il vous plait ?

- C’est lui-même.

- Pardon, c’est vous patron, mais que faites-vous donc au standard ?

- Cyrielle, c’est la catastrophe ! Personne n’est venu travailler. Ils appellent tous un après l’autre, tous malades , c’est une vraie mutinerie, je ne sais plus quoi faire.

- Tous malades !

- Oui, une crise de foie soi-disant. Enfin, heureusement que vous, vous n’êtes pas êtes pas comme toute cette bande de syndicalistes qui ne savent pas respirer sans revendiquer. Mais au fait chère Cyrielle, quelle est la raison de votre appel ?

- Ben... heu ! voila cher patron je ne sais pas ce qu’il m’arrive mais moi aussi je suis patraque , je suis désolé , je ne pourrais sans doute pas venir aujourd’hui .

- Quoi vous aussi ? vous prêtez main forte a cette bande de pirates, d’anarchistes, de fumistes, de bons à rien. Ce n’est pas possible,, pas vous ? la seule personne n’étant pas syndiquée de la maison..

- Je vous en prie, cher patron, calmez - vous. Je pense que cela doit être dû à une contamination des eaux, un virus ou quelque chose du même genre. Dites -vous bien,, cher patron, que pour ma part il n’y a pas de quoi s’en faire une seconde. Je tiens plus que tout a ma place et je reviendrais dés que je serais rétablie.

- Vous m’avez un peu réconforté. Vous me voyez désespéré. Et comme si cela ne suffisait pas, je n’ai pas fermé l’œil de la nuit, j’ai été la victime d’un invraisemblable cauchemar.

- Ah !

- Oui mais n’en parlons plus, a très bientôt Cyrielle, remettez - vous bien d’aplomb.

- Je vais tacher, veuillez encore m’excuser de ce contretemps, au revoir. ( Fin de la conversation)... Tout le monde malade ! .... Bon ce n’est pas tout, allons nous promener dehors ! .... ( Cyrielle se lève et vient fermer les rideaux ).


( à vous de me dire si vous aimez , si vous voulez m'encourager à vous devoilez la suite :-)))))) , j'vous embrasse ) .

























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Hélène
Envoyé dimanche 08 février 2004 - 23h00:   

Ah Noël tu as trouvé le chemin ? tu es venu en Caddie ? Géant j'espère !!
Tu m'as fait rire tu as raison de venir nous voir
et tu sais pas la dernière ?
j'ai une petite fille de 14 ans qui s'appelle Cyrielle!!
je te jure !

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